Affiche Edmond, le Porteur d'Histoire et le Cercle des Illusionnistes - Alexis Michalik

Etre à Paris l'été a ses avantages : pour profiter des théâtres encore ouverts, par exemple. Moins de spectateurs dans la ville, pas mal de réductions, et également, dans mon cas, un agenda dégagé des répétitions des différentes troupes. 

C'est un de mes complices de théâtre et d'opérette qui a eu l'idée, en voyant les photos des camarades sur le fil commun whatsapp,  qui à la plage, qui en Avignon : pourquoi ne profiterions-nous pas de l'été pour aller voir du théâtre puisque nos obligations professionnelles respectives nous demandaient d'y rester ? Allons, au moins une pièce par semaine ! Et envoyons les photos aux potes pour les faire baver aussi. Na!

Et c'est comme ça que nous avons décidé de prendre l'été côté salle plutôt que côté scène : tout aussi formateur et non moins sympathique! 

 

Edmond

Affiche Edmond, Alexis Michalik Théâtre du Palais Royal
Pour notre première sortie, nous jetons notre dévolu sur Edmond au théâtre du Palais Royal. La pièce raconte la création de Cyrano de Bergerac, avec les doutes de Rostand, et les conditions incroyables - improbables, même! - dans lequel ce chef d'oeuvre a été écrit et créé. J'avais adoré le film. Mon camarade ne l'avait pas vu, mais il souhaitait découvrir la pièce. Parfait! 
 

Décembre 1897, Paris. Edmond Rostand n'a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup d'angoisses. Il n'a rien écrit depuis deux ans. En désespoir de cause, il propose au grand Constant Coquelin une pièce nouvelle, une comédie héroïque, en vers, pour les fêtes.

Seul souci : elle n'est pas encore écrite. Faisant fi des caprices des actrices, des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme, des histoires de coeur de son meilleur ami et du manque d'enthousiasme de l'ensemble de son entourage, Edmond se met à écrire cette pièce à laquelle personne ne croit. Pour l'instant, il n'a que le titre : Cyrano de Bergerac.

 
Ce fut une pièce comme mon camarade et moi les aimons : du monde sur scène, des costumes, des décors, de l'inventivité dans la mise en scène pour placer les différents lieux et changements de personnages sans altérer le cours de l'action. Quelle fluidité ! Edifiant en tant que passionnés de la scène, magique en tant que spectateur. Bien sûr, pour ceux comme moi qui ont vu le film, il reste assez peu de surprises dans les situations et les effets comiques, mais nous avons passé une belle soirée, drôle et enlevée, en compagnie des mots de Rostand. Que voulez-vous, il est des choses auxquelles je ne résiste pas...
 
Galvanisés par cette première découverte, nous décidons de poursuivre notre festival aoûtien privé en allant voir les autres pièces à l'affiche d'Alexis Michalik. 
 
ACHETER 
billets pour le spectacle
Le texte de la pièce
l'adaptation de la pièce au cinéma
 
Le Porteur d'Histoire
 
Affiche le Porteur d'Histoire - Alexis Michalik - théâtre des béliers parisiens

 

C'est donc avec enthousiasme que nous franchissons les portes du Théâtre des Béliers, la semaine suivante, pour assister à une représentation du Porteur d'histoire la toute première pièce d'Alexis Michalik : ici, on parle d'Histoire. Avec un grand H.
 

Par une nuit pluvieuse, au fin fond des Ardennes, Martin Martin doit enterrer son père. Il est alors loin d'imaginer que la découverte d'un carnet manuscrit va l'entraîner dans une quête vertigineuse à travers l'Histoire et les continents.

Quinze ans plus tard, au coeur du désert algérien, une mère et sa fille disparaissent mystérieusement. Elles ont été entraînées par le récit d'un inconnu, à la recherche d'un amas de livres frappés d'un étrange calice, et d'un trésor colossal, accumulé à travers les âges par une légendaire société secrète.

 
Et finalement, non, pas vraiment d'Histoire. On parle plutôt de cette série de petites histoires qui finissent par former la grande, et qui sont toujours, toujours, toujours sujettes à point de vue personnel. Un fait est un fait. Une date est une date. Mais la façon dont on va expliquer la succession des événements, les raisons qui poussent telle ou telle personne à telle ou telle action découlent forcément d'une certaine interprétation. Et un historien, si opiniâtre et objectif qu'il souhaite être, est avant tout un conteur : la façon dont il dit et transmet les faits relève forcément du personnel. 
 
C'est cela que Le Porteur d'Histoire nous raconte. Un fait divers, un mystérieux carnet, une voyageuse au nom de famille effacé de l'histoire, un écrivain rencontré dans une diligence, une guerre décidée dans un salon un soir de Saint Sylvestre... est-on dans la fiction, ou dans l'Histoire ? Un peu des deux, probablement, si tant est qu'il existe une limite vraiment nette...
 
Côté texte et mise en scène, nous commençons à dégager des similitudes : on y retrouve une grande fluidité avec cette capacité de changer de lieu et de personnages sans même que l'on s'en rendre vraiment compte. Une coiffure, un accent, une veste, suffisent pour que jamais le spectateur ne se perde dans la chronologie des différents événements : il ne sont que 5 sur scène, et ce sont pourtant pas moins d'une douzaine de personnages qui prennent vie sous nos yeux. 
 
Après ces deux très belle soirées, nous étions donc plus que jamais décidés à poursuivre notre périple théâtral avec cet auteur.
 
ACHETER 
billets pour le spectacle
le texte de la pièce
 
Le Cercle des illusionnistes
 
Affiche Edmond, Cercle des Illusionnistes - Alexis Michalik - théâtre de la Renaissance

Cette fois-ci, c'est le théâtre de la Renaissance - où plane encore l'ombre de la grande Sarah - qui nous ouvrait ses bras. 

 

En 1984, alors que se déroule le championnat d'Europe des Nations, Décembre vole un sac dans le métro.

Dans le sac, il trouve la photo d'Avril jolie. Il la rappelle, ils se rencontrent dans un café. Il va lui raconter l'histoire de Jean-Eugène Robert-Houdin, horloger, inventeur, magicien du XIXe siècle. Cette histoire les mènera tous deux sous le coffre de la BNP du boulevard des italiens, dans le théâtre disparu de Robert-Houdin, devant la roulotte d'un escamoteur, derrière les circuits du Turc mécanique, aux prémices du kinétographe, et à travers le cercle des illusionnistes.

 
Après le théâtre et l'histoire, c'est donc au tour de  la magie d'être sous les feux des projecteurs. Cette envie de croire à l'impossible, à ce qui défie notre raison logique, quand bien même nous pressentons qu'il y a "un truc". Une plongée dans l'imaginaire de ceux qui ont voulu faire rêver, en gardant leur âme d'enfant, s'étonnant, étonnant les autres à leur tour. 
 
Ce qui me plaît chez le dramaturge Michalik, c'est avant tout la mise en avant de ces hasards qui changent une vie : un incident, une rencontre, une lecture, une erreur, un retard. Dans ce mélange de fiction et d'histoire, comme dans la vie réelle, j'aime l'idée que certaines choses a priori insignifiantes puissent nous faire aller vers quelque chose de plus grand, de plus beau... pourvu qu'on sache les saisir au vol ! Sous sa casquette de metteur en scène, j'aime la façon très particulière dont les changements de décor et de costumes se font - souvent à vue - dans une sorte de ballet montrant des ficelles que l'on oublie entièrement dès lors que l'on se retrouve happé par l'histoire.
 
Autant vous dire que j'attends avec impatience de pouvoir découvrir le quatrième et tout dernier spectacle de cet auteur, metteur en scène - et comédien - intitulé Intra Muros  qui se donnera à nouveau à partir du 20 septembre au théâtre de la Pépinière. Et qui sait, un jour avoir l'occasion de travailler ses textes !  
 
 
Un grand merci à Ben pour son idée et sa joyeuse compagnie ! 
 
Retour à l'accueil