tête-à-toto sandra-kollenderDe Sandra Kollender

aux éditions Steinkis

 

Neurologique.

Le mot est lâché et le sol commence à se fissurer. Je reprends peu à peu mes esprits, et je remets tant bien que mal mon fils, évidemment endormi, dans sa combinaison pilote.

Pilote de quoi ? Il n'attrape même pas mon doigt. Il y a des fermetures Eclair partout et je suis aussi calme qu'un vendeur de Red Bull

 

Je dois vous avouer quelque chose : d'ordinaire, je ne lis pas de témoignages, ou très peu. Il ne s'agit de ma part ni de mépris, ni de désintérêt  à proprement parler, mais d'une manière générale, je les trouve trop douloureux à lire. Surtout, je n'aime pas ce qu'ils éveillent en moi : la culpabilité d'avoir, au fond, une vie sans problème grave, et la peur que cela change, un jour. Dans le cadre du prix des lectrices Elle, c'est donc le cinquième ouvrage de ce type que je lis, et le deuxième évoquant un enfant malade, après Cher Gabriel.

Un ouvrage que l'on sent peu littéraire, sincère, écrit avec les tripes, quitte à ce que le style, le plus souvent percutant, semble parfois chaotique. L'auteur y exprime une rage de vaincre qui force le respect : sa lutte contre un système médical ankylosé, souvent réticent à l'essai de nouvelles méthodes, fossilisé dans ses certitudes. Là où le corps médical français refuse d'avancer, elle rencontre canadiens, israéliens, essaye différentes méthodes. Et Noé progresse. 

Ce qui frappe, au-delà du courage et de la l'opiniâtreté de cette mère, c'est une immense incompréhension. Pourquoi les médecins refusent-ils d'essayer de nouvelles méthodes si elles ont une chance, même infime, de faire progresser l'enfant ? Pourquoi, alors que la loi les y oblige, les écoles ne veulent-elles pas inscrire Noé ? 

J'ignore comment sont traités des enfants atteints de problèmes neurologiques, et j'espère très égoïstement ne jamais devoir le découvrir. Cependant, ce n'est pas la première fois que j'entends parler de cet immobilisme de certains médecins français en matière de traitement (non médicamenteux) et de développement de ces enfants. Il me semble qu'une nouvelle méthode, quand bien même son efficacité ne serait pas démontrée, si elle est inoffensive et obtient des résultats sur certains enfants,  vaut la peine d'être essayée. Comment peut-on refuser cette lueur d'espoir au nom de préjugés ?

Mais pas d'auto-apitoiement facile dans cet ouvrage. Si l'auteur ne nous cache pas ses moments de souffrance, ils sont davantage tournés vers Noé, qui a des difficultés, certes, mais dont la société semble de plus vouloir entraver toute possibilité de progrès. C'est d'ailleurs le plus souvent cet immobilisme qui est mis en cause, et toute la rage de cette mère réside dans sa difficulté à simplement avoir le droit d'aider son fils. Parfois, lorsqu'elle tombe sur des interlocuteurs de bonne volonté, une lueur d'espoir paraît, Noé progresse. Un pas de plus est toujours un pas.

Un témoignage touchant dans sa sincérité, même agressive.

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 4/5

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