Avis expo immersive : Venise révélée

akialam 2 Décembre 2022 …

Exposition Venise révélée affiche - exposition immersive à Paris

Au Grand Palais immersif

Du 21 septembre 2022 au 19 février 2023

Venise est depuis longtemps une ville qui me fascine : comment un groupement de cabanes construites sur quelques îlots de vase a t-il pu devenir en quelques siècles une puissance artistique, économique et militaire parmi les plus mythiques ?

Après un premier voyage à Venise il y a quelques années, me voici de retour à la Sérénissime - sans quitter Paris - grâce à Venise révélée, présentée au Grand Palais immersif. Ce nouveau concept, qui vient de poser ses valises à l'Opéra Bastille, prévoit désormais de proposer deux expositions par an au public parisien.

Si vous lisez parfois ce blog, vous savez que j'aime particulièrement les expériences immersives. C'est donc avec une grande curiosité, et l'espoir de retrouver un peu de la magie de mon premier voyage à Venise que je franchis les portes du 110, rue de Lyon.

Venise révélée est une exposition d'un nouveau genre. De celles dont la matière repose non sur une série d'objets à présenter au public, mais sur une prouesse technique : ici, un "jumeau 3D" numérique de la ville créé grâce à la photogrammétrie. Réalisé en à peine quelques mois grâce à des drones, il combine des milliards et milliards de points pour recréer la cité dans son intégralité, depuis les volumes et détails de ses façades jusqu'aux décors somptueux de ses intérieurs.

Le visiteur est d'abord accueilli par une oeuvre vidéo intitulée Venise Atlantide d'Elizabeth Jonniaux et Yves Ubelmann, qui imaginent une très poétique Sérénissime submergée.

Puis vient la statue du lion de Saint Marc, posté entre terre et mer, symbole de la ville et de sa république. Cet animal est l'occasion d'une première exploration interactive de la ville : un dispositif propose au visiteur de découvrir les différentes représentations de lions disséminées dans la ville, à la recherche de celui qu'ils viennent d'admirer.

C'est ici que l'on peut également comprendre les techniques utilisées par les Vénitiens pour construire au milieu de la lagune. Aux piquets de bois enfoncés dans la vase s'ajoutent une série de couches de différentes matières entrecroisées en un agencement si complexe qu'il est difficile à imaginer.

Puis l'exposition s'intéresse au Grand canal, artère commerciale principale de la ville, où s'échangeaient des marchandises venues des quatre coins du monde connu : des denrées ordinaires, mais aussi de la soie, des épices, des objets d'art.

Une grande fresque immersive propose au visiteur une promenade sur l'eau, à la découverte du quartier du Rialto et des façades des palazzi des grandes familles. L'occasion de démontrer la qualité et la précision du fameux "jumeau 3D" de la ville.

Pour compléter cette plongée au coeur de la Sérénissime, le projet Venise 1481 nous invite à visiter différents quartiers emblématiques de la ville au travers du deuxième volet du jeu vidéo Assassin's Creed. La franchise, connue depuis longtemps pour reconstituer de façon très documentée les cités servant de décor à l'action, offre la possibilité de découvrir la Venise de la Renaissance de façon plus interactive.

Exposition Venise révélée - projet Venise 1481 - assasin's creed

L'exposition détaille ensuite les façades du grand canal, puis quelques merveilles parmi les décors intérieurs. Grâce à la photogrammétrie, les chefs d'oeuvres sont rendus avec une précision spectaculaire qui permet de les admirer bien mieux qu'in situ.

Nous terminons notre déambulation au milieu de la place Saint Marc, lieu de pouvoir politique et religieux de la ville, avec un spectaculaire tryptique vidéo immersif. Difficile également de ne pas remarquer, au centre de la pièce, cette très belle maquette du Bucintoro, somptueux navire de parade.

Enfin, l'exposition se conclut sur l'ouverture de Venise à l'avenir, avec la présentation d'initiatives visant à la préserver, notamment de la submersion. Des solutions d'ingénierie parfois aussi complexes que celles qui ont présidé à sa construction.

Au final cette exposition n'a pas été tout à fait ce que j'imaginais. Parce que l'immersif, en réalité, n'est pas si présent que cela. Il consiste essentiellement en deux grandes installations vidéo qui, pour belles qu'elles soient, restent attachées à la structure des murs du lieu - on voit les escaliers, les colonnes - bref, on ne "plonge" pas vraiment. Le reste, de grands visuels, n'est ni nouveau, ni vraiment impressionnant, même si le contenu informatif demeure intéressant.

En revanche, ce qui est purement vertigineux, c'est la précision de la reconstitution permise par la photogrammétrie, et les infinies possibilités qu'elle ouvre en termes de préservation, de conservation, d'anticipation.

Ce qui rend spectaculaire cette exposition, c'est donc davantage la prouesse technique qui l'a rendue possible, que l'immersivité en elle-même. Intéressant, mais pas aussi magique qu'escompté.

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi 3,5/5