cavalleria_rusticana_mascagni-pagliacci-leoncavallo.jpgCavalleria rusticana, de Mascagni 

Pagliacci, de Leoncavallo 

 

Avec Violetta Urmana, Vincenzo La Scolaavec Vladimir Galouzine et Maria Bayo

direction musicale :  Jesus Lopez Cobos

Mise en scène :  Giancarlo del Monaco

 

 

Continuant ma découverte du monde de l'Opéra (oui, je suis un peu monomaniaque en ce moment) voici une représentation madrilène de deux opéras appartenant au vérisme. Relativement courts, ils sont le plus souvent donnés ensemble. 

Ici, il m'a surtout semblé très intéressant de voir que le metteur en scène a donné deux esthétiques radicalement différentes aux deux opéras. Un décor dépouillé, quasi conceptuel pour Cavalleria rusticana, entièrement en noir et blanc, contre un univers plus doux, aux couleurs délavées, évoquant davantage le sépia pour Pagliacci.

Concernant la qualité vocale, je ne me permettrai pas, une fois de plus, d'émettre une opinion. Côté interprétation et jeu, j'ai découvert en image les airs les plus connus de ces opéras, ce qui m'a permis de mesurer davantage leur force. Vesti la giubba, notamment, est une sorte de the show must go on avant l'heure, si vous me permettez cette comparaison plus populaire : torturé par la jalousie alors qu'il vient de découvrir que sa femme le trompe, le personnage principal doit trouver en lui la force de se prêter au jeu des apparences et de jouer, sur la scène, comme si de rien n'était, le naïf mari trompé.

Vous vous en doutez, le thème de la réalité face au théâtre m'intéresse tout particulièrement, en tant que "théâtreuse". C'est une question fondamentale car, le spectateur le sait, ce qui se passe sur scène n'est que jeu, sous l'apparence trompeuse de la réalité. Pour moi, la scène est comme un espace sacralisé, où l'on n'est plus vraiment soi-même, mais où l'on prête à un personnage son corps, sa voix, ses propres émotions. C'est cela qui va le rendre vivant et crédible. C'est bien là le paradoxe de ce jeu qui peut devenir extrêmement troublant lorsque les frontières entre le personnage et sa propre identité s'estompent. J'en sais quelque chose, et l'on ne m'y reprendra plus.

Naturellement, le thème de cette oeuvre m'a conduit à y apporter un intérêt plus vif qu'à Cavalleria rusticana, mais quelque chose de fondamental les relie, au-delà du fait qu'ils appartiennent au même courant artistique. Imaginez simplement les arguments de ces deux opéras décrits dans les journaux. Qu'y verrions-nous dans les deux cas ? Un homme qui tue l'amant de son épouse, et un autre qui les tue tous deux. De banals faits divers. Mais c'est le propre de l'Art en général, et plus particulièrement de l'Opéra, que de s'attacher à des événements apparemment sordides pour les sublimer grâce à la beauté et à la force des sentiments. A ce titre, ces deux opéras, portés par une mise en scène très réussie et des chanteurs également bons comédiens ont, en ce qui me concerne, pleinement rempli leur office.

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 4/5

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