Kursk affiche film

Un film de Thomas Vinterberg 

Disponible en DVD

 

Le 12 août 2000,  le sous-marin nucléaire russe K-141 Koursk, fait naufrage en mer de Barents. Tandis qu’à bord du navire endommagé, vingt-trois marins se battent pour survivre, à terre, leurs familles luttent désespérément contre les blocages bureaucratiques qui ne cessent de compromettre l’espoir de les sauver.

 

L'accident du Koursk, en août 2000, semble avoir marqué la mémoire collective. Pour ma part, je ne me souviens que vaguement d'avoir entendu parler d'une histoire de sous-marin et de survivants. Mais à l'époque, encore au lycée, j'étais probablement davantage occupée à profiter de mes vacances...

Et puis, il y a quelques années, j'ai eu la chance de pouvoir embarquer une année sur un navire, une expérience unique à bien des égards. La vie dans un univers quasi clos crée une cohésion toute particulière, où les joies, les peines, l'éloignement, tous les sentiments, exacerbés, se vivent de façon collective autant qu'individuelle. Un univers à part, où l'expression "être sur le même bateau" prend tout sons sens. 

Tout cela pour vous prévenir que, naturellement, cette expérience a probablement considérablement influencé la façon dont j'ai vécu ce film. Mais revenons à Kursk

Dès le début, c'est cette cohésion au sein de l'équipage, même à terre, que le film met en avant. Malgré les difficultés faites par l'administration de la Marine, les payes qui n'arrivent pas et les équipements obsolètes, tous partagent une même fierté : celle de faire partie de la même famille. La vie est dure, les bonheurs simples. Mais qu'importent les épreuves: on finira bien par trouver une solution. 

Et puis, après quelques mois à terre, il faut bien repartir en mer. Ce sera pour un exercice, le plus grand depuis la chute du Mur :  pas moins de trente navires de surface et trois sous-marins sont mobilisés pour entraînement. Une façon également pour le gouvernement russe de faire une démonstration de force sur la scène internationale. Les torpilles d'entraînement sont chargées à bord du Koursk. Plus instables que les autres modèles elles font l'objet d'une surveillance toute particulière. Mais l'optimisme est de rigueur : au pire, on s'en débarrassera plus tôt si besoin.  

Ayant en tête la fin de l'histoire, comme la plupart des spectateurs probablement, je pensais qu'il serait difficile de me surprendre avec une suite d'événements connus : une première, puis une deuxième explosion. Et pourtant. Devant le suspense échafaudé cran à cran et la puissance inouïe des images, scotchée sur mon siège, le souffle coupé, je songe même, à plusieurs reprises, à partir. 

Peut-être ai-je vécu plus violemment que d'autres ce film car il matérialise quelque chose de familier : sur un navire militaire, le quotidien est fait d'opérations mais aussi de nombreux exercices apprenant à réagir en cas d'attaque, d'avarie, d'incendie, et autres incidents susceptibles de mettre en danger le navire et la vie de l'équipage. Kursk, ce sont les pires scénarii devenus réalité. En reconnaissant certaines procédures et façons de réagir, je me suis sentie totalement immergée dans l'action avec une empathie plutôt éprouvante pour les personnages. 

Une fois les procédures appliquées, les marins prisonniers du compartiment épargné du sous-marin n'ont plus qu'une chose à faire : survivre, le plus longtemps possible, dans l'attente d'un hypothétique sauvetage. En surface, s'engage alors une course contre la montre pour les sortir de là. Une intervention, a priori technique, qui se complique lorsque les considérations de secret militaire, de politique internationale - et sans doute quelques habitudes héritées de la guerre froide - s'en mêlent. 

Que s'est-il passé? y a t-il des survivants? peut-on les secourir? Silence de la hiérarchie, déclarations officielles faussées, informations erronées, les familles ont bien du mal à obtenir quelque nouvelle que ce soit sur l'état du Koursk. Mais les personnages les plus intéressants, dans la situation en surface,  ce sont les deux amiraux. Côté russe, Gruzinsky, pris en tenaille entre les ordres éminemment politiques du Kremlin et sa volonté de secourir ses hommes. Côté anglais, le commodore Russell, lui même sous-marinier, qui comprend rapidement la situation et offre les moyens de sauvetage à sa disposition.

La relation entre les deux hommes est passionnante. Car, en dépit des intérêts de leur pays respectifs, ils sont liés par quelque chose que les marins connaissent bien : la règle ancestrale, quasi sacrée, qu'est le devoir d'assistance à tout passager d'un bâtiment en perdition. Un devoir qui se fait viscéral et transcende leur grade, leur fonction, leur loyauté. Ces gars, piégés au fond, ce pourrait être eux. 

La grande force de Kursk, c'est de nous faire espérer, in fine, que les efforts combinés de tous les personnages, chacun à leur niveau, et malgré tous les obstacles, finiront par permettre de sauver les derniers sous-mariniers. Un espoir vain - le spectateur le sait par avance - mais que le film arrive à faire néanmoins vivre, avec une habileté certaine . 

Sur les causes de l'accident et le déroulé exact des événements réels, de nombreuses zones d'ombres demeurent, et plusieurs théories, plus ou moins étayées s'opposent toujours. Le scénario a ici été inspiré par le livre-enquête "A Time to Die" ("Sauvez le Koursk" en français") du journaliste Robert Moore, mais n'hésite pas à user de quelques éléments fictionnels - parfois presque superflus - pour renforcer l'intensité dramatique. 

Un drame largement inspiré de faits réels, dont chaque personnage, aussi secondaire soit-il, apporte sa part d'humanité au récit. Les acteurs frappent par leur apparente et simple sincérité, Matthias Schoenaerts et Colin Firth en tête, deux comédiens dont j'admire toujours la capacité à incarner avec justesse des caractères tout en intériorité. Mais le grand tour de force de Kursk, c'est bien de parvenir à entretenir un suspense plein d'espoir alors même que l'on en connaît l'issue tragique d'avance. Un film intelligent, efficace et, en ce qui me concerne, éprouvant. 

La note tout à fait subjective qui n'engage que moi : 4,5/5

Avec : Matthias Schoenaerts, Léa Seydoux, Colin Firth, Peter Simonischek, August Diehl, Max Von Sydow, Magnus Millang, Matthias Schweighöfer

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