Avis ciné : La conquête

akialam 2 Juin 2011 …

De Xavier Durringer

6 mai 2007, second tour de l'élection présidentielle. Alors que les Français s'apprêtent à élire leur nouveau Président, Nicolas Sarkozy, sûr de sa victoire, reste cloîtré chez lui, en peignoir, sombre et abattu. Toute la journée, il cherche à joindre Cécilia qui le fuit. Les cinq années qui viennent de s'écouler défilent: elles racontent l'irrésistible ascension de Sarkozy, semée de coups tordus, de coups de gueule et d'affrontements en coulisse. La conquête : L'histoire d'un homme qui gagne le pouvoir et perd sa femme.

Je connaissais déjà la "patte" de Durringer dramaturge, avec ses textes incisifs à l'humour cinglant. Appliqué au monde politique, cette "patte" est tout simplement réjouissante. Les répliques mordantes qui fusent, les petites phrases assassines, le tout assorti d'un politiquement incorrect du plus bel effet.

Les comédiens, quant à eux, n'ont pas été trop grimés et parviennent par leur talent, leur étude de la gestuelle et des intonations, à faire oublier qu'ils ne sont pas vraiment de sosies des hommes politiques représentés. S'ils sont tous épatants, ma préférence va tout de même à Podalydès, bien sûr, mais également à Samuel Labarthe qui campe un Villepin vraiment retors.

Au final, un film politique mordant, pas vraiment à charge ou à décharge comme je le craignais, et c'est tant mieux. Engagé davantage pour dénoncer les intrigues de pouvoir que les hommes politiques en place, Durringer fait ici, je crois, le bon choix. Au lieu de s'acharner de façon trop caricaturale et systématique sur ses personnages, il en montre les ambitions, les calculs, les faiblesses et les dérapages. Du coup, il atteint, je crois une forme de réalisme, évitant le rejet "primaire" qu'un propos chargé à l'excès aurait à coup sûr entraîné. Car honnêtement, qui croit encore en France que les coulisses du pouvoir sont autrement que ce qui est montré là ? Il y a sans doute encore quelques idéalistes, mais j'ai bien peur qu'ils ne soient pas majoritaires.

Bref, qu'on soit de droite ou de gauche, favorable à Sarkozy ou non, on peut apprécier ce film pour sa part d'humanisme et sa part de venin réjouissant, qui fait joyeusement écho à la xyloglossie (comprendre langue de bois) dont usent et abusent les hommes politiques de tout bord.

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 4/5