le cercleDe Bernard Minier

aux éditions XO

Un coup de fil surgi du passé, un e-mail énigmatique, qui signe peut-être le retour du plus retors des serial-killers, pré­ci­pi­tent le com­man­dant Martin Servaz dans une enquête dan­ge­reuse, la plus per­son­nelle de sa vie.

Un pro­fes­seur de civi­li­sa­tion anti­que assas­siné, un éleveur de chiens dévoré par ses ani­maux… Pourquoi la mort s’acharne-t-elle sur Marsac, petite ville uni­ver­si­taire du Sud-Ouest, et son cercle d’étudiants réu­nis­sant l’élite de la région ?

Confronté à un uni­vers ter­ri­fiant de per­ver­sité, Servaz va rou­vrir d’ancien­nes et ter­ri­bles bles­su­res et faire l’appren­tis­sage de la peur, pour lui-même comme pour les siens.

 

Il est des fois où je peine à rassembler mes pensées pour les constituer en critique, si possible constructive. C'est le cas pour cet ouvrage, avec la difficulté supplémentaire du genre, qui est loin de compter parmi mes favoris.

Car de prime abord, ce roman semble être construit sur l'antagonisme entre l'opiniâtre policier et le diabolique criminel. Rien que de très classique, en somme. Puis, peu à peu, cette apparence de banalité s'écaille et l'histoire emprunte des chemins inattendus qui aiguisent l'intérêt du lecteur. 

La construction, que l'on sent méthodique et étudiée, sait maintenir le suspense jusqu'au dénouement final. Ici, pas de twist alambiqué, mais une cohérence dont les éléments s'assemblent page après page. Une fin relativement peu spectaculaire, mais qui recèle quand même quelques surprises. Un résultat qui est donc à mon goût.

A vrai dire, la seule chose que j'ai vraiment à reprocher à cette histoire, c'est l'impression que tous les personnages ont été traumatisés. Je comprends bien que le roman s'attache à dévoiler les fêlures de ses personnages, mais  on a ici l'impression qu'aucun d'entre eux n'a eu une vie ordinaire. C'est un peu trop pour vraiment s'y attacher.

Ce qui fonctionne dans cet ouvrage, au final, c'est l'alchimie générale: une écriture au cordeau qui sait ménager ses effets, une ambiance oppressante. Enfin, une histoire assez peu linéaire qui tisse une solide toile narrative. En un mot : efficace.

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 4/5

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Au début, elle avait exploré sa cage, guetté le moindre bruit. Elle avait cherché le moyen de s'évader, la faille dans son système, le plus petit relâchement de sa part. Puis elle avait cessé de s'en préoccuper. Il n'y avait pas de faille, il n'y avait pas d'espoir. Elle ne se souvenait plus combien de semaines, de mois s'étaient écoulés depuis son enlèvement. Depuis sa vie d'avant. Une fois par semaine environ, peut-être plus, peut-être moins, il lui ordonnait de passer le bras par le judas et lui faisait une injection intraveineuse. C'était douloureux, parce qu'il était maladroit et le liquide épais. Elle perdait connaissance presque aussitôt et, quand elle se réveillait, elle était assise dans la salle à manger, là-haut, dans le lourd fauteuil à haut dossier, les jambes et le torse attachés à son siège. Lavée, parfumée et habillée... Même ses cheveux fleuraient bon le shampooing, même sa bouche d'ordinaire pâteuse et son haleine qu'elle soupçonnait pestilentielle le reste du temps embaumaient le dentifrice et le menthol. Un feu clair pétillait dans l'âtre, des bougies étaient allumées sur la table de bois sombre qui brillait comme un lac, et un fumet délicieux s'élevait des assiettes. Il y avait toujours de la musique classique qui montait de la chaîne stéréo. Comme un animal conditionné, dès qu'elle entendait la musique, qu'elle voyait la lueur des flammes, qu'elle sentait les vêtements propres sur sa peau, elle se mettait littéralement à saliver. Il faut dire qu'avant de l'endormir et de la sortir de son cachot, il la faisait toujours jeûner pendant vingt-quatre heures.

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