Une escapade à... Venise

A l'heure où j'écris ces quelques lignes, la situation sanitaire a été bouleversée partout dans le monde. Mais cet article est le résultat d'un voyage effectué à l'automne dernier, et de textes brouillonnés pour la plupart peu après. L'ensemble date par conséquent d'avant la crise coronavirus. Cela explique donc la légèreté de ton avec laquelle je vous raconte ma virée vénitienne, légèreté qui, à la relecture, me paraît moi-même curieuse. Comme si quelque chose avait irrémédiablement changé et que parler de voyages devenait incongru, presque indécent. Pourtant, après réflexion, j'ai décidé de le publier tel quel. Parce que ce séjour est plein de jolis souvenirs, parce que j'ai l'espoir de retourner un jour dans cette ville enchanteresse, de m'y perdre, m'y émerveiller à nouveau, et parce que rêver d'ailleurs, c'est rêver tout de même.
Il est des destinations qui semblent a priori évidentes et qui ne le sont pas. Telle que vous me lisez, je n'ai par exemple jamais mis les pieds à Barcelone, ni à Florence. Et jusqu'à il y a peu, Venise faisait partie de ces destinations où tout le monde semblait être allé, sauf moi. Il faut dire que c'était un peu de ma faute : pendant des années, j'avais clamé haut et fort que je ne voulais pas y aller en couple, pour y faire le classique tralala en amoureux. Trop cliché ! Non merci ! Résultat, ni monsieur Lalune, ni moi-même n'y avions mis les pieds.
Et puis, il y a quelques mois, j'avais besoin de prendre un peu de repos après une saison touristique fructueuse mais épuisante, et la reprise des répétitions d'opérette et de théâtre. Pas longtemps. Juste quelques jours. Sortir de la maison - histoire que le repos ne finisse par céder aux tâches ménagères - prendre du temps pour moi, seule, sans obligations.
J'avais deux exigences : je voulais un endroit au bord de l'eau, mais aussi un lieu qui me permette, selon mon humeur, de passer mes journées à ne rien faire, à écrire, à lire, ou, si l'envie m'en prenait, de visiter. Simplement quelques jours vécus au gré de ma fantaisie, sans obligations ni programme.

Tout à coup, l'idée m'a frappée, évidente : Venise... et pourquoi pas Venise ? La cité des Doges présentait tous les avantages que je recherchais et l'attrait d'une destination nouvelle. Il pourrait sembler curieux, pour se reposer du Paris touristique estival, de courir se replonger dans un lieu aussi célèbre et visité que Venise. Mais cette fois-ci, j'étais de l'autre côté de la barrière, et avec un avantage non négligeable : la certitude professionnelle que, tout comme à Paris, les visiteurs se massaient autour de quelques points célèbres, et que, si je parvenais à m'en écarter un peu, la magie du lieu pourrait opérer librement. Et sans vouloir me vanter... j'avais raison !
J'ai vraiment adoré Venise, où j'ai flâné jusqu'à plus soif, empruntant une ruelle au hasard, puis une autre, perdant rapidement tout sens de l'orientation - déjà mal en point chez moi - visitant les incontournables, mais m'en éloignant ensuite rapidement pour retrouver la tranquillité de ruelles moins passantes.
Voici donc le sommaire de cet article, et bon voyage !
SOMMAIRE |
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Aller à Venise et s'y déplacer | Se promener |
Mon hôtel : Amor mio B&B | Aller à l'Opéra |
Monuments et musées | Adresses testées et approuvées |
Aller à Venise
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Le train : si vous choisissez la voie du rail, attention, il y a deux gares à Venise, choisissez celle de Santa Lucia si vous voulez arriver en plein Venise. Le voyage peut s'effectuer en train de nuit. A ma connaissance, l'option la mois chère est Thello : à partir de 29€ par personne - tarifs depuis Paris - vous partagerez un compartiment de six couchettes. Si vous voyagez seule ou entre filles, il y a une option compartiment uniquement féminin, pour le même tarif.
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L'avion : d'ordinaire, je préfère privilégier le train dès que possible, mais voilà, entre contraintes de temps et considérations financières, j'ai finalement opté pour l'avion. A ceci s'est ajouté un autre élément : depuis l'aéroport Marco Polo, on peut rejoindre Venise en bateau. L'idée d'arriver à la Serénissime par la mer a exercé sur moi un attrait irrésistible. Les prix des billets commencent autour d'une centaine d'euros aller-retour et peuvent ensuite s'envoler. A titre d'exemple, en effectuant ce voyage en octobre - donc en début de hors saison - j'ai payé 130 euros chez EasyJet.
Transfert Aéroport - Venise

En bateau, c'est la compagnie Alilaguna qui effectue les transferts reliant la terre ferme à Venise et à des îles plus lointaines. Un peu l'équivalent du RER parisien, mais avec beaucoup plus de charme.
Une fois l'avion atterri, on rejoint la gare maritime en quelques minutes de marche, sans même quitter l'enceinte de l'aéroport. Les lignes se différencient ici par leur couleur, et le transfert vous coûtera 15€ pour un aller simple. Si vous prévoyez d'utiliser le même trajet pour le retour, vous pouvez investir directement dans l'aller-retour à 27€. Un bateau toutes les 30 min environ et un trajet de trente minutes pour rejoindre la ville, ensuite cela dépend de votre arrêt sur la ligne. Chaque bateau peut embarquer une vingtaine de personnes et leurs bagages.
J'ai bien profité de mon transfert, la relative lenteur de tout moyen de transport flottant ayant le don de calmer ma nature - parfois un peu trop - dynamique. Voir peu à peu les côtes se dessiner, les toits des bâtiments se rapprocher lentement, découvrir les contours de la ville au milieu de la lagune... Je crois que ce simple transfert a contribué pour beaucoup à la sensation de vraiment "être ailleurs", sur une île, ou en tout cas dans un lieu à l'écart, bien plus que si j'y étais descendue directement du train.
En bus, le trajet de l'aéroport à Venise est plus économique - compter 8€ par trajet, 15€ pour l'aller-retour - et il vous dépose en une demie-heure à Piazzale Roma, du côté de la gare Santa Lucia. En revanche, si votre lieu d'hébergement n'est pas dans le coin, il vous faudra reprendre un vaporetto (voir ci-dessous "se déplacer à Venise").
Se déplacer

Venise est une ville construite sur 118 îles et îlots, qui n'est reliée au continent par voie terrestre que depuis 1933. Et encore, la voie s'arrête à l'entrée de la ville. Par conséquent dans Venise, pas de routes, et pas de voitures ! Les seuls moyens de s'y déplacer sont donc à pied, en empruntant les 354 ponts que compte la cité, ou en bateau.
Le bateau est intéressant pour couvrir des distances un peu plus grandes, de nuit pour rentrer, ou si l'on veut éviter de se perdre.

Le vaporetto : l'équivalent du bus, dont certaines lignes vous permettent de rentrer jusqu'à tard dans la nuit, à condition de loger à Venise même, et non sur l'une des îles alentours. Un moyen de transport avec le charme de la lenteur et où même les heures de pointe peuvent sembler pittoresques. Le ticket à l'unité avoisine les 10 euros. A ce prix-là, il devient rapidement intéressant de considérer l'acquisition d'un pass journée (22€), deux jours (32€) ou plus.
Le taxi : il s'agit d'une option que je n'ai pas explorée, trop chère. La course monte facilement à la centaine d'euros.

La gondole : Et l'emblématique gondole de Venise, alors ? J'étais partagée entre l'envie d'y faire une promenade, et une sorte de snobisme de ma part, plus ou moins assumé - "c'est trop touristique" - d'autant que les embouteillages de gondoles s'entassant dans des canaux bondés ne m'a pas non plus semblé être le meilleur de l'expérience vénitienne. Bref, finalement, j'ai décidé que le prix (une centaine d'euros pour 40 minutes) n'en valait pas la chandelle, mais chacun en décidera selon ses envies.
Le traghetto : Le traghetto, c'est une longue gondole qui permet de traverser le Grand Canal en plusieurs points. Lorsque vous êtes à Venise, vous réalisez très vite qu'il n'y a que trois ponts qui enjambent cette artère principale et qu'ils sont relativement éloignés les uns des autres. Le traghetto, lui, permet d'assurer la liaison d'une rive à l'autre, entre les ponts. Le trajet ne dure qu'une ou deux minutes, et le prix est de 2€. Faute de gondole, c'est sans doute ce que j'aurais dû essayer par curiosité, simplement pour la sensation de naviguer sans moteur. Je garde ça pour la prochaine fois !
Autre astuce pour traverser le Grand Canal : Si vous avez souscrit le forfait vaporetto, pensez à la ligne 1, qui zigzague sur le grand canal. Elle peut vous permettre simplement de traverser !
Avant de réserver, j'avais reçu une recommandation d'un ami, visiteur régulier de la Sérenissime: Fais bien attention, de nombreux hôtels sont à Mestre - sur la terre ferme - ou au Lido - une île en face - et non à Venise même. Ils indiquent à 10 ou 15 minutes de la Place Saint Marc mais il faut prendre le bateau. Si tu veux profiter de la ville, notamment le soir, prends bien un hôtel à Venise même.
J'ai donc porté une attention particulière à l'adresse, exigence qu'il me fallait également combiner avec d'autres considérations, notamment financières. J'ai finalement jeté mon dévolu sur le bed and breakfast Amor Mio. Deux éléments ont achevé de me convaincre : l'emplacement (à 2 minutes d'une station d'Alilaguna, direct depuis l'aéroport, et de vaporetto) et le fait qu'il s'agisse d'une chambre d'hôtes. Etant en train d'apprendre l'italien, je me suis dit qu'il s'agissait de l'occasion de le mettre en pratique dans un cadre plus sympatique qu'un hôtel classique.

Le B&B Amor mio est situé dans le quartier de Cannaregio, au nord de Venise, à l'écart de l'agitation touristique, ce qui n'était pas sans me déplaire. Bien sûr, Venise est un peu comme Paris, il y a des hôtels et des touristes un peu partout - dont je fais partie en l'occurrence - mais j'ai eu l'impression de croiser dans les ruelles autour de l'hôtel beaucoup plus de Vénitiens de de visiteurs.
L'accueil est fort aimable, et ma chambre est plus grande que je ne l'imaginais, d'autant que l'on m'avait prévenu qu'à Venise les chambres étaient souvent exiguës.

Le petit-déjeuner est compris dans la prestation - et vous savez, moi, pas question de partir sans petit déjeuner! - il se compose d'un buffet comme on peut en trouver dans de nombreux hôtels en Europe, avec les classiques pain, beurre confiture, oeuf, jambon, jus de fruits et boissons chaudes.
Côté spécialités locales, j'y découvre le cornetto vénitien, pâtisserie qui compte, avec le kipfl autrichien, parmi les ancêtres du croissant français. Des petits biscuits prénommés bussolai sont également proposés, il s'agit d'une spécialité de Burano, une des nombreuses îles autour de Venise.
Un bon accueil, un bon emplacement, un bon petit-déjeuner, et un bon rapport qualité-prix. Que demander de plus ? A ma prochaine visite, je n'irai pas chercher ailleurs !
Amor Mio B&B
Cannaregio 3495
30121 Venise
Il me serait ici impossible de vous citer tous les lieux d’intérêt à Venise. Aussi, j'ai opté pour une approche volontairement non exhaustive : il ne s'agit pas ici d'une liste, mais plus d'un compte-rendu des visites effectuées pendant mon séjour, seules dont je peux réellement vous parler.
Pour se rendre à la Place Saint-Marc, centre historique de Venise, depuis mon hôtel, il me fallait une petite demie-heure, que l'on prenne le vaporetto ou que l'on fasse le chemin à pied. Enfin ça c'est si l'on ne se perd pas...
Car on le réalise très vite : à Venise, il est difficile de suivre un chemin préétabli. Parce que tous les ponts ne suivent pas forcément en ligne droite, que les petites voies et les impasses sont nombreuses, qu'il est souvent plus tentant de prendre une ruelle au bout de laquelle on aperçoit une cour cachée que de suivre le canal, on réalise rapidement que la phrase "si on dévie de son chemin, on finira bien par le retrouver à un moment ou à un autre" est rarement pertinente. Ajoutez à cela mon sens de l'orientation proche de celui du bigorneau neurasthénique, et vous comprendrez que me perdre a été l'activité que j'ai le plus pratiquée pendant ces trois jours passés à Venise.
Non pas que je m'en plaigne. Assurément, plus qu'aucune autre, Venise est de ces villes que l'on découvre le nez en l'air - pas trop quand même, attention à l'eau ! - et dont le charme réside dans l'inconnu, le hasard de ces lieux que l'on peut dénicher au détour d'une énième ruelle, si possible déserte, et qu'on ne retrouve jamais le lendemain.
Le guide papier

Le choix d'un guide est toujours pour moi un moment de délicieuse anticipation des joies du voyage : je tourne dans les rayons de ma librairie, feuilletant les différents ouvrages, la longueur des textes, le type de contenu historique, culturel, la division des chapitres en quartiers, les images, les propositions de circuit, les bonnes adresses... Et au final, le choix se fait davantage sur un ressenti que sur des critères précis.
Pour Venise, j'ai choisi pour compagnon de voyage le guide du National Geographic. Des plans par quartiers, les lieux incontournables, mais aussi d'autres un peu moins visités, des bonnes adresses. J'ai beaucoup aimé aussi ses explications à la fois claires et synthétiques, qui peuvent se lire d'un bloc pour préparer son voyage, ou se picorer en fonction des besoins. Enfin, il y a pas mal d'images pour identifier les objets et détails dont il est question. En bref, même si je ne l'ai pas entièrement exploité - et de loin ! - il s'est avéré d'une aide précieuse.
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La Place Saint-Marc et la basilique

Il peut paraître paradoxal d'affirmer vouloir s'éloigner de la foule pour découvrir l'authenticité d'un lieu, et de commencer son séjour par vouloir la Place Saint-Marc, coeur historique et par conséquent touristique de la cité. Mais voilà : quand on va pour la première fois dans une ville, il est logique de vouloir commencer par les incontournables.
Cette envie s'accompagne toujours chez moi toujours une pointe de culpabilité - ou peut-être de snobisme, allez donc savoir - je sais que me précipiter au même endroit que tous les visiteurs participe un peu à la destruction de l'authenticité de la ville. Et pourtant, qui visiterait Paris pour la première fois sans aller voir, même de loin, Notre-Dame, ou la Tour Eiffel ? De la même manière, je me suis sentie l'envie irrésistible - et, je crois, légitime, d'une certaine manière - de fouler la place Saint Marc et de visiter la basilique du même nom.
Ce qui frappe rapidement, en découvrant la basilique, c'est la magnificence de l'ornementation : les coupoles, les pierres colorées, les moucharabieh, les mosaïques à la feuille d'or, tout évoque une influence orientale. Pas étonnant lorsqu'on regarde les liens étroits entre l'histoire byzantine et Venise, qu'il s'agisse de commerce, ou de guerre. Une grande partie des colonnes de la basilique Saint Marc, ainsi que les célèbres chevaux de bronze qui ornent la galerie supérieure sont d'ailleurs issus du pillage de Constantinople en 13e siècle.
Si l'on y regarde plus attentivement encore, on pourra cependant y discerner d'autres influences, tels ces ajouts gothiques qui donnent à l'ensemble une identité vraiment unique, à mi-chemin entre l'Orient et l'Occident.

Si j'en crois les commentaires d'autres visiteurs, le temps d'attente pour rentrer dans la basilique peut être conséquent. Toutefois, lorsque j'y suis allée, je n'ai patienté que 10 petites minutes avant de pouvoir y pénétrer. Sans doute un effet du hors saison.
La visite de l'intérieur de la basilique est gratuite, et le parcours très délimité. J'imagine qu'il s'agit d'une concession à l'affluence de visiteurs - s'il y a déjà une file pour y rentrer il est logique de vouloir fluidifier le mouvement à l'intérieur - mais impossible de s'écarter du chemin balisé par des cordons pour observer les chapelles, ou s'y attarder trop pour observer l'ensemble. C'est franchement dommage.
Pour autant, même dans des conditions de visite dégradées, l'intérieur est magnifique : le sol est recouvert de mosaïques de pierres multicolores, et les voûtes de mosaïques à la feuille d'or. On y ressent autant la volonté de splendeur d'un lieu consacré au divin que la démonstration de puissance et de prospérité de la ville.

Si la visite de la basilique est gratuite, l'accès à la galerie du premier étage, et au musée qui s'y trouve est, lui, payant. Il vous en coûtera 5 euros. Comme toujours, je me suis demandée si cela valait le coup, et puisqu'il n'y avait qu'une seule façon de le savoir, je me suis laissée tenter.
L'escalier pour accéder à l'étage supérieur ne compte pas tant de marches que ça, mais il est très impressionnant, même sans avoir le vertige ! Une fois en haut, le visiteur accède à un point de vue spectaculaire sur l'intérieur de la basilique, idéal pour observer un peu mieux les mosaïques à fond d'or du plafond, mais aussi à l'espace muséal et à la galerie extérieure.

Depuis la galerie, on surplombe la place Saint Marc. C'est l'occasion toute trouvée de se faire prendre en photo, mais aussi d'observer un peu plus attentivement le campanile, les nombreux détails de la façade - et la virtuosité de leur exécution - ainsi que les fameux chevaux de bronze.


Mais reparlons un peu de ces chevaux... car en réalité ceux exposés sur la façade sont des copies, réalisées pour des raisons évidentes de préservation. Les originaux sont à l'abri au même niveau, quelques mètres plus loin, dans le musée.

Mais pourquoi ces statues sont-elles si emblématiques ? D'abord parce qu'il s'agit des quelques rares statues de grande taille en bronze datant de l'antiquité. Leur rareté est due, entre autres, à ce que la plupart des statues de bronze ont été fondues au cours de l'histoire quand le métal a manqué, particulièrement en cas de guerre. D'autre part, ces chevaux, qui ornaient l'hippodrome de Constantinople ont été ramenés comme trophée de guerre par les Vénitiens. Exposés à l'endroit le plus visible de la ville, ils sont devenus le symbole de sa puissance.
Mais leur histoire ne s'arrête pas là. Pour les habitués de Paris, ces chevaux ne vous en rappellent-ils pas d'autres, près du Louvre ? Ce n'est pas un hasard. Après avoir pris Venise, Napoléon fait transférer les chevaux dans sa capitale, et les expose aux Tuileries, puis au sommet de l'arc de triomphe du Carrousel. A la chute de l'Empire, les chevaux sont restitués aux vénitiens et on les remplace à Paris par des copies.

L'autre incontournable d'une première fois à Venise est le palais des Doges. Pour y accéder, les files d'attente peuvent être longues, et sans doute en saison haute est-il judicieux d'acheter son billet à l'avance.
Par chance, quand je suis arrivée, j'ai pu y accéder tout de suite. Octobre est en saison basse, d'une part, mais je crois que mon arrivée à la place Saint-Marc à l'heure du déjeuner y est aussi pour quelque chose : j'ai mis plus de deux heures à me perdre entre mon hôtel et le Palais des Doges, là où, j'aurais dû mettre une grosse demie-heure. Ceci dit, loin de moi l'idée de m'en plaindre : j'y ai gagné la plus charmante promenade qui soit, et un accès sans attente au Palais!
Le billet d'accès au Palais des Doges peut sembler assez cher - 25€ tout de même - mais sachez qu'il s'agit d'un billet groupé vous donnant également accès aux autres musées de la Place Saint Marc, dont je vous parlerai juste après.

Le Doge était le premier magistrat de la ville, élu à vie parmi la noblesse dirigeante de la cité. En toute logique, son palais était le centre du pouvoir politique et se devait d'inspirer un sentiment de puissance, de magnificence et d'autorité.
De l'extérieur, la façade est déjà très belle, avec ces motifs en losange rouges et blancs et ses arcades gothiques. Mais comme souvent dans les palais italiens, la partie la plus ouvragée se trouve à l'intérieur, tout autour de la cour principale...


Passées les premières minutes dans la cour, le nez en l'air à tenter de détailler tout ce qui pouvait l'être, je me décide à gravir les quelques marches qui mènent aux étages. En débouchant sur la galerie du premier, j'avise sur ma droite une curieuse tête grimaçante. Mon premier réflexe est de la prendre en photo, avant de réaliser son utilité...

Même dans mon italien balbutiant, les mots denontie secrete sont assez transparents pour comprendre de quoi il retourne : Il s'agit de la boîte aux dénonciations anonymes. De quoi me faire garder à l'esprit pour la suite de la visite que le Palais des Doges était aussi le lieu où se rendait la justice. Mais nous aurons l'occasion d'en reparler !
Le visiteur emprunte ensuite l'escalier d'Or, qui doit son nom à son plafond délicatement sculpté et recouvert de feuilles d'or. Une merveille dont l'observation nécessite un cou solide !

Et de l'or, on a pas fini d'en voir ! Je ne pourrais vous détailler toutes les pièces de ce palais, tant il y a de choses à voir et à observer : chaque salle est plus belle que la précédente. Ici, la décoration a été confiée aux plus grands artistes de leur époque, Véronèse et le Tintoret parmi les plus notables.
Salle après salle, dont certaines sont immenses, j'ai l'impression de faire un grand bond en arrière dans le temps. On n'a aucune peine à imaginer toute la noblesse de Venise réunie pour discuter des lois, ou faire entendre ses doléances.

Le parcours de visite continue, passant par une petite porte latérale. Soudain, des murs de pierre nus, l'humidité, l'étroitesse du passage... l'ambiance vient de changer radicalement.
Je jette un oeil par l'une des fenêtres, fermée par un entrelacement de pierre sculptée, et j'aperçois, en contrebas, des dizaines de touristes photographiant dans ma direction. Je comprends tout à coup où je me trouve : je suis sur le fameux pont des soupirs !


En effet, bien que Venise soit considérée comme une des villes les plus romantiques au monde, les soupirs de ce pont sont loin d'être ceux des amoureux, mais bien plutôt ceux des condamnés que l'on emmenait croupir en cellule.
Nous voici donc dans l'univers carcéral vénitien, dans cet ensemble de prisons dont la plus célèbre - qui se visite uniquement en petit groupe avec un guide - a été témoin de la détention puis de l'évasion de Casanova.

On pourra y frissonner en imaginant les conditions de vie des prisonniers. Dans une cellule, laissée accessible aux visiteurs, on peut découvrir des dizaines de graffiti sur les murs, dessins ou simples noms, laissés là par les occupants successifs.
Le Palais des Doges constitue donc une visite pleine de merveilles, mais nous permet également d'approcher le côté sombre de cette ville, pourtant longtemps l'une des plus permissives d'Europe.
Les Musées de la Place Saint-Marc
Sous cette dénomination se trouvent regroupés le Palais des Doges, le Musée Correr, le Musée Archéologique National et la Bibliothèque nationale Marciana. On y accède avec un seul et même billet, celui à 25€ évoqué un peu plus haut. Les trois musées sont situés en face de la basilique, dans l'aile napoléonienne du bâtiment qui occupe trois côtés de la place Saint-Marc.
Le Musée Correr
Ce musée, qui porte le nom d'un riche vénitien qui légua ses collections à la ville, regroupe tout un ensemble de espaces différents et d'objets plutôt hétéroclites mais fascinants.
Les salles néoclassiques rappellent que nous sommes bien dans l'aile napoléonienne, dont la construction à débuté pendant les quelques années où Venise a été sous domination française. On y retrouve les formes et les décorations à l'antique alors à la mode, et de très belles statues de Canova. Cet artiste, que l'on connaît surtout en France pour sa Psyché ranimée par le baiser de l'Amour exposé au Louvre, a été l'un des sculpteurs vénitiens les plus célèbres de son époque.


Une grande partie du musée est également occupée par les appartements de Sissi et de François Joseph, de quoi rappeler qu'après les Français, ce fut au tour des Autrichiens d'imposer leur domination à Venise. L'impératrice Elisabeth a effectué deux séjours de plusieurs mois à Venise, une ville qu'elle affectionnait tout particulièrement.
Parmi les nombreux décors d'une grande finesse, on remarquera tout particulièrement l'empreinte de Sissi dans la présence de nombreux brins de muguet, sa fleur préférée.

A cela s'ajoute une belle collection de peintures, majoritairement d'artistes vénitiens, et de nombreux objets témoignant de la vie quotidienne dans la Sérénissime. Des cartes, des peintures, des objets de guerre, des maquettes de navires, des outils d'artisans...
Et parmi tous ces objets, quelques curiosités. Mes préférées ? Ce pistolet miniature, dissimulé dans une Bible, et ces chaussures hautes, destinées à échapper à l'acqua alta, la marée haute qui inonde régulièrement les rues de la ville.

Le Musée Archéologique National
Comme son nom l'indique, ses collections regroupent des objets et oeuvres d'art issus de l'archéologie. Les pièces sont essentiellement romaines et grecques, mais on en trouve également de provenance égyptienne et assyro-babylonienne.
Ce qui m'a le plus marqué, ici, ce sont les portraits romains. On vous dit toujours, en histoire de l'art, qu'ils sont beaucoup moins idéalisés que le portrait grec, c'est à dire plus réalistes : une notion qui peut parfois paraître un peu théorique. Ici, parmi les collections du musée archéologique de Venise, au milieu d'une salle pleine de bustes sculptés, j'ai pris la mesure de cette affirmation, et passé de longues minutes en tête à tête avec ces portraits que l'on aurait aucune peine à imaginer être ceux de personnes croisées dans la rue.

La Bibliothèque nationale Marciana

Pour être tout à fait honnête, je n'ai pas vraiment pu profiter de cette bibliothèque. Le jour où j'y suis allée, une exposition d'art contemporain était en cours d'installation, et je n'y avais pas sitôt mis les pieds qu'elle a été évacuée.
Je n'ai donc pas eu le loisir de détailler le lieu autant que je l'aurais voulu, tout particulièrement la décoration du plafond de la salle de lecture, auquel ont oeuvré des artistes comme le Titien, Véronèse, ou encore le Tintoret.
Musée Correr, Musée Archéologique national et Bibliothèque nationale Marciana
Place Saint Marc, 52
30124, Venise
Le Pont du Rialto et les abords du Grand Canal
ll m'arrive souvent, lorsque je voyage, d'éprouver une sorte de décalage : reconnaître un lieu dont j'ai vu les images dans des livres, ou sur Internet, sans avoir l'impression d'y être réellement. Il peut durer quelques minutes, ou durer jusqu'au premier réveil, mais il y a toujours un moment où il se dissipe. Parfois, lorsque j'ai de la chance, je me souviens du moment exact - et un peu magique - où cela se produit.
C'est en débouchant sur le Grand Canal que j'ai vraiment réalisé être à Venise. De la ruelle obscure d'où je sortais, le Grand Canal, inondé de soleil, m'a fait l'effet d'une carte postale animée. Tout y était : la lumière, le style des bâtiments, les gondoles, les poteaux d'amarrage rayés, les vaporetti, le clapotis de l'eau.


On pourrait croire que la promenade la plus simple et charmante consisterait à longer, à pied, le Grand Canal. A ceci près que la plupart des bâtiments qui le bordent ont ici été construits pour donner directement sur l'eau, et qu'il n'y donc pas de chaussée, ou presque pas. Pour longer la voie de navigation principale de Venise, il vous faudra soit prendre le bateau, soit, à pied, passer par les ruelles parallèles.
De ce que j'ai pu constater, un des seuls endroits où l'on peut effectivement marcher au bord du Grand Canal se trouve au pied du pont du Rialto, un des trois ponts l'enjambant, et indiscutablement le plus célèbre. Un lieu que sa haute fréquentation rend toutefois assez peu propice à la flânerie.
Que vous le vouliez ou non, le Grand Canal est de toutes façons celui que vous croiserez le plus durant votre séjour. Vous ne pourrez pas y échapper! C'est souvent là que l'on découvre les vues les plus spectaculaires sur Venise, à garder en souvenir autant qu'à photographier, ce dont moi-même je ne me suis pas privée...

Tout le reste de la ville !
Avec un séjour de quelques jours à peine, je n'ai pu visiter chaque quartier avec l'attention qu'il aurait fallu, et serais bien en peine de vous les détailler. Ce sera pour la prochaine fois, sans doute. N'ayant pas de programme défini, et par conséquent du temps à perdre, j'ai beaucoup flâné au gré de mes envies.
Un seul conseil donc : laissez-vous perdre! Prenez une ruelle, puis une autre, puis changez d'avis. Dirigez-vous plutôt vers le fond de cette cour où vous apercevez de belles fenêtres orientales, découvrez un passage, une église, un autre passage, un pont, un canal bordé de maisons colorées, encore un pont. Réalisez que vous avez tourné en rond, Suivez cette gondole. La chaussée s'arrête ici, revenez sur vos pas. Souriez en vous apercevant soudain que les sonnettes aux portes ressemblent ici à des smileys, prenez une ruelle étroite, débouchez sur une place déserte. Au fond d'une impasse, dénichez une petite pasticceria familiale, et dévorez tout ce qui vous y tentera pour reprendre des forces avant de poursuivre votre chemin. Bref, faites confiance au hasard : il est votre meilleur allié pour découvrir - au delà de ses splendides monuments - tout le charme de Venise.

Si vous me lisez de temps à autres, vous savez que l'une de mes grandes passions, c'est l'opéra. Et comme cet art a été inventé en Italie, toute virée de l'autre côté des Alpes se traduit immanquablement par une volonté d'aller écouter une oeuvre lyrique. A Venise, j'ai profité de deux belles soirées lyriques que je tenais à partager avec vous.
La Fenice

Si vous aimez l'opéra, ou même pour une première découverte, la Fenice est LE temple de l'opéra à Venise. Construite suite à l'incendie du théâtre précédent, la salle doit à cet événement son nom qui signifie Phoenix en italien. Nom prédestiné, puisqu'elle a encore brûlé deux fois depuis, la dernière fois en 1996, et reconstruit à l'identique.
De l'extérieur, la façade n'est pas forcément de celles qui attirent l'oeil du passant. Mais derrière ces murs se cache une salle mythique, témoin des premières mondiales d'oeuvres de Rossini, Bellini, Donizetti et Verdi, dont l'incontournable Traviata.
A l'opéra de Venise, je n'ai pas trouvé, comme à Milan, de moyen d'obtenir des places de dernière minute à prix cassé. J'ai donc réservé mon billet au moment où le voyage s'est décidé - environ une semaine avant - sur le site même de la Fenice. Ma soirée se passera donc en compagnie de Rossini, et de son Barbier de Séville. Un billet le moins cher possible, en galerie supérieure, à 60€. Je ne m'en tire pas trop mal.

Pas de tenue de soirée, pour moi, car il fallait que je puisse confortablement arpenter Venise toute la journée. Mais parce que je ne déroge pas à mes propres rituels, mes jumelles d'opéra sont du voyage, ainsi qu'un éventail. Je porte aussi de grosses boucles d'oreilles à motif de tête de lion, référence à l'emblème de la ville. A chacun.e ses coquetteries.
L'émotion à pénétrer dans un lieu aussi mythique est toujours intacte : j'admire les lustres, les miroirs anciens, et toutes ces choses qui me semblent refléter des siècles d'histoire vénitienne, autant que d'histoire de l'opéra. Je sais bien que ce ne sont pas exactement les murs qui ont vu Verdi, mais il me semble que l'esprit des lieux est toujours là, reconstruction ou non.
Et comme souvent, le clou de la mise en scène, si j'ose dire, avant même le spectacle, c'est de pénétrer dans la salle. Une salle blanc et or, vue des dizaines de fois à la télévision, et dont je foule les galeries pour la première fois.

Je crois à la magie des lieux, et qu'il n'est pas nécessaire d'être passionné d'opéra pour apprécier un spectacle dans un théâtre aussi exceptionnel que celui-ci ! Spectacle qui, par ailleurs, est excellent ce soir-là.
Je ressors de la salle sur un petit nuage ! Un petit selfie avec un grand portrait de la Callas, en sortant, histoire d'immortaliser l'instant. Le retour à l'hôtel se fera au rythme du vaporetto, et d'une marche de quelques minutes dans la nuit vénitienne. Une soirée qui, comme prévu, fut inoubliable.
Teatro La Fenice
Campo San Fantin, 1965
30124 Venise
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Musica a Palazzo

C'est un ami qui m'avait parlé de Musica a Palazzo, un cercle culturel qui propose une oeuvre lyrique dans un palais vénitien. En lieu et place d'un théâtre, l'intrigue se déroule donc dans les différents salons, et le spectateur est invité à changer de pièce entre chaque acte. L'occasion de d'écouter un opéra dans un cadre à la fois historique et plus intime.
Cette expérience a un prix : 85€. C'est à la fois cher et ça ne l'est pas, dans le contexte. Rappelez-vous, à la Fenice, dans une salle de plus de mille places, mon billet, le moins cher, m'avait déjà couté 60€. Ici, la jauge est, à vue de nez, entre 80 et 100 personnes.
La pré-réservation s'effectue sur leur site Internet - le règlement s'effectuera sur place - et quelques jours avant la représentation, il vous faudra répondre à un mail, pour confirmer votre venue. Le jour du spectacle, si vous voulez être bien placés - du moins au premier acte - arrivez en avance. Le principe du cercle culturel est un peu comme celui d'un club privé, il vous faudra donc remplir une fiche à votre arrivée, et en échange du prix du billet (qui correspond en réalité au prix d'adhésion au cercle), vous recevrez une carte de membre à votre nom.
Chacun s'installe dans le salon transformé en salle de concert. Le soir où j'y suis, c'est La Traviata qui se joue : resserrée autour des trois personnages principaux - Violetta, Alfredo, et Germont - l'intrigue se prête bien à une adaptation en version "de chambre". Un piano, un quatuor à cordes, et les voix. Seul inconvénient de ce format, peut-être, la technique lyrique étant faite pour être audible dans une grande salle, et la Traviata composée comme telle, on sent parfois l'espace trop petit pour les voix qui y résonnent. Mais c'est un détail, car l'alchimie entre le décor, les voix, le jeu, la musique et la proximité avec le public fonctionne parfaitement.
A l'entracte, les spectateurs sont invités à boire un verre, dans un salon qui donne sur le Grand Canal. Une vue mémorable !
Nous sommes ensuite invités à nous installer dans le deuxième salon où va se jouer la partie centrale de l'oeuvre. La Traviata se déroulant entièrement dans un univers intérieur de salons et de chambres, le décor du Palazzo Barbarigo Minotto où nous nous trouvons, est parfait. Je suis un peu moins bien placée, mais qu'importe.
Ce reproche est d'ailleurs le plus récurrent sur les forums de spectateurs, le fait que les places ne soient pas numérotées, et par conséquent, de ne pas toujours être bien placé. En ce qui me concerne - et peut-être parce que je suis habituée aux places parmi les plus économiques des salles que je fréquente - il s'agit de quelque chose qui ne me gène pas vraiment, tant que j'entends la musique, et que je peux tout de même voir, même de loin, ce qui se passe.

Le dernier acte de La Traviata est le plus intime, celui qui voit Violetta mourir de la tuberculose. Il se déroule dans la chambre de la malade, ici, donc, dans une chambre du palazzo. Pour le côté immersif de l'expérience, difficile de faire mieux. Malgré tous les autres spectateurs autour, et le fait que j'aie déjà vu cette oeuvre des dizaines de fois, le sentiment est beaucoup plus immédiat. Le résultat est particulièrement émouvant.
La soirée fut fabuleuse, et s'est clôturée pour moi, par une promenade encore rêveuse sur le chemin de l'hôtel, dans une ville presque endormie. Ma dernière soirée à Venise, et je n'en regrette pas un seul instant !
Musica a Palazzo
Palazzo Barbarigo Minotto
Fondamenta Duodo o Barbarigo
San Marco 2504
30124 Venise
https://www.musicapalazzo.com/fr/
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Adresses testées et approuvées
Vous le savez, un de mes grands dadas, au quotidien autant qu'en voyage, est de dénicher et d'essayer de nouvelles adresses. Des lieux avec une histoire, des produits délicieux, des idées cadeaux, de quoi se faire plaisir ou faire plaisir.
Et côté plaisirs sucrés, j'ai deux grandes obsessions : les chocolats chauds et les glaces. Ce sont d'ailleurs à cette heure les deux seules douceurs auxquelles j'aie consacré un article "bonnes adresses parisiennes" (ici le chocolat chaud, ici les glaces). Il va donc de soi qu'un voyage en Italie doit comporter les deux. Sans oublier il caffè, bien sûr !
J'ai donc orienté ma recherche et mes expériences sur ces trois produits. Et pour être honnête, côté glaces, j'ai été très déçue par Venise. J'ai essayé au moins quatre glaciers différents, plus ou moins éloignés du centre touristique, et aucun n'a trouvé grâce à mes papilles. Peut-être une prochaine fois?
En tout cas, voici les adresses que je vous propose, testées et approuvées par mes soins. Un choix forcément subjectif, mais sincère !
Caffè Florian

Situé sous les arcades de la Place Saint-Marc, le Caffè Florian est l'institution vénitienne par excellence. Le plus vieux café de la ville - et du monde, dit-on - fête cette année ses 300 ans, dans un décor qui n'a quasiment pas changé depuis son inauguration en 1720. Un lieu qui vaut donc autant pour sa réputation que son ambiance et ses produits.
Me voilà donc franchissant les portes du Caffè Florian. Un serveur, tout de blanc vêtu, m'installe dans un petit salon aux fauteuils de velours rouge et aux murs décorés de peintures et d'or. Le décor vaut effectivement de détour. Il fait encore doux en ce mois d'octobre, et les fenêtres sont grandes ouvertes. Du dehors proviennent les mélodies que quelques musiciens, en grande tenue de soirée et noeuds papillon, jouent à la terrasse du café.

Le produit phare ici, c'est la cioccolata calda : le chocolat chaud italien. En quoi est-il différent de son homologue français ? Difficile à dire précisément. C'est probablement une affaire de détails : si j'en crois les recettes que j'ai pu trouver, on y met souvent davantage de crème, voire un peu de maïzena. Plus épais, plus crémeux, je trouve qu'il est souvent moins intense en chocolat que ce dont j'ai l'habitude à Paris. Mais il s'agit probablement davantage d'une impression personnelle que d'une science exacte, chaque maison ayant sa propre recette et ses propres "trucs".
Je savais donc déjà ce que je voulais, mais je parcours quand même la carte, par curiosité. Le chocolat est à 11,50€, ce qui est un tarif très élevé, même en regard de mes meilleures adresses parisiennes. J'avise également un papier, déposé avec la carte, qui me précise le programme musical du moment ainsi que... le supplément pour la musique : 6€ par personne. Je grimace, mais maintenant que je suis là, je me vois mal partir en courant. Je commande donc mon chocolat.

Côté service, au moins, rien à dire : il est impeccable, souriant, et ce qu'il faut de cérémonieux pour un lieu très haut de gamme. Plateau et cuillères en argent, tasses et pot à l'emblème du café, le chocolat fait son apparition. Et heureusement pour moi, il est très bon. C'est vraiment ce que j'attends d'un chocolat à l'italienne, épais, crémeux, modérément intense. Au moment de régler l'addition, le montant s'élève - comme prévu - à 17,5€.
J'ai hésité longtemps à mettre ce café dans ces adresses testées et approuvées. Parce que le chocolat est déjà très cher, mais +30% sur l'addition pour la musique, ça fait quand même beaucoup. D'un autre côté, il serait malhonnête de ma part de qualifier le Caffè Florian de lieu à éviter, la qualité du décor, du service et des produits étant indéniablement au rendez-vous et le plaisir de boire un chocolat dans un café historique aussi.
Alors voilà. J'ai décidé de vous dire tout cela... et de vous laisser décider par vous-même !
Caffè Florian
Piazza San Marco, 57
30124 Venise
https://www.caffeflorian.com/it/
Acqua e Mais

Littéralement "eau et maïs". Et que fait-on avec de l'eau et du maïs ? De la polenta bien sûr ! Ici, on n'est pas dans la version compacte - celle que mon grand-père italien faisait tous les dimanches - mais dans la polenta morbida, c'est à dire plus liquide.
Un de mes autres péchés mignons - et madeleine de Proust - c'est la friture de poisson. Venise étant construite sur l'eau, il est assez logique que la plupart des spécialités locales soient à base de fruits de mer et poisson, en version street food chez Acqua et Mais. Autant vous dire que j'y ai trouvé mon bonheur!

J'avais envie de tout goûter ! Mais comme il a bien fallu choisir, j'ai opté pour une part de friture mixte - sardines, poulpes, crevettes et calamars - servie dans un cornet avec de la polenta, et quelques seiches au grill. J'ai rajouté à l'ensemble une polpetta - boulette - au thon. Le tout pour une dizaine d'euros.
Je n'avais pas envie de manger en marchant, et me suis donc installée sur le minuscule comptoir de l'échoppe. Un point de vue idéal pour profiter de l'animation de la rue, observer les clients, et écouter les bribes de conversation que mon italien me permettait de discerner. Un repas simple, sans doute, mais frais et délicieux. Une cantine street food idéale.
Acqua e Mais
Campiello dei Meloni, 1411 - 1412,
30125 - Venise
http://www.acquaemais.eu/index-it.html
Libreria L'acqua alta
C'est tout à fait par hasard que j'ai trouvé cette librairie, pourtant l'une des plus célèbres de Venise, souvent répertoriée dans les classements des librairies les plus insolites du monde. J'étais en chemin pour rejoindre à pied la Place Saint Marc, mais m'étais tant et tant perdue que je ne savais plus vraiment où j'étais. Et en marchant, il m'est venue l'idée d'acheter quelques cartes postales pour envoyer ou pour ajouter à ma collection.

J'avise, au fond d'une impasse, quelques présentoirs à cartes postales où je trouve mon bonheur, et devant l'entrée de la librairie, une série de polars bilingues italien-français en promotion, dans une... brouette ! J'en attrape un, qui fera à la fois un excellent souvenir et un support pour mes leçons d'italien, et franchis le seuil de la boutique.
C'est là que j'ai compris où j'étais !


Des livres dans une gondole, dans une baignoire, entassés, partout : une caverne d'Ali Baba pour rats de bibliothèque. Un côté hétéroclite qui me séduit, forcément. Je furète dans les rayons en essayant de me faufiler d'une allée à l'autre, et cherche des yeux LA photo souvenir que tout le monde fait.
Arrivée au fond de la boutique, j'aperçois le fauteuil au bord de l'eau et l'inscription sous laquelle il est d'usage de se faire prendre en photo lorsqu'on visite la librairie.

Je cède moi aussi aux sirènes de l'instagrammable - faute avouée à moitié pardonnée? - l'occasion de réaliser à quel point cette photo explique à elle seule ce qui fait le problème récurrent de cette librairie, et sa célébrité : avez-vous remarqué sur la photo précédente que les livres sont ici entassés un peu partout sauf au niveau du sol ?
Un détail qui a son importance quand arrive l'acqua alta - les grandes marées vénitiennes - qui donne son nom à la librairie. L'eau qui inonde la ville peut alors monter de quelques centimètres à plus d'un mètre. Et la librairie l'Acqua Alta étant située dans les quartiers bas de la ville, elle est inondée régulièrement. Des images qui l'ont rendue célèbre, mais qui vient, à chaque fois, abîmer une partie du stock.

Une partie des livres trop abîmés a d'ailleurs été entassé dans la petite cour où ils forment un escalier permettant d'aller admirer la vue sur le canal à l'arrière de la boutique.
J'ai fait là toute une série d'emplettes : un carnet de calligraphie pour ma soeurette, un carnet d'écriture pour moi, un livre, des cartes postales, toute à ma joie d'être tombée sur cette librairie par hasard. Quand on vous dit qu'il fait parfois bien les choses !
Libreria Acqua alta
Calle Lunga Santa Maria Formosa, 5176b,
30122 Venise
https://www.facebook.com/libreriaacquaalta/
L'Estro
Au royaume de mes coquetteries, il est un roi : c'est le chapeau ! Voici de nombreuses années que j'aime à affirmer mon originalité en toutes circonstances avec de jolis couvre-chefs. Cette année, ayant un nouveau filleul à baptiser, je m'étais dit que, si l'occasion de présentait, je pourrais profiter de mon voyage outre-alpin pour acheter un nouveau chapeau à étrenner pour l'occasion. Plutôt que d'acheter des souvenirs souvent fabriqués à l'autre bout du monde, j'essaye maintenant, quand je pars en voyage, de ramener quelque chose de spécial, que j'aie plaisir à porter plutôt qu'à laisser prendre la poussière sur une étagère.
Je n'avais pas spécialement cherché d'adresse, mais en passant devant la boutique, un joli modèle cloche et asymétrique m'a fait de l'oeil. A l'intérieur, j'y trouve des chapeaux vénitiens traditionnels, comme ceux, en paille, que portent les gondoliers, mais également de nombreux autres modèles. Mais, m'assure la vendeuse, jamais deux identiques! J'essaye la moitié de la boutique, et jette finalement mon dévolu sur un chapeau brun en feutre, d'une couleur plutôt neutre, donc. Mais le modèle est très asymétrique : d'un côté, il a la forme d'un bibi années 60, et de l'autre, il descend presque dans le cou. Je suis ravie. La matière est belle, la forme vraiment originale, et le prix, quoique conséquent - 80€ - est tout à fait honorable si l'on considère qu'il s'agit d'un modèle unique, et fait main en Italie. Un beau souvenir, qui entretiendra pour la postérité ma réputation de marraine la plus cinglée de la famille et que le fait d'avoir acheté pendant ce si beau voyage rendra plus cher à mon coeur.
L'Estro
San Marco 5542
30124 Venise
https://www.facebook.com/LEstroVenezia/
Feelin' Venice

Chez Feelin' Venice, on ne fait pas de souvenirs, non, non, non ! On conçoit des produits "qui rendent hommage à la Venise contemporaine". Comprenez, des objets créés par des designers vénitiens, qui parlent de la Venise d'aujourd'hui, avec son dynamisme actuel et son charme hérité du passé.
Des objets qui font de jolis cadeaux - à prix corrects - à ramener pour soi ou ses proches, en échappant au kitsch de la gondole en plâtre peint. Ici, par exemple, ce mug - la grande passion souvenir de Monsieur Lalune - beaucoup plus sympathique et de bien meilleure qualité que tous les autres que j'ai pu voir dans des boutiques de souvenirs classiques. J'ai vraiment craqué pour ce motif de gondoles stylisées sur ce joli bleu profond, né sous la plume de Filippo Soffrizzi, co-fondateur de la marque.
Plusieurs boutiques ont ouvert à Venise, mais Feelin' Venice possède également une site Internet ou vous pourrez acheter une partie des créations disponibles.
Feelin' Venice
San Marco 1007, calle dei Fabbri,
30124 Venise
Pasticceria Dal Nono Colussi
Voici une des bonnes adresses que j'avais notée sur mon carnet avant de partir. Une pâtisserie réputée pour ses spécialités vénitiennes et son authenticité. Mais pour la trouver, il faut se donner un peu de mal. Traverser sur le bon pont, tourner au bon moment, emprunter la bonne ruelle, longue et étroite, et bien ouvrir les yeux, sous peine d'être obligé.e de rebrousser chemin faute d'en avoir identifié la vitrine au premier passage...
Une fois à l'intérieur, j'observe les pâtisseries, les gâteaux, les biscuits, les confitures, indécise... Heureusement, les habitués devant moi discutent de la pluie, du beau temps, et de la famille. Un répit que je mets à profit pour essayer de choisir. Tout me tente, mais il faudra bien être raisonnable !

Je reconnais une partie des spécialités : bussolai de Burano, dont je vous parlais au petit-déjeuner de l'hôtel, ou encore budino veneziano, sorte de gâteau de semoule. Mais beaucoup d'autres me sont encore inconnues. Dans un italien balbutiant, je demande ce qu'il y a dans telle ou telle pâtisserie, de peur de tomber sur quelque chose à la fleur d'oranger ou au zeste d'agrume, les deux seules saveurs susceptibles de me gâcher le plaisir d'une collation sucrée.
Je sais déjà que je vais prendre un pulcino, une meringue en forme de poussin, mais une étiquette attise ma curiosité : elle indique fugassa veneziana. Le gâteau sur laquelle elle est posée m'évoque, de là où je suis, un cake que l'on aurait saupoudré de sucre. L'intitulé m'intrigue, parce que, pour moi, une fougasse c'était plutôt une sorte de pain salé. Lorsque je demande, on m'indique que celle-ci est bien sucrée. Je me laisse donc tenter.
J'emporte précieusement le tout, et déguste mon butin un peu plus loin, au bord de l'eau, alors que le jour descend sur le Grand canal. La fugassa veneziana est délicieuse, et alors que, de l'extérieur, j'avais cru à une sorte de cake, c'est en réalité plutôt une brioche à la texture s'approchant d'une panettone ou d'un pandoro.

Pour la petite histoire, lorsque j'ai commencé à recopier cet article - j'écris presque toujours d'abord à la main - j'ai relu fugassa sur mon carnet, et commencé à rechercher la recette sur Internet. Partout, je ne trouvais que la foccacia salée. Logiquement, je me suis dis que j'avais mal compris au départ, ou mal noté. Je décide donc de mettre mes compétences linguistiques - pas mal améliorées pendant le confinement - à l'épreuve, et d'envoyer un petit message à la pâtisserie avec une photo du produit histoire d'être bien sûre de ne pas écrire de bêtises. La réponse ne s'est pas faite attendre - Grazie mille à eux - et je vous en livre la traduction, pour les curieux de cette spécialité visiblement typiquement vénitienne : "Ce dessert s'appelle focaccia vénitienne. Par commodité, nous l'appelons dans notre dialecte "fugaxa" (qui se prononce fugassa) pour la simple et bonne raison qu'en dehors de Venise, la fougasse est quelque chose de salé. Pour mieux les distinguer, chez nous, nous préférons donc utiliser le terme dialectal pour éviter les erreurs de compréhension".
Une vraie bonne adresse, qui respire la simplicité, la qualité et l'authenticité familiale, à laquelle je ne manquerai pas de retourner pour essayer de nouvelles spécialités sucrées lors d'un prochain voyage.
Pasticceria Dal Nono Colussi
Calle Lunga San Barnaba, Dorsoduro 2867/A
30123 Venise
https://www.facebook.com/dalnonocolussi
Panificio el fornareto

C'est une boulangerie située dans la bien nommée rue du four, à vrai dire, bien plutôt une ruelle: voyez donc le recul sur la photo ! Je passais devant à chaque fois que je sortais de l'hôtel, ou en y rentrant, et à chaque fois je me laissais tenter : une poignée de gressins par ci, un petit pain par là. Le dernier jour, une petite brioche fourrée à la crème m'a fait de l'oeil dans la vitrine, alors même que je sortais du petit déjeuner...

La suite, vous la connaissez : franchissement du seuil, séance de questions dans un italien maladroit, et achat de la dite petite brioche. Mais qu'est ce donc que cette petite chose à l'air délicieux?

Cela s'appelle un nuvole ripiene - nuage fourré - ou encore fiocco di neve - flocon de neige - et il s'agit d'une spécialité napolitaine. Une brioche, fourrée avec un mélange de crème de lait et de ricotta, saupoudrée de sucre glace. Une tuerie ! J'en ai l'eau à la bouche rien que d'y repenser !
Alors oui, oui, je sais. Déguster une spécialité napolitaine en étant à Venise n'est sans doute pas le plus authentique que l'on puisse imaginer. Toutefois, au delà de cette gourmandise en particulier, j'ai remarqué que cette petite boulangerie de quartier avait un rayon sucré limité à quelques produits seulement, et que hors le pain, ces pâtisseries changeaient tous les jours. Ce genre de détails laisse à penser que rien n'est congelé ou stocké à l'avance : le client prend ce qu'il y a quand il y en a. Autre détail qui m'a inspiré confiance : le terme de panificio plutôt utilisé pour indiquer l'endroit où l'on cuit le pain à la différence du panetteria qui est l'endroit où on le vend, ce qui laisse entendre que tout est fait sur place. Et côté goût - le plus important, au final - j'ai aimé tout ce que j'y ai acheté. Si vous passez par là... n'hésitez pas !
Panificio el fornareto
Calle del Forno 2668
Venise
https://www.facebook.com/panificio-el-fornareto-595924333805530/
Caffè del Doge

La dernière matinée à Venise, à quelques heures de reprendre l'avion, je me suis aperçue que j'avais oublié de poster mes cartes postales. Auprès du propriétaire du B&B où je logeais, je m'enquiers : où est la boîte aux lettres la plus proche ? A 5 minutes, me dit-il, c'est tout droit ! Tout droit, tout droit.... sachant que les ponts ne sont pas alignés, j'avais quelques doutes. Mais non, cinq petites minutes plus tard, j'aperçois ladite boîte aux lettres à la sortie d'une ruelle, pas peu fière de ne pas m'être perdue en chemin ! Je me retourne, jette un oeil alentours et tombe sur la devanture du Caffè del Doge.

Rien de spécial à priori, mais je ne sais pas... mes dernières heures à Venise, l'impression de ne pas être dans un quartier touristique : j'ai eu envie d'un dernier caffelatte italien avant de rentrer. L'endroit sent bon le café, mais pas le brûlé. Bon signe.
Deux employés municipaux en gilets fluo sont rentrés juste devant moi, des habitués a priori, ça bavarde en italien, très fort, pour passer au dessus le bruit de la machine à percolateur. Je commande mon caffelatte et m'installe dans la salle pour le boire tranquillement en écoutant discuter les gens, un de mes plaisirs coupables quand je suis seule quelque part. Ici, on peut aussi acheter des paquets de café, d'origines et de variétés différentes. Dans la vitrine, s'alignent les cafetières italiennes en métal, de celles qu'on achète une fois pour toute une vie.
Mon café est délicieux, intense mais sans amertume, alors même que je n'y ai pas mis de sucre. Le lieu est animé par le ballet des clients, essentiellement italiens. J'ai l'impression d'être sortie du circuit touristique et de me plonger dans la vraie Venise d'aujourd'hui - ce qui est sans doute moins vrai pour leur seconde adresse, près du Rialto - mais c'est sans doute ça, aussi, qui m'a tant fait apprécier ce lieu, et son café !
Caffè del Doge
Rio Terà S. Leonardo, 1403,
30121 Venise
Alors voilà, j'espère que vous aurez trouvé ici de quoi piocher des idées pour un futur voyage! Si vous avez voyagé et apprécié une de ces adresses grâce à cet article, n'hésitez pas à me faire votre retour personnel, je suis toujours curieuse de le savoir...