réparation colombe-schneckDe Colombe Schneck

aux éditions Grasset

Je me suis d'abord trompée.
Je me disais c'est trop facile, tu portes des sandales dorées, tu te complais dans des histoires d'amour impossible, tu aimes les bains dans la Méditerranée et tu crois qu'une fille comme toi peut écrire sur la Shoah ? Car c'est bien de cela qu'il s'agit. La petite Salomé, dont ma fille a hérité du beau prénom, mon arrière grand-mère, mes oncles et tantes, mes cousins, vivaient en Lituanie avant la guerre. Ils appartenaient à une communauté dont il ne reste rien. » Que s'est-il vraiment passé dans le ghetto de Kovno en 1943 ? Et pourquoi cette culpabilité en héritage ?

 

La Shoah, sujet douloureux s’il en est. Je pensais, sinon tout en connaître, du moins en avoir une vision d’ensemble relativement correcte. En suivant l’auteur, remontant le fil de son histoire familiale, j’ai découvert encore beaucoup de choses, notamment sur les Juifs de Lituanie, dont 95%, ont été exterminés sous l’occupation nazie. Ce que j’ignorais, en revanche, c’est l’existence d’une Shoah « par balles ». Cette méthode a été largement utilisée en Lituanie, avant que le pouvoir nazi ne s’émeuve du traumatisme psychologique causé par l’acte de fusillement chez les bourreaux. Les Juifs seront donc ensuite expédiés vers les chambres à gaz.

C’est dans ces chambres à gaz qu’a disparu une partie de la famille de l’auteur. Elle s’intéresse à leur sort en s’attachant à recueillir les témoignages des autres, les survivants, qui ont échappé à la mort car jugés assez solides pour être exploités en camp de travail. Elle découvre des secrets de famille, de ceux qu’on ne peut juger mais avec lesquels il a fallu vivre.

Si ce livre aurait sans doute gagné à être un peu plus concis, car il contient finalement de nombreuses redites, la lecture en est en revanche très fluide. Le ton n’est pas revendicatif ou amer, il s’apparente à celui d’une journaliste qui enquête, mais se centre davantage sur son parcours personnel par rapport à cette histoire. Vers les dernières pages, elle a une réflexion intéressante sur les vérités que l’on peut asséner lorsqu’on parle d’histoire. Des phrases parfois contradictoires, et qui pourtant ont toutes eu une réalité en fonction des gens, des lieux. Il serait dommage de réduire l’histoire à quelques grandes lignes de pensée unique, comme on voudrait nous le faire croire aujourd’hui, à donner dans le manichéisme, le jugement facile et le politiquement correct.

Au-delà de l’aspect historique, c’est toute la question de la mémoire et des secrets de famille qui est ici abordée. Comment une jeune femme qui n’a finalement pas connu ce traumatisme finit par s’approprier une part de cette souffrance, comment elle cherche à savoir, pour retrouver la paix. Sa quête est peuplée de gens ordinaires pris aux mailles de circonstances particulières, de fantômes d’enfants, de héros anonymes.

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 4/5

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