Avis expo : Il était une fois l'Orient-Express
A l'institut du monde arabe
jusqu'au 31 août 2014
C'est en tordant, une fois encore le cou à mes bonnes résolutions - celles d'arrêter de voir les expositions au dernier moment - que j'ai couru voir Il était une fois l'Orient express.
Le titre, à lui seul, évoque les contes - on pense aux Mille et Une Nuits bien sûr - et rappelle à quel point ce train a fait rêver des générations de voyageurs. L'Orient-Express, pour moi, représente l'essence même du voyage, à l'époque où la télévision n'existait pas, et où l'ailleurs avait encore du sens, un train luxueux où les voyageurs rivalisaient d'élégance, bref, un mythe. C'est donc avec une certaine émotion que je monte à bord des trois wagons exposés sur le parvis de l'Institut du Monde arabe. Ne résistant pas à mon tempérament un brin romanesque, je m'imagine au milieu des années folles, coiffée d'un chapeau cloche et d'une robe flottant au vent, embarquant pour un voyage unique vers cet Orient rêvé.
Ce premier wagon rend hommage aux personnalités qui ont emprunté ce train. Artistes, espions, diplomates, écrivains, ils sont tous là : de Joséphine Baker à Baden Powell, en passant par Pierre Loti ou Asmahan, tous semblent avoir quitté leur siège à l'instant. La mise en scène d'objets rappelant ces personnalités, gants, chapeaux, machines à écrire, fumes-cigarettes, journaux d'époque annonçant de grand évènements nous rappelle à quel point ce train a vu défiler l'histoire et les hommes qui l'ont faite.
Quant au deuxième wagon, il s'agit d'un wagon-lit, et si les cabines semblent moins luxueuses, c'est sans doute une affaire de place, car il est évident qu'elles sont très bien agencées, avec un espace cabine, un espace toilette et un espace nuit. Au détour d'une porte entrouverte, nous découvrons un cadavre lardé de coups de couteau, qui nous entraîne vers le troisième wagon, consacré à Agatha Christie, et à son roman Le crime de l'Orient-Express. Car la grande dame du roman policier a arpenté les coursives du célèbre train,
des coupures de journaux annonçant l'Orient-Express bloqué par la neige en 1929 et une photo du bébé de Charles Lindbergh, enlevé puis retrouvé mort en 1932. Et si la voiture bar que nous traversons en dernier n'est pas celle qui a servi à tourner le film de 1974, elle a été reconstituée à l'identique pour servir de décor à l'intrigue. Nous y découvrons également de très beaux décors de bouquets en cristal et poudre d'argent signée René Lalique, également créateur des fabuleuses Naïades aperçues dans le premier wagon.
Nous quittons ensuite le parvis pour poursuivre l'exposition entre les murs de l'Institut. Des informations sur la création de ce train mythique, sur les premiers voyages organisés - pour les voyageurs pouvant s'offrir un tel luxe - et les souvenirs parfois très surprenants qu'ils en ramenaient, comme ces photos en tenues autochtones réalisées en studio. On évoque également l'écart entre l'Orient fantasmé, véhiculé par aventuriers, écrivains et peintres de la fin du 19e siècle, et la réalité - forcément toute relative pour ceux qui logeaient en hôtels de luxe - que découvrent alors les voyageurs. C'est également l'occasion d'admirer des affiches d'époque, de vrais tableaux dont la fonction publicitaire ne parvient pas à gâcher le charme.
La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 5/5