De Gaetano Donizetti 

A l'Opéra de Paris 

Direction musicale : Riccardo Frizza

Mise en scène : Andrei Serban 

 

Distribution 

Lucia : Pretty Yende 

Edgardo Di Ravenswood : Piero Pretti 

Enrico Ashton : Artur Rucinski 

Arturo Bucklaw : Oleksiy Palchykov

Raimondo Bidebent : Rafal Siwek 

Alisa : Gemma Ní Bhriain 

Normanno : Yu Shao 

Orchestre et choeurs de l'Opéra national de Paris 

 

J'aime beaucoup Donizetti : c'est avec lui que j'ai fait l'expérience de ma première grande révélation lyrique, il y a quelques années, avec la fabuleuse Fille du régiment portée par Nathalie Dessay et Juan Diego Florez, confirmée en mai dernier avec la superbe Lucia de Lammermoor donnée en version de concert au Théâtre des Champs-Elysées, avec Diana Damrau dans le rôle-titre. Une soirée que j'ai malheureusement eu la faiblesse de ne pas chroniquer, mais qui m'avait vraiment fait aimer cette oeuvre. Une émotion que j'espérais doublée ici par le supplément de vie amené par la mise en scène - vous savez à quel point cet aspect compte pour moi - et par un placement en salle sensiblement meilleur que d'habitude. 

Les spectateurs plongent donc dans cette histoire d'amour, de famille et d'honneur - le genre de choses avec lesquelles on ne rigole pas à l'opéra - auxquelles on rajoute une pincée de clichés bien écossais : une nuit d'orage, des clans ennemis et un fantôme, entre autres : autant d'ingrédients qui promettait de nous transporter ailleurs le temps d'un drame puissant 

Mais dès les premières minutes, les choses se gâtent, dès lors que la scène s'anime pour dépeindre une salle de gymnastique militaire : se mêle alors à la musique de Donizetti une cacophonie de métal. Si le cliquetis des épées qui s'entrechoquent est relativement inoffensif, d'autres sons, plus agressifs, perturbent durablement l'écoute : des chaînes et des éléments de métal que je n'ai pas réussi à identifier sont jetés au sol (peut-être des douilles de balles?). Sans être puriste, cela part déjà plutôt mal en ce qui me concerne.

J'imaginais que les choses s'arrangeraient par la suite, mais, soyons honnêtes, côté mise en scène, je ne serai pas plus convaincue que cela : les intentions, les déplacements semblent artificiels, et rien ne m'apparaît comme crédible, malgré mon envie désespérée (et désespérante?) d'y croire. Malheureusement, à chaque fois que j'arrive à me raccrocher à quelque chose, une autre vient briser ce fil ténu. Une mise en scène, qui, sans être proprement absurde, m'a semblé sans but, si ce n'est placer les chanteurs dans les positions les plus inconfortables qui soient pour chanter, qu'ils s'élèvent sur une balançoire, ou sur des bancs à bascule, ou encore en équilibre sur des structures à plusieurs mètres du sol, pour un intérêt dramatique quasi nul. 

Mais, me direz-vous, et les chanteurs ? Voici bien l'élément crucial dont il faut traiter ici plutôt que de la mise en scène ! A vrai dire, si j'ai tardé à les évoquer, c'est bien pour repousser ce moment où je vous avoue, à l'inverse de toutes les critiques dithyrambiques que j'ai lu sur le rôle titre, que la Lucia de Pretty Yende m'a laissé indifférente. 

Ne croyez pas par là que je ne lui trouve pas une jolie voix - je serais bien en peine de faire la moitié du quart de ce qu'elle fait - mais elle ne me touche absolument pas. Ce qui m'a frappé, c'est cette impression qu'elle ne va pas jusqu'au bout de ses phrases, avec la dernière syllabe qui tombe souvent. Une sensation était d'autant plus tenace  qu'il s'agit d'un défaut que l'on m'a assez reproché - et que l'on me reproche encore assez - pour que j'y sois particulièrement sensible. De nombreux autres spectateurs en ont eu une analyse entièrement différente, mais voilà, c'est ainsi que je le comprends : d'une façon ou d'une autre, ses notes m'ont semblé belles, mais dénuées d'émotions. 

Le reste du plateau ne m'a pas davantage convaincue à l'exception près de l'Enrico d'Artur Rucinski, sans que je sache ici si c'est mon simple goût pour les voix de barytons qui parle ou un ressenti plus précis. Toujours est-il que sa voix m'a semblé sortir du lot, avec une élocution parfaite, et c'est finalement le seul personnage qui ait suscité chez moi une quelconque émotion. 

Alors voilà. Avec tout ce que j'ai pu lire depuis, j'ai la sensation parfois d'être "passée à côté" de cette Lucia di Lammermoor. J'ai peut-être tout faux, mais je vous livre ce ressenti, tel quel : je m'y suis simplement ennuyée.

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 2,5/5

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