D'Emmanuel Jaffelin

Aux éditions J'ai lu 

La mode est au cynisme. Il est mal vu d'être gentil. Dois-je pour autant m'incliner devant le regard qui ravale la gentillesse au rang de faiblesse ?" Dans cet essai, Emmanuel Jaffelin montre que la gentillesse n'a pas dit son dernier mot et qu'elle est une vertu d'avenir. Source d'une morale vivifiante, elle prend le relais de celles fondées sur le devoir. Sa révolution douce renferme une promesse : celle de réconcilier les vieilles civilisations de l'honneur avec notre société du bonheur. 

 

La gentillesse - celle qui vient du coeur, et non du sentiment de culpabilité, est selon moi, l'une des qualités les plus sous-estimées. Du moins, elle est une de celles qui rendent la vie un peu meilleure : sans tapage, elle se déploie au quotidien, une petite action à la fois. 

C'est un inconnu qui vous aide à porter une valise un peu trop lourde dans le métro, une voisine qui vous demande si vous avez besoin de quelque chose un jour où elle vous sait malade, une collègue qui partage une pâtisserie avec vous parce qu'elle s'est rappelée que c'est votre préférée. De toutes petites choses, quasi insignifiantes, mais qui peuvent parfois illuminer une  journée difficile. 

Cette qualité n'a pas que des admirateurs. Parfois, une notion de trop grande naïveté, voire de franche bêtise peut s'immiscer dans le mot : on dit bien "trop bon, trop con" ! Pourtant, il m'est souvent arrivé de penser, qu'au fond, qu'il faut être bien malheureux pour tromper sciemment quelqu'un qui vous tend la main ou vous offre quelque chose sans arrière-pensée. Car c'est bien cela, la gentillesse. 

L'auteur de cet ouvrage décortique le sens que le mot gentil a pu avoir au fil des siècles, et les personnes auxquelles ce terme - parfois nom, parfois adjectif - a été associé. Et sa tâche n'est pas si simple : en comparaison avec des vertus considérées comme majeures historiquement - comme la charité, la compassion ou l'humilité par exemple - la gentillesse a peu intéressé les philosophes. L'auteur s'interroge sur la place de cette qualité  : quand et comment s'applique-t-elle ? Quelles conditions à son exercice ? L'auteur la dissocie par exemple de la sollicitude, plus intrusive, mais la rapproche en esprit de la noblesse de cœur. 

Certaines digressions m'ont parfois semblé un peu éloignées du sujet central et certains exemples moins convaincants que d'autres, mais globalement, Petit éloge de la gentillesse m'a semblé un essai facile à lire et très intéressant. Je partage avec l'auteur cette conviction : loin d'être une faiblesse ou un excès de naïveté cette qualité mérite d'être réhabilitée pleinement. La cultiver, c'est la répandre soi-même et en faire voir les bienfaits. En somme, si elle ne peut être la réponse aux malheurs du monde, elle peut à l'échelle individuelle, le rendre meilleur. C'est déjà pas si mal. 

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi  3,5/5

Tel un fleuve déposant sur les rives son limon, la gentillesse a charrié tout au long de son histoire des sens différents qui en font aujourd'hui une notion ambigüe. Pour les Romains, le gentil est un noble, pour les chrétiens, un impie, pour le seigneur médiéval, un noble chrétien, pour le révolutionnaire, un affameur du peuple. On s'y perdrait à moins !

Emmanuel Jaffelin, petit éloge de la gentillesse

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Petit éloge de la gentillesse, d'Emmanuel Jaffelin
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