De Delphine de Vigan 

aux éditions du livre de poche

Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Au cœur d'une ville sans cesse en mouvement, ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions.

Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser.

Un jour de mai. 

 

 

Avez-vous déjà ressenti cet état de lassitude mêlée de colère qui peut vous étreindre lorsque votre travail n'a plus de sens? Ce moment où tout vous semble hostile, où se lever le matin devient une véritable épreuve, et où rentrer le soir n'apporte qu'un faible soulagement face à l'angoisse de devoir y retourner encore ? 

Face à cet état qui peut recouvrir des situations personnelles et collectives très différentes, le mal-être est le même. Il y a ceux qui y vont "à la volonté" : "je vais m'adapter", "je vais leur montrer" "je peux le faire", et ceux qui se raccrochent au présent, tâche après tâche, pour éviter de penser à l'après. 

Dans Les Heures souterraines, chacun des deux personnages principaux adopte une stratégie d'adaptation différente. Ils sont intelligent, volontaires, et refusent d'abandonner. Pourtant, l'incompréhension, la rage, la tristesse, l'épuisement finissent peu à peu par les grignoter. 

Dans ce sixième roman, Delphine de Vigan nous dresse un portrait à la fois triste et sensible de deux personnages prisonniers de leur travail. Qui a déjà connu ou approché le syndrome d'épuisement professionnel (côté burn-out ou côté bore-out) reconnaîtra sans coup férir ce mélange de honte, d'épuisement et d'effritement de la confiance en soi contre lequel il est si difficile de lutter.

Pour les lecteurs qui ne connaissent pas ce mal moderne, le roman présente une vue "de l'intérieur" d'une situation a priori sans gravité, qui devient, pour celui ou celle qui la vit un cauchemar éveillé. 

Je dois avouer que ce livre m'a touché bien plus que d'autres lecteurs avec lesquels j'en ai discuté : il a réveillé en mois des mauvais souvenirs et angoisses d'il y a quelques années, quand, dans un état similaire, j'avais l'impression que je ne pourrai jamais sortir de là où j'étais. J'avais simplement envie de dire aux personnages que ça irait mieux, un jour, que ça leur semblait impossible pour le moment, mais qu'il fallait juste en garder la certitude. 

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 4/5

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Ce jour-là, à la fin du mois de septembre, en l'espace de dix minutes, quelque chose avait basculé. Dans l'organisation précise et performante qui régissait leurs rapports, quelque chose s'était immiscé qu'elle n'avait ni vu ni entendu. Cela avait commencé le soir-même, quand Jacques s'était étonné à voix haute, devant plusieurs personnes, de la voir partir à dix-huit heures trente, feignant d'oublier les nombreuses soirées qu'elle avait sacrifiées à l'entreprise pour préparer ses présentation Groupe et les heures passées chez elle à terminer des rapports.
Ainsi s'était enclenchée une autre mécanique, silencieuse et inflexible, qui n'aurait de cesse de la faire plier.

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