De l eau pour les elephants sara gruen couvertureDe Sara Gruen

 

Ce roman pas comme les autres a une histoire exceptionnelle : en quelques mois, il a fait d’un auteur inconnu un véritable phénomène d’édition, le coup de coeur de l’Amérique. Durant la Grande Dépression, dans les années 1930, les trains des petits cirques ambulants sillonnent les États-Unis. Jacob Jankowski, orphelin sans le sou, saute à bord de celui des frères Benzini et de leur « plus grand spectacle du monde ». Embauché comme soigneur, il va découvrir l’envers sordide du décor. Tous, hommes et bêtes, sont pareillement exploités, maltraités.


Sara Gruen fait revivre avec un incroyable talent cet univers de paillettes et de misère qui unit Jacob, Marlène la belle écuyère, et Rosie, l’éléphante que nul jusqu’alors n’a pu dresser, dans un improbable trio.


Plus qu’un simple roman sur le cirque, De l’eau pour les éléphants est l’histoire bouleversante de deux êtres perdus dans un monde dur et violent où l’amour est un luxe.

 

C'est en entendant parler à la télévision du prochain film de Robert Pattinson que son titre m'a rappelé quelque chose... Après réflexion, j'ai extirpé de ma bibliothèque le dernier ouvrage "chassé" en bookcrossing. Bingo !

Projetant d'aller voir le film, je me suis dit que, puisque je l'avais sous la main, autant lire le livre avant.

Et j'ai immédiatement accroché. Par un procédé, certes fort commun mais extrêmement efficace pour peu qu'on l'utilise à bon escient, le premier chapitre est un morceau d'un autre chapitre, presque à la fin de l'histoire. Le lecteur voit se mettre en place sous ses yeux les éléments qui vont mener à l'inexorable débandade finale.

Les années 30, la prohibition, servent de décor à de belles histoires humaines, mais aussi aux plus terribles. Comme un enfant, le lecteur se laisse embarquer dans cet univers féérique du cirque. Mais derrière les paillettes et le glamour, en coulisses, il découvre la réalité des travailleurs, glauque, sale, puante.

C'est bien écrit, c'est prenant, c'est tout simplement magique et magnifique. Le décor, les personnages complexes, l'époque, l'univers du cirque, des sentiments forts : tous les ingrédients sont effectivement réunis pour faire un bon film. Selon les premières critiques que j'ai lues, le film qui vient de sortir n'est pas terrible, mais la reconstitution de l'époque est très bonne. Je vous dirai cela dans quelques jours...
 

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 5/5
 

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Un tonnerre d’applaudissements retentit sous le grand chapiteau,et l’orchestre enchaîna aussitôt sur la Valse de Gounod. D’instinct, je me suis tourné vers la ménagerie, car c’était à ce signal que l’éléphante entrait en piste. Soit Marlène s’apprêtait à monter sur la tête de Rosie, soit elle s’y trouvait déjà.
– Il faut que j’y aille, dis-je.
– Reste, dit Grady. Mange ! Si t’as l’intention de filer, t’auras peut-être pas l’occasion de bouffer avant longtemps.
Au même instant, l’orchestre marqua un arrêt discordant.
Cuivres, bois et percussions entrèrent dans une horrible collision : trombones et piccolos dérapèrent, un tuba fit un couac, et l’écho d’un éclatant coup de cymbale traversa la toile du grand chapiteau pour aller se perdre dans l’atmosphère.
Grady, qui était penché sur son hamburger – petits doigts en l’air, lèvres étirées – se figea.
Autour de moi, plus personne ne bougeait – tous les regards étaient tournés vers le grand chapiteau. Quelques
fétus de paille virevoltèrent paresseusement au-dessus de la terre battue.
– Quoi ? Qu’y a-t-il ? dis-je.
– Chut !
L’orchestre se remit à jouer, cette fois l’hymne national. Grady flanqua son hamburger dans son assiette pour se lever d’un bond, renversant le banc.
– Oh, merde. Merde !
– Quoi ? Quoi ? criai-je, car déjà il partait en courant.
– « La Marche de la Catastrophe » ! hurla-t-il par-dessus
son épaule.
Le cuistot, lui, arrachait son tablier.
– Qu’est-ce qu’il raconte ?
– « La Marche de la Catastrophe »... C’est pour signaler que quelque chose tourne mal. Très mal.
– C’est-à-dire ?
– Qu’est-ce que j’en sais ? Le chapiteau a pris feu, les chevaux ont paniqué... Oh, Jésus ! Et ces pauvres « paysans » qui se doutent sûrement de rien...
Il plongea la tête sous le volet supérieur de la porte et décampa.
Les vendeurs de bonbons sautaient par-dessus leurs comptoirs, des manoeuvres sortaient en titubant d’une tente, des « tchécos » sprintaient à travers le champ de foire. Tous ceux qui étaient associés aux Frères Benzini – Le Plus Grand Spectacle du Monde – se ruaient vers le grand chapiteau.
Diamond Joe me doubla au grand galop.
– Jacob, c’est la ménagerie ! Les bêtes sont lâchées. Va, va, va !

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