exposition Pompei grand palais Paris - Affiche

Au grand Palais 

Du 1er Juillet au 2 novembre 2020  (prolongations)

Il était une fois une petite blogueuse. Un jour, elle ouvrit un mail et bondit de joie : elle était invitée à visiter en avant-première l'exposition Pompéi, au Grand Palais. Pompéi, elle en rêvait depuis son enfance, quand elle se passionnait pour l'archéologie. Pensez-vous ! Une cité entière ensevelie avec toutes ses merveilles ! A l'époque, l'idée que tous ses habitants avaient péri brutalement ne l’émouvait pas plus que cela : après tout, lorsqu'on parle d'archéologie, on parle d'un temps si lointain qu'il s'agit toujours de personnes décédées. Non ?

Quelques dizaines d'années plus tard, je n'ai toujours pas mis les pieds à Pompéi, mais ce nom me fait toujours rêver. Une annulation visite officielle, un confinement et des poussières plus tard, me voici donc aux portes de l'exposition du Grand Palais. 

exposition Pompei grand palais Paris

L'exposition s'articule autour d'un large couloir central qui dessert toutes les salles. Tout est fait pour plonger le spectateur dans l'ambiance de la ville antique : les parois s'animent de projections représentant les murs de la ville, où les ombres de ses habitants, vaquant à leurs occupations, se mêlent à celles des visiteurs. 

L'ensemble a été divisé en une dizaine d'espaces évoquant tour à tour la ville antique, la catastrophe, les différentes phases de fouilles et de découverte, le travail des archéologues, ou encore les villas pompéiennes et leurs fabuleuses fresques. Au milieu de l'allée centrale, quelques objets découverts dans les fouilles sont présentés. 

exposition Pompei grand palais Paris

Ici, toutefois, ce n'est pas vraiment la rencontre avec les objets qui est au centre de l'exposition. L'expérience se veut immersive plus que matérielle, grâce à des projections et films documentaires, sur très grands écrans. 

On découvre tout d'abord comment le site de Pompéi a donné naissance à l'archéologie en tant que science autour du 17e siècle. Le but des premiers archéologues est avant tout d'exhumer de beaux objets, qui pourront être exposés ou revendus. L'étude des bâtiments et des restes d'activité humaine sans valeur marchande n'est à l'époque, pas une priorité. 

Il faut environ deux siècles et demi pour que cette toute jeune science commence peu à peu à prendre sa forme actuelle. A Pompéi, celui qui fait prendre un virage décisif aux fouilles dans les années 1860 s'appelle Giuseppe Fiorelli. Cet archéologue italien commence à déblayer les maisons, exhume les rues, étudie les déblais, et divise la ville en quartiers pour en faciliter l'étude. Mais sa plus grande invention demeure la mise au point de la technique permettant de réaliser des moulages de la forme laissée par la décomposition des cadavres dans la cendre solidifiée. 

exposition Pompei grand palais Paris - moulages

Ces figures de plâtre sont indissociables de l'image de Pompéi : elles capturent de façon émouvante la position des habitants au moment de leur mort. Ici, une jeune fille aux cheveux remontés en chignon sur le front, face contre terre, et un homme, tentant probablement de se protéger le nez pour respirer. La confrontation avec ces moulages, même si ceux présentés ici ne sont que des copies, a quelque chose de profondément émouvant. Paradoxalement, elle redonne vie aux Pompéiens, de la façon la plus tragique qui soit. 

De l'autre côté de la salle, une statue de l'impératrice Livie, majestueuse, trône au milieu du tranquille jardin d'une demeure pompéienne. Au fond, se découpe la silhouette tranquille du Vésuve. Soudain, un grognement sourd se fait entendre, de plus en plus menaçant, et un panache de fumée surgit du volcan. Le ciel s'assombrit, une pluie de lapilii - des pierres ponces - s'abat sur la ville. Soudain, une coulée de pierres et de gaz brûlants - la nuée ardente - s'élance à toutes vitesse vers nous dans un grondement assourdissant, ensevelissant et détruisant tout sur son passage. L'ensemble à duré une trentaine de secondes seulement - donc largement accéléré par rapport à la chronologie réelle des faits - mais même en virtuel, c'est déjà très impressionnant. 

exposition Pompei grand palais Paris - Vésuve éruption - réalité virtuelle

La suite de l'exposition s'intéresse davantage aux fouilles archéologiques les plus récentes. Pendant presque deux siècles, la politique de fouilles à Pompéi a été intensive. Sauf qu'il ne suffit pas de découvrir des restes, encore faut-il être capable de les conserver une fois mis à jour. Et à Pompéi, on parle de quartiers entiers ! Si bien qu'à la fin des années 50, on a décidé de ralentir les fouilles pour se concentrer sur la restauration de ce qui était déjà exhumé. La meilleure façon de préserver les restes encore ensevelis reste toujours de les y laisser. 

Dans le cadre du projet Grand Pompéi, depuis 2017, les fouilles ont repris, et de nouvelles merveilles ont vu le jour, notamment des villas richement décorées. Une reconstitution vidéo nous plonge au coeur de deux de ces domus - la maison au jardin et la maison d'Orion - dont certaines particularités donnent du fil à retordre aux archéologues. Enfin, une dernière salle est consacrée aux fresques qui ont fait la célébrité de Pompéi. Une animation avec effets de mouvements et de miroirs immerge le visiteur dans ces oeuvres d'art, leur conférant, outre leur incroyable beauté, un petit quelque chose de magique. 

exposition Pompei grand palais Paris - fresques animation

Alors voilà la question qui fâche : cela vaut-il le coup de voir une exposition essentiellement constituée de vidéos, par ailleurs disponibles en ligne sous le titre de Pompei chez vous ? Il manque certes les objets, l'immersion dans l'éruption, l'animation des fresques, l'émotion des moulages, mais tout de même, la plupart du matériel est bien là. On évite la foule, la chaleur, les risques sanitaires, on est aussi bien chez soi et en plus, c'est gratuit. Alors ? 

J'ai sans doute un schéma mental un peu daté, et sans doute est-ce uniquement psychologique, mais tout de même. Je crois à la magie des lieux et des objets, et qu'il est très différent de se déplacer pour aller voir une exposition - quand bien même elle serait composée essentiellement de vidéos - que de la voir par écran interposé. Un peu comme lorsqu'on regarde un film chez soi et lorsqu'on va au cinéma : la capacité d'attention et d'émotion n'est pas tout à fait la même. 

exposition Pompei grand palais Paris - fresque animation

Malgré tout, je dois avouer être restée sur ma faim. Les images sont belles, les reportages bien conçus, mais la présence d'objets relève du "saupoudrage" sans logique. De plus, l'exposition est plutôt courte - j'y suis restée une heure tout juste - et l'immersivité annoncée se résume surtout à la demie-minute d'éruption. Je ne peux pas dire que j'aie eu l'impression de déambuler dans les rues de Pompéi malgré les projections sur les murs de l'allée centrale.  En résumé, j'ai trouvé cette exposition un peu trop légère et décousue par rapport à une exposition classique. Comme si le côté "attraction" de l'immersif était suffisant, et qu'on avait fait passer la conception du contenu et du parcours pédagogique en second plan.

J'aurais aimé plus de thématiques, ce n'est pas cela qui manque quand on parle de Pompéi : les styles décoratifs - qui témoignent des différentes époques - la structure de la ville,  l'histoire de la ville - le fait par exemple qu'une partie de sa population avait déjà quitté les lieux dans les années précédentes à cause des tremblements de terre - le rappel des témoignages contemporains sur la catastrophe, l'influence de Pompéi dans les arts et l'imagination collective, et pourquoi pas une petite parenthèse sur les autres cités, moins connues, victimes de la même éruption? 

Si vous connaissez ne serait-ce qu'un peu Pompéi, vous n'apprendrez ici pas grand-chose ou alors simplement sur les villas exhumées lors des toutes dernières fouilles. En revanche, je pense qu'il s'agit d'une très bonne première approche quand on ne connaît pas du tout Pompéi. Découvrir cette exposition avec des enfants, par exemple, me semble idéal : quelques objets, des vidéos et animations, un peu d'immersif, et une visite pas trop longue.

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 3/5

ACHETER 
Le Figaro Hors-série
Beaux-Arts hors-série
Le livre des dernières découvertes
Roman jeunesse
Retour à l'accueil