Cela faisait longtemps que mon dramaturge français préféré n'était pas apparu dans ces colonnes. Je dis dramaturge, car malgré la quantité phénoménale d'écrits de toute forme que Victor Hugo a pu produire, je ne peux me vanter d'être familière qu'avec ses oeuvres théâtrales. Si ma mémoire est bonne, la dernière fois qu'il a été évoqué ici, c'était à l'occasion d'une pièce, précisément, intitulée Victor Hugo, mon amour qui m'avait profondément émue. Car plus que pour tout autre écrivain, j'ai un attachement tout particulier à l'oeuvre de Victor Hugo : Parce que c'est avec sa Lucrèce Borgia que j'ai connu mon premier choc théâtral, parce c'est avec lui que j'ai plongé dans les centaines de lettres que compte sa correspondance avec Juliette Drouet pour écrire mon premier dialogue, et joué pour la première fois dans l'écrin de velours rouge d'un théâtre à l'italienne en interprétant cette magnifique amante. C'est aussi à cause de lui que j'ai pris mon premier râteau lorsque, amoureuse du jeune homme qui jouait son rôle, j'ai appris à ne pas confondre l'espace de la scène avec la réalité : Victor Hugo est donc indissociable de ma passion pour les planches. Depuis ces années de découverte, le théâtre a cédé la place à l'opéra de façon inattendue, mais je garde une tendresse particulière pour ce grand homme qui fait, d'une certaine manière, partie de ma vie.

 

Depuis que j'habite la capitale, j'avais saisi l'occasion de fleurir sa tombe au Panthéon, mais pas encore de visiter sa maison, Place des Vosges. C'est vous dire avec quelle immense joie j'ai répondu présent à l'invitation de Gérard Audinet, directeur des maisons de Victor Hugo de Paris et Guernesey,  à participer à l'accrochage organisé pour la réouverture des appartements après rénovation. N'ayant pas vu les salles avant travaux, je serais bien en peine de vous donner mon impression sur les changements effectués et me concentrerai donc sur la façon dont les salles s'organisent à présent.

 

La progression dans les appartements du deuxième étage s'effectue de façon chronologique, évoquant les différentes étapes de sa vie avant, pendant et après l'exil. On peut y admirer des oeuvres mettant en scène sa vie de famille, comme des dessins réalisés de la main d'Adèle, son épouse, ou ce portrait de Léopoldine, sa fille aînée tragiquement décédée à l'âge de 19 ans. Son oeuvre est également abondamment illustrée, avec par exemple cette très belle peinture de Luc-Olivier Merson représentant une scène clé de Notre-Dame de Paris qui a tout particulièrement attiré mon attention.


Parmi les autres éléments notables, on y découvre les goûts et talents de Victor Hugo  en matière de décoration. Cela peut paraître à la fois déroutant et très moderne, avec l'utilisation d'éléments de récupération, comme ces bobines composant le lustre, ou des réassemblages de plusieurs meubles d'époques et de styles différents pour créer des pièces de mobilier uniques - et parfois assez peu fonctionnelles. Le genre de fantaisies que l'on peut également trouver à Hauteville house, sur l'île de Guernesey ou l'écrivain a passé 14 ans pendant le règne de Napoléon III qu'il surnommait "le petit".

 

La dernière partie du musée - la plus changée par rapport au précédent agencement, si j'ai bien compris, est la plus émouvante. Elle évoque le retour d'exil et la vieillesse de Victor Hugo marquée notamment la perte de ses deux fils. Le bureau, entièrement tendu de vert comme l'était celui de son dernier refuge, rue d'Eylau, expose notamment le bureau auquel il travaillait debout, ainsi qu'un buste puissant sorti de l'atelier de Rodin. On y trouve également un touchant portrait de Juliette Drouet âgée, l'amante fidèle qui l'aura accompagné dans toutes les épreuves de sa longue vie, jusqu'à sa propre mort, en 1883. La visite se clôture par chambre de l'écrivain, où trône le lit qui l'a vu mourir, meuble que l'on peut reconnaître sur certaines de ses représentations mortuaires,  pratique courante à l'époque.

Je pourrais vous raconter encore de nombreux détails et impressions sur la visite de ces lieux, mais le mieux est encore de venir découvrir par vous-même cette maison remplie d'objets évoquant autant l'homme que l'écrivain.

 

Cerise sur le gâteau : l'entrée des collections permanentes est gratuite ! Toutefois, si le coeur vous en dit, vous pourrez toujours, lors de votre visite, déposer une contribution pour soutenir le musée !

Maison de Victor Hugo

6, place des Vosges

75004 Paris

6 place des Vosges
75004 Paris
6 place des Vosges
75004 Paris
6 place des Vosges
75004 Paris

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