A l'Institut du Monde Arabe

Jusqu'au 6 mars 2016

Vers le milieu des années 90, je découvre l'Égypte antique au travers d'une émission télévisée qui réunit, entre autres, Christiane Desroches Noblecourt, Jean-Yves Empereur et Jean-Pierre Corteggiani fouillant les eaux au large d'Alexandrie à la recherche du phare, mais également des restes de la cité antique. C'est avec fascination que je vois alors apparaître au fond de l'eau des statues monumentales ou des objets d'un autre temps, extirpés de leur gangue de vase puis ramenés à la surface.


Pour la gamine que j'étais, c'est le début d'une période de plusieurs années d'égyptomanie, passée à dévorer les beaux livres et les romans : je recopie alors les hiéroglyphes dans l'espoir de savoir un jour reconnaître le nom des grands pharaons, et je tombe amoureuse de Ramsès et de Toutankhamon, du moins ceux de Christian Jacq. En somme, je me passionne pour cette civilisation au point d'envisager d'en faire mon métier, me rêvant creusant le sable du désert pour en extirper quelque tombeau splendide et inconnu ou quelque objet spectaculaire.

Depuis, naturellement, cette folie s'est quelque peu apaisée, mais un certain frisson me parcourt encore lorsque le sujet refait surface à l'occasion de l'annonce d'une découverte ou d'une grande exposition. Déjà, en 2007, la visite de l'exposition Trésors engloutis d'Egypte au Grand Palais - chroniquée sur ce blog et occasion de me rendre compte à quel point mon écriture a évolué depuis - m'avait permis de me replonger dans mes souvenirs. C'est donc avec une émotion certaine que je pousse la porte de l'Institut du Monde Arabe pour découvrir l'exposition Osiris : mystères engloutis d'Egypte. Suivez-moi !

Avis expo : Osiris - mystères engloutis d'Egypte

Le dieu Osiris est l'un des plus emblématiques de l'Egypte Antique : symbole de renouveau, de renaissance et ancêtre de tout pharaon, il occupe une place à part dans le panthéon égyptien. Il règne sur la fertile vallée du Nil, jalousé par son frère Seth, le redoutable maître du désert. Ce dernier réussit à le vaincre, et le tue, éparpillant des morceaux de son corps aux quatre coins de l'Égypte. C'est alors qu'Isis, l'épouse - et soeur - d'Osiris, entreprend de parcourir le royaume afin de réunir les restes de son mari défunt. Grâce à sa magie, elle parvient à lui redonner vie le temps de concevoir un fils, Horus, qui succède alors à son père et vainc Seth. C'est cette histoire qui sera rejouée pendant toute l'ére pharaonique, donnant lieu à des fêtes et des rituels complexes. Répétés chaque année après la crue du fleuve, ces Mystères d'Osiris étaient censés assurer la préservation de l'ordre cosmique et le maintien de la prospérité.

L'exposition nous fait pénétrer dans le secret de cette légende, au travers d'oeuvres découvertes en baie dAboukir, à l'endroit où se dressaient autrefois les cités de Thônis-Héracléion et de Canope. Ces objets, qui dormaient au fond de l'eau, sont complétés par d'autres, découverts à terre, issus des collections de grands musées égyptiens. Statues monumentales, bijoux et objets d'art d'une grande qualité d'exécution y côtoient des objets plus modestes, présentés pour leur fonction utilitaire. 

Avis expo : Osiris - mystères engloutis d'Egypte

Le visiteur est ici invité à découvrir la légende d'Osiris - mais également les dieux qui y sont associés - et initié au déroulement des fameux Mystères, grâce à la présentation de nombreux objets du culte témoignant de la dévotion des prêtres autant que des fidèles. Il prend surtout conscience de l'importance de ce récit fondateur, en constatant tout le soin apporté par les dynasties successives - y compris étrangères - à se placer dans la lignée d'Osiris.

Fait  assez rare pour être signalé - et salué - les termes techniques employés sur les cartels sont explicités. Ainsi, si l'on utilise les mots phiale ou situle, on précise que le premier est une coupe peu profonde servant aux libations, et que la deuxième est un petit récipient rituel muni d'une anse servant à transporter de l'eau. Cela n'a l'air de rien, mais lorsque vous cherchez à comprendre un objet et que l'écriteau ne vous mentionne que son nom - qui ne vous apprend rien de plus si vous n'êtes pas familier avec certaines terminologies - une exposition peut vite perdre de son intérêt. De même, le nom d'un dieu peut être accompagné d'éléments iconographiques permettant de l'identifier par la suite. Tout est ainsi fait pour que le néophyte s'y retrouve, autant que l'initié. A noter également : l'audioguide - qui se fait vidéoguide à l'occasion - est compris dans le tarif d'entrée, ce qui peut expliquer un prix un peu élevé de prime abord.

Une exposition très intéressante, accessible, et à la scénographie agréablement immersive, présentant de nombreux objets de toutes sortes et abondamment commentée.

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 4,5/5

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