De Zoé Valdés

Aux éditions Arthaud

Photographe et peintre surréaliste au style insolite et dérangeant, Dora Maar va croiser la route de Pablo Picasso. À ses côtés elle va incarner la Femme qui pleure, ce célèbre portrait qui témoigne de sa déconstruction dans l’ombre du génie auquel elle avait voué sa vie. Amante, muse et victime de l’artiste, Dora Maar, quelques années après sa rupture avec Picasso, décide de passer quelques jours à Venise.

Dans le dédale des rues de la cité des Doges, Dora, muse abandonnée, artiste inaccomplie, retrouvera-t-elle le chemin de sa vie de femme ?

À l’issue de cet ultime voyage, elle se retirera du monde pour vivre mystique et recluse dans son appartement parisien.

 

Je dois avouer ne pas bien connaître Picasso. Ni l'homme, ni l'artiste. Comme tout un chacun, j'ai dans la mémoire quelques-uns de ces tableaux les plus célèbres, mais rien de plus. C'est pourquoi j'était curieuse de découvrir ce roman, qui s'intéresse à la relation entre l'artiste espagnol et l'une de ses maîtresses, la photographe et peintre Dora Maar.

Autant vous le dire d'emblée : j'ai eu un mal fou à terminer ce roman. Mais, étant de nature obstinée, j'ai tout de même tenu à l'achever pour pouvoir vous en livrer mon avis complet.

Cet ouvrage met en parallèle l'histoire du dernier voyage de Dora Maar, à Venise, avec celle de la romancière - ou de son alter ego fictionnel - l'écrivant. L'ensemble du récit est ainsi fragmenté en chapitres qui sont autant de souvenirs de l'une ou de l'autre, évoquant par sa structure le cubisme dans cette façon de regarder un même sujet sous différents angles. Par ailleurs, la figure de Dora Maar est intimement liée à un autre courant, le surréalisme, que l'on retrouve dans ses rêves éveillés, toujours étranges, et dont on ne sait vraiment si elle les imagine, s'il s'agit d'hallucinations ou si elle sombre dans la folie. Cette ambigüité est d'ailleurs l'un des fils rouges de ce roman : est-elle folle ? Sont-ce les vexations constantes de Picasso ou les électrochocs de l'asile qui l'ont rendue ainsi, ou bien est-elle simplement une artiste à l'imagination puissante ? Le portrait de Picasso, brossé en filigrane, est celui d'un homme franchement détestable, brutal et pervers, un homme auquel tout le monde pardonne par égard pour son Génie.  

Dora, quant à elle, apparaît comme une femme insaisissable, autant pour sa biographe que pour elle-même, et c'est d'ailleurs l'aspect qui m'a le plus déstabilisée : en m'empêchant de comprendre ce personnage, ne serait-ce que par bribes, je n'ai pu m'y attacher, ni la blâmer, ni ressentir une quelconque empathie. Par ailleurs, je suis également passée à côté de l'importance de ce dernier voyage à Venise, et n'ai absolument pas compris pourquoi en faire précisément de coeur de ce roman. Enfin, si l'écriture est belle, elle m'a semblé trop souvent tourner à vide, comme créée pour le simple plaisir de la langue, mais dénuée de sens réel. 

Un ouvrage dont je n'ai donc pas saisi grand chose, intellectuellement,  et qui m'a tenue à distance émotionnellement. Il me laisse une impression de vacuité sans doute très personnelle, mais dont je ne peux malheureusement que rendre compte n'ayant aucun autre élément auquel me raccrocher.

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 2/5

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- Je ne t'aime pas, je ne ressens aucune attirance pour toi. - Elle se rappela la phrase que lui avait débitée le peintre, les lèvres tendues et sèches du Malaguène malappris. Jubilant de l'humilier.

Impossible d'oublier cette phrase brutale. L'avait-il prononcée par lassitude ou, au contraire, dans la fébrilité, comme tout ce qui surgissait de Picasso ? Peu importe... trop de temps avait passé... Ou peut-être pas suffisamment. Pas Assez. "Il ne m'a peut-être pas totalement oubliée" balbutia-t-elle, angoissée.

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