Au Musée Grévin 

Un samedi soir par mois 

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Le Musée Grévin est un établissement à part. Ici, pas de célèbres oeuvres d'art comme au Louvre, pas de pédagogie historique ni scientifique. Comble du paradoxe : on y trouve que des répliques ! Mais que vient donc y chercher le visiteur ? 

Pour répondre à cette question, peut-être faut-il revenir aux sources de ce qui a fait le succès du Musée Grévin dès son ouverture en 1882. Jusque-là, toutes les tentatives d'ouvrir à Paris un musée de cire comparable à celui de Madame Tussaud, à Londres, s'étaient soldés par des échecs commerciaux.

 

L'idée qui va tout changer vient d'un dénommé Arthur Meyer, directeur du quotidien Le Gaulois. A une époque où la photographie n'est pas encore la norme dans la presse, Meyer imagine un lieu qui permettrait à ses lecteurs de découvrir le visage des célébrités évoquées dans son journal. Il s'associe alors avec le sculpteur Alfred Grévin pour ouvrir ce musée qui connaît un succès immédiat.  

C'est peut-être donc cela, l'attrait renouvelé du Musée Grévin : voir "presque en vrai" des célébrités que l'on observe habituellement de loin. Avec l'avènement de la photographie, d'Internet et de l'omniprésence des images, on pourrait croire que l'intérêt pour Grévin aurait décru, mais il n'en est rien : plus de 800 000 visiteurs par an se pressent pour découvrir les quelque 250 statues installées en salles d'exposition.

Il y a quelque chose de particulier à contempler une image de cire, entre "vallée de l'étrange" - théorie selon laquelle un objet trop humain génèrerait une forme de malaise - et qualité de la réalisation artistique. Car rappelons-le : chaque statue est une oeuvre d'art à part entière, qui demande plus de six mois de travail. Mais à observer les visiteurs, il devient clair que leur enthousiasme vient d'ailleurs : la satisfaction de reconnaître un visage connu, la curiosité d'en comparer la stature - "tiens je le voyais moins grand" - et bien entendu, à l'ère où le selfie a remplacé l'autographe... la possibilité de se prendre en photo avec ! 

A vrai dire, quand on m'a proposé de découvrir à nouveau Grévin - que j'avais visité pour la dernière fois il y a une quinzaine d'années - je ne savais pas à quoi m'attendre. Habituée des musées plus classiques, je m'interrogeais sur l'intérêt pour le visiteur d'une collection comme celle-ci. Une part de moi-même - et croyez-le bien, sans snobisme aucun - s'interroge toujours sur ce que l'on "retire" d'un lieu, que cela soit en termes de connaissances, de beauté, d'émotions ou de divertissement.

Question que je ne me suis pas posée longtemps : l'amie qui m'accompagnait et moi-même - pourtant pas vraiment du genre groupies - avons passé la soirée à passer de statue en statue, multipliant selfies et blagues filmées, dans une sorte de retour en enfance complètement décomplexé.

Ce n'est pas tout : un samedi par mois, les lieux s'animent davantage avec "La Nuit au Musée". Dans les différents espaces d'exposition - monde du cinéma, artistes français, politiques, sportifs, musiciens, stars internationales - des danseurs, comédiens, chanteurs ou magiciens mettent de la vie au milieu de toutes ces figures immobiles et silencieuses.  

Une visite ponctuée d'instants de rires et de moments oniriques. J'ai particulièrement aimé l'accueil en musique façon Broadway, la vraie-fausse visite guidée, et les marionnettes vivantes s'animant dans l'écrin du petit théâtre. Malgré mes doutes, je n'ai pas boudé mon plaisir, et nous avons passé une bonne soirée. 

Si l'on n'y regarde bien, Grévin reste aujourd'hui ce qu'il a toujours été : un lieu pour approcher les célébrités. Au 19e siècle, on découvrait leur visage, au 21e, on se prend en photo avec. Est-ce plus futile ? Sans doute pas. C'est sans doute ainsi que ce musée à su traverser les époques  : en laissant le visiteur s'approprier à sa manière le contenu des collections. 

 

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi  3,5/5

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