Affiche exposition Courants verts à la fondation EDF

A la fondation EDF 

Du 16 septembre 2020 au 31 janvier 2021

Depuis quelques temps déjà, je fréquente régulièrement les allées de la Fondation EDF. Un lieu assez méconnu, qui pourtant recèle de surprenantes expositions. En 2017, par exemple, Game revenait sur l'évolution du jeu vidéo. L'année suivante, La Belle Vie Numérique proposait les oeuvres de tout un panel d'artistes qui travaillent sur les questions liées au numérique. 

C'est dans la même logique que s'est ouvert il y a une dizaine de jours l'exposition Courants verts - Créer pour l'environnement - qui regroupe les oeuvres d'artistes qui mettent la question environnementale au cœur de leur travail. Un ensemble éclectique, qui, de mon point de vue, fait tout son intérêt.   

L'exposition a été divisée en trois espaces, réunissant les oeuvres en fonction de leur impact : Avertir, Agir, Rêver. Et il est vrai que l'engagement artistique en faveur de l'environnement peut prendre des formes très différentes. 

Exposition Courants verts - créer pour l'environnement à la fondation EDF, Paris

Avec Avertir, il y a l'idée de la prise de conscience, d'une constatation. La faune et la flore disparaissent, la monoculture ravage les terres et la vie des communautés agricoles, les terres s'assèchent, les coraux meurent.   

C'est dans cette catégorie que se trouve par exemple, l'oeuvre Stranded de Ackroyd & Harvey, deux artistes britanniques : en décorant de cristaux les os d'un cétacé échoué, ils évoquent autant le destin d'animaux perturbés par le réchauffement climatique et l'activité humaine, que leur valeur environnementale. 

"Stranded" by Ackroyd and Harvey - Exposition courants verts - fondation EDF

Dans Agir, il y a l'idée que l'artiste peut également être artisan du changement, au travers de son art. Souvent, ces oeuvres sont à la frontière entre l'art et la technologie.

Par exemple, Solar igloo, du collectif franco-canadien Couturier Lafargue, est un abri public en forme d'igloo qui rafraîchira les passants dans les villes caniculaires. Un système alimenté avec des panneaux solaires pour une technologie qui fabriquera du froid avec du chaud. 

Solar igloo de Couturier Lafargue - exposition courants verts

Ou encore, ce projet un peu fou mais terriblement attachant de Jérémy Gobé, qui met en relation les coraux et les textiles. A l'origine : des rencontres dans des usines en instance de fermeture - dont les ouvriers lui confient les chutes de tissu restantes - une passion pour les coraux et la découverte stupéfiante d'un point de dentelle du Puy en Velay - dit "point d'esprit" - dont la structure est similaire au squelette d'un certain type de corail.

Mélangez l'ensemble, et vous obtenez Corail Artefact : une série d'oeuvres recouvertes d'un tissu biodégradable conçue tout spécialement pour être immergées et favoriser la captation des larves de corail et permettre une régénération plus efficace et rapide des récifs dans les zones où ces derniers sont en danger. 

Mais vous l'aurez peut-être deviné par avance, la partie qui m'a plu le plus, c'est Rêver !  Un volet qui explore les visions d'artistes qui puisent dans la nature leur démarche artistique même, ou les matériaux de leur travail, imaginant une harmonie entre l'homme et l'artiste, quitte à frôler l'utopie ou la folie douce.

Et vous le savez peut-être, dans ma relation compliquée avec l'art contemporain, j'ai un penchant pour les oeuvres qui maintiennent une forme d'esthétisme, mais encore davantage pour celles qui développent une dimension onirique. En plein dans le mille ! 

J'ai beaucoup aimé les robes végétales de Nicole Dextras. Sur celle qui était exposée, j'ai tout particulièrement admiré le délicat travail du col, tressé de feuilles, de fleurs séchées et de plumes. 

Mais mon oeuvre chouchoute, parce qu'il en faut bien une, c'est incontestablement When the Bark of the Birchtree is Singing -  littéralement, "Quand l'écorce du bouleau chante" de Nathan Grimes.

Ce plasticien, également poète et musicien, combine ces trois facettes en une oeuvre singulière : en superposant les marques d'une écorce de bouleau à un poème de Lucy Larcom évoquant cet arbre, puis à une grille permettant de générer des notes de musique, il crée une oeuvre musicale chantée, correspondant à cet unique morceau d'écorce. Une oeuvre que je ne peux donc vous montrer, et qu'il vous faudra aller écouter sur place ! 

When the Bark of the Birchtree is Singing de Nathan Grimes, exposition courants verts fondation EDF

Alors voilà, comme souvent dans ce genre d'exposition qui présente le travail d'autant d'artistes, il y a des procédés, des oeuvres, des concepts, des démarches qui nous touchent plus ou moins, en fonction de notre sensibilité. Tout l'intérêt est justement de découvrir, autour d'un thème donné, la diversité des approches. 

Et cerise sur le gâteau, les expositions de l'espace fondation EDF sont gratuites ! 

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi  3,5/5

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Catalogue de l'exposition
L'ouvrage "Un art écologique", du commissaire d'exposition Paul Ardenne
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