Avis expo : Pulp.e

akialam 21 Mai 2023 …

De Benjamin Hochart

Au Drawing Lab
Du 14 avril au 6 septembre 2023

Si vous suivez ce blog de temps à autres, vous savez peut-être déjà que j'entretiens avec l'art contemporain des relations compliquées, souvent faites d'incompréhension : j'ai besoin de trouver dans une œuvre d'art une dimension qui me touche esthétiquement ou émotionnellement. Pas de jugement de valeur de mon côté, cependant : le fait qu'en art contemporain le concept et la démarche artistique elle-même priment sur le résultat est quelque chose que je comprends intellectuellement - et dont je mesure l'importance dans l'évolution de l'histoire de l'art - mais qui, en général, ne me touche simplement pas.

Cela ne m'empêche pas, de temps à autres, d'aller découvrir les expositions d'art contemporain, par souci d'ouverture intellectuelle, ou par simple curiosité, et parfois, je vous en parle même dans ces pages. C'est donc la deuxième fois que le hasard d'une invitation me mène au Drawing Lab. Après y avoir découvert le travail de Gaëlle Chotard, c'est avec l'exposition Pulp.e de Benjamin Hochart que j'ai rendez-vous.

Le visiteur est accueilli par l'affiche de l'exposition. Une véritable affiche de cinéma détournée par l'artiste. Le titre, Pulp.e, fait référence aux pulp magazines.

Ces bandes dessinées, imprimées sur papier médiocre - d'où leur nom - et largement diffusées aux Etats-Unis dans la première moitié du XXe siècle, mêlaient science-fiction, récits policiers, histoires vraies - ou présentées comme telles - romances, horreur, fantasy. Des publications très populaires en raison de leur prix modique, et souvent considérées avec mépris par les tenants de la culture "classique".

Tout un symbole pour Benjamin Hochart, qui place la non-hiérarchie des genres artistiques au cœur de son travail.

L'ajout du .e transforme ce titre très américain en une forme française, et modifie par là même sa compréhension : comme la pulpe d'un fruit, elle lui apporte quelque chose de plus concret.

L'inspiration à la fois populaire et concrète se reflète dans la suite de l'exposition, avec la pièce centrale de l'accrochage, une veste monumentale et multicolore, que le visiteur retrouvera, presque comme un fil rouge, dans toute une partie des œuvres présentées. Complétée d'une seconde veste, blanche, ainsi que d'une cravate, cette pièce a été inspirée à l'artiste par les géants des carnavals du Nord.

L'artiste a également travaillé sur des fragments du corps humain. Ils se retrouvent dans des dessins gravés tout autour de la salle, mais également dans un film où ils semblent s'animer d'une vie propre. Un goût pour l'interaction avec le regard du spectateur que l'on retrouve aussi dans plusieurs bannières dotées d'un prénom pour titre : Benjamin Hochart jour ici sur une forme d'illusion appelée la paréidolie c'est à dire la capacité de l'être humain à voir des visages dans les formes.

L'exposition propose également - pour la première fois de sa carrière - des pages des carnets de travail de l'artiste, montrant des fragments de son processus de recherche. Une partie que, pour ma part, j'ai trouvée extrêmement intéressante.

Enfin, Benjamin Hochart nous propose plusieurs films autour de ses vestes de géants. Tour à tour simples supports, personnages principaux de bandes annonces évoquant les films de genre ou filmées façon documentaire animalier, ces vestes prennent vie. Et lorsqu'elles commencent à danser au son du rigaudon, dans la fanfare du carnaval, la boucle est bouclée.

Alors voilà, je ne peux pas dire que j'ai aimé ou non cette exposition, qui m'a surtout intriguée, et à laquelle je n'ai été sensible qu'intellectuellement, dans la logique expliquée du travail de l'artiste. Avis, comme d'habitude éminemment personnel et qui ne reflète aucunement un jugement de valeur sur les qualités artistiques de cette exposition.

Et si cet article vous a intrigué... allez vous faire votre propre idée !