Au théâtre de l'Épée de bois 
Du 11 janvier au 4 février 2024

Une pièce de Molière 
Mise en scène de Thomas le Douarec

 

Alceste hait les mondanités, refuse toute compromission et dénonce l'hypocrisie de ses semblables. Il est pourtant fou amoureux de la frivole Célimène, jeune et belle veuve, coquette et complaisante...

 

Il y a quelque chose de particulier avec les classiques : on les découvre, on les revoit, et puis on finit par croire qu'on les connaît. Et pourtant, à chaque nouvelle production, c'est la même redécouverte : il y a toujours une scène, une tirade, un vers, une réplique qui résonne différemment, faisant singulièrement écho à l'actualité, ou à sa propre situation. C'est sans doute cela, la définition d'une œuvre classique : en échappant à la stricte chronologie de sa conception, elle brosse un portrait atemporel des douleurs ou des travers humains. 

C'est le cas du Misanthrope de Molière. Je ne compte plus le nombre de versions que j'ai pu en voir, mais rien que sur ce blog, voici déjà celle de la Comédie Française, ou encore un projet réunissant différentes pièces ayant décliné le personnage d'Alceste. De cette pièce, comme d'innombrables autres, je ne me lasse pas : j'en retire toujours quelque chose de nouveau. 

Cette fois-ci, c'est au théâtre de l'pée de bois, au sein de la mythique Cartoucherie, que me mènent mes pas, par une glaciale soirée d'hiver. Dès l'installation du public, j'observe le décor mis en place sur le plateau : une table basse, des canapés, un espace délimité par des néons violacés. 

Transposée à l'ère des réseaux sociaux, la mise en scène de Thomas le Douarec fait entendre le texte original dans les fêtes de la jeunesse dorée d'aujourd'hui. Comme Molière à son époque, on y interroge les conventions de la bonne société et d'une politesse pouvant frayer avec l'hypocrisie.

Mais ce qui est également mis en exergue, ici est aussi une question générationnelle : Philinte et Alceste sont bien plus âgés que Célimène et ses ami(e)s. Ainsi, la critique que fait Alceste des mœurs et des modes de son époque y devient étrangement contemporaine et familière : elle résonne parfois comme un bien connu "les jeunes d'aujourd'hui...". Le paradoxe de son amour pour Célimène en sort renforcé. 

L'ensemble fonctionne très bien, en animant même les longs monologues d'un dynamisme efficace, à l'exception près de quelques rares instants lorsque certains personnages cabotinent un peu trop. Critique sociale oblige, chaque personnage a ses raisons, et tous pêchent pourtant par leur excès, d'intransigeance pour les uns, de complaisance pour les autres. La compréhension de cette critique est limpide, et l'humour bien présent. 

J'ai passé un très bon moment avec ce Misanthrope, dans une interprétation moderne du texte et des situations qui, sans dénaturer les vers d'origine, montre toute l'actualité d'une œuvre pourtant écrite il y a plus de 350 ans. 

 

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi  4/5

 

Avec Jean-Charles Chagachbanian, Philippe Maymat ou Emmanuel Rehbinder, Thomas le Douarec, Jeanne Pajon, Justine Vultaggio, Rémi Johnsen, Valérian Béhar-Bonnet, Jules Fabre et Caroline Devismes
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