A la cité des sciences et de l'industrie

Du 8 avril 2014 au 4 janvier 2015

Cette exposition est de celles qui sont compliquées à chroniquer. Pourquoi ? Tout simplement car elle présente des artistes très divers sous une même idée. Ici, le titre pose d'emblée une question simple : si l'art est le propre de l'homme, peut-on encore parler d'art lorsque l'oeuvre est créée par un robot, ou lorsque le robot en est un composant essentiel ? 

 

C'est à cette question que le visiteur est invité à réfléchir, tout au long du parcours qui va l'emmener à la découverte d'une dizaine d'artistes aux conceptions radicalement différentes de l'art. A certaines installations oniriques, succèdent des prouesses technologiques étonnantes, et des oeuvres parfois dérangeantes. A chaque visiteur de se faire son idée : qu'est-ce qu'il considère comme de l'art ? Quelle est la frontière, lorsqu'on parle de robotique, entre la dimension purement technique et la dimension artistique?

Pour ma part, j'ai toujours eu la conviction que l'art passait par une dimension esthétique. Je comprends, intellectuellement, les oeuvres qui cherchent à interroger, bousculer ou déranger le public, mais je n'arrive pas à les considérer comme de l'art sans une certaine fascination esthétique au-delà du questionnement ou de la dénonciation. Conception des choses qui me vaut, parfois, quelques discussions animées.

Ainsi, parmi les oeuvres présentées, beaucoup ont retenu mon attention pour leur aspect très graphique : les manèges imaginaires du Centrifuge brain project de Till Nowak, aux plans quasi hypnotiques, Cosmic Birds de Shun Ito, ou les gouttes optiques (Falling light) du collectif Troika. D'autres, comme Nonsense Machines, robots musicaux de Maywa Denki, ou la Matrice liquide 3D de Christian Partos et Shiro Takanaki, ainsi qu'Animaris, de Theo Jansen, sont plus intrigants pour leur aspect très technologique et profondément insolite. Est-ce de l'art, ou simplement une réalisation technique appliquée à un but non fonctionnel ?

Le chemin de Damastès, de Jean-Michel Bruyère me déconcerte plus. Si, à première vue, je ne voyais rien d'artistique dans l'installation même - un alignement de lits d'hopitaux qui s'élèvent et s'abaissent selon un cycle programmé par le créateur - mais, au bout de quelques minutes à l'observer, force est de constater que l'impression de malaise se double d'une sorte de fascination graphique. Est-ce de l'art ? Si je ne peux pas dire que j'ai aimé cette oeuvre, c'est en revanche celle qui m'a fait me poser le plus de questions, tant je la sentais en plein centre de ma fameuse frontière art/non art.

Enfin, trois oeuvres manquent encore à l'appel de cet inventaire : The project of seeking for cooperation with scientific teams, de Lu Yang, est une série de projets que j'ai trouvé plutôt malsains et n'y ai rien vu qui s'apparente, de près ou même de loin à de l'art (appréciation toute personnelle, bien entendu). Je n'ai pas non plus vu l'intérêt artistique de The Big Picture, de Robotlab, où un robot reproduit une image point par point, de façon aléatoire. Quant à la dernière, la fameuse Totemobile de Chico MacMurtrie qui figure sur l'affiche, je ne l'ai malheureusement pas vue en mouvement, puisqu'elle n'est animée qu'une fois par heure, et que j'ai manqué le créneau.

Cette exposition m'a donc, vous l'aurez compris, particulièrement plu dans son ensemble, malgré quelques artistes dont je n'ai pas compris la démarche. Par son éclectisme, elle s'avère très intéressante, car elle donne à voir plusieurs conceptions de l'art moderne, et en révèle les aspects parfois très mécaniques, la beauté, ou, selon moi, l'absurdité. Cette exposition m'a parue remarquable par sa capacité à aiguiser ma curiosité et à pousser un peu plus loin ma réflexion sur l'art en général, alors que je ne suis dans l'ensemble pas vraiment sensible à l'art contemporain. Une visite par conséquent très surprenante !

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 4/5

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