Comédienne, humoriste, dramaturge et metteuse en scène, Sabrine Zayani est actuellement à l'affiche de Divorcés dans l'année - au théâtre Montmartre Galabru - une comédie librement inspirée de sa propre expérience de la vie à deux. Elle a accepté de réponde à mes questions et de nous livrer quelques précisions sur cette pièce, son oeuvre la plus personnelle. 

 

 

Quel est ton parcours théâtral ? 

J’ai grandi en Tunisie, et déjà depuis toute petite, j’imitais beaucoup les gens, les professeurs, les élèves, et je faisais beaucoup de blagues. Au collège, Hichem Rostom, un acteur tunisien très connu, est venu pour nous initier à l’art dramatique et j’ai eu un vrai coup de cœur. Il m’avait notamment emmené pour faire une lecture dans la Médina de Sousse. Pour moi, ça a été un moment très marquant et je me suis dit qu’il fallait vraiment que je creuse ce côté théâtre.

Sauf que dans la ville où j’habitais, il n’y avait pas énormément de possibilités, et après mon bac, je suis venue à Paris. Je me suis inscrite dans la troupe Jean-Pierre Andréani dans laquelle je suis restée 10 ans. Ma prof de théâtre, Hélène Arié, m’a donné envie de jouer mais aussi d’écrire et de mettre en scène.

Donc évidemment j’ai toujours été attirée par l’humour. Même si j’ai aimé jouer dans des tragédies, j’ai quand même une prédisposition à faire rire, a priori.

 

À partir de quand as-tu commencé à écrire tes propres spectacles ?

J’ai écrit mon premier spectacle Crazy girls, une pièce de théâtre, en 2011. Je l’ai laissé de côté et je n’ai jamais pensé qu’il allait prendre vie. En 2014, je me suis lancée dans le stand-up, et fait mes premiers pas au Paname Art Café. Puis en 2015, j’ai écrit mon premier one woman show intitulé Sabrine Zayani lâche les cheve(a)ux.

En 2016, j’ai décidé de faire quelque chose de Crazy Girls, ma première pièce, jamais jouée, et nous l’avons donnée sur trois dates exceptionnelles, en parallèle de l’écriture de mon deuxième one woman show, Incidents Voyageurs, qui s’est joué à la Cible.

Divorcés dans l’année, que nous jouons depuis le 11 janvier au théâtre Montmartre Galabru, est donc ma deuxième pièce de théâtre, et elle est librement inspirée de ma vie.

Si je n’ai pas toujours opté pour la co-écriture, pour ce spectacle en particulier il aurait été impossible de faire autrement. J’avais besoin d’une vraie prise de recul sur un sujet aussi personnel. J’ai choisi Max Lek, humoriste qui avait joué dans Crazy Girls. On a pris un réel plaisir à co-écrire et à se challenger.

 

 

Divorcés dans l’année est, comme tu l’as précisé, une pièce inspiré de ton vécu. Pour toi, est-ce plus facile d’écrire sur une situation familière – en prenant des libertés avec la réalité pour créer un décalage – ou est-ce plus délicat ? Par exemple, est ce que tu as peur de froisser des gens qui pourraient se reconnaître sous le voile de la fiction ?

Il faut savoir que c’est une expérience douloureuse, à la base. En revanche, je trouvais important de pouvoir la dédramatiser, à la fois pour moi, et pour d’autres personnes. D’autres personnes qui divorcent et qui le vivent très mal, surtout quand ça arrive aussi vite après le mariage. Je trouvais important de faire rire les gens de ça, et également d’assumer : aujourd’hui, on nous dit, en tant que femme « ne dis pas que tu es divorcée, il vaut mieux dire que tu es célibataire ». Pourquoi on ne pourrait pas assumer ?

Je savais dès le début du divorce que c’était drôle, même si moi, à ce moment-là je ne rigolais pas. Ecrire ce spectacle était donc, cathartique, pour moi, mais j’avais également vraiment envie d’assumer pleinement ma situation, et que cela permette à d’autres gens de l’assumer. Je ne pense pas que le divorce soit, encore aujourd’hui, en France, un sujet si anodin que cela.

Alors est ce que c’est plus facile ou plus difficile ? D’abord, ici, je joue mon propre rôle, une femme passionnée et prête à tout pour arranger les choses même si j’ai pris de la distance vis-à-vis de la personne que j’étais à ce moment-là.. Ensuite je me suis beaucoup amusée à retranscrire cette réalité parce qu’il y a quand même beaucoup de choses qui sont vraies. Parfois les spectateurs pensent que c’est exagéré, et parfois ça l’est, mais parfois pas. En tout cas, c’est un projet plus personnel que d’habitude, donc en un sens, c’est plus difficile parce qu’il me tient encore plus à cœur et que j’ai envie que tout soit parfait.

 

Tu parles d’un couple et surtout d’un choc des modes de vie. Est ce que c’est un sujet qui t’intéresse en général ou est ce que c’est vraiment à travers ce couple en particulier que tu souhaitais le développer ?

C’est vrai que le décalage, en humour, c’est ce qui fait rire. Dans ma précédente pièce Crazy girls, il y a avait une histoire de séduction entre deux personnages qui n’avaient absolument rien à voir, une bourge coincée et un mec presque hippie.

Mais ce n’est pas ça qui m’a poussé à écrire : pour moi le comique résidait plus dans toute la situation, notamment la façon dont le mari a expliqué les raisons de son mal-être, et tout l’enchaînement après. Elle était là pour moi la dimension comique.

 

 

Parlons du thérapeute que le couple consulte dans Divorcés dans l’année. J’ai eu l’impression qu’il y avait d’un côté le couple, avec des éléments vécus, plus réels, et de l’autre le psy, personnage de pure fiction qui pouvait aller dans tous les excès. Est-ce qu’il est un rappel, une indication que l’on est résolument dans la fiction ?

La réalité c’est que mon ex-mari et moi avons vraiment vu un thérapeute, ou plutôt une thérapeute, et je pense qu’elle était un peu de mon côté et que ça se voyait un peu. Mais ce sont les seuls points en commun avec le spectacle.

L’ambition première de cette pièce est de faire rire. Elle n’est pas le réalisme. Elle est librement basée sur mon expérience donc il y a forcément beaucoup de vrai. Par exemple, côté couple, en termes de sentiments et d’émotions, c’est réel, authentique, il y a une vraie sincérité. Et côté psy, clairement, on espère tous qu’il n’y a aucun thérapeute comme celui-ci autorisé à pratiquer !

Au final, fiction, réalité, tout se mélange. Je trouve cela intéressant que les gens partent avec l’idée de « je ne sais pas si c’est exactement ça qui s’est passé, mais en tout cas, c’est une sacrée histoire ! »

 

Avec la situation sanitaire et les confinements, beaucoup de couples ont été obligés de cohabiter H24 dans le même espace, c’est une situation exceptionnelle. Si Sarah et Sylvain – les personnages de Divorcés dans l’année – avaient été encore ensemble pendant le confinement, comment ça se serait passé pour eux ?

C’est une bonne question parce que de mon côté, j’ai eu de la chance, que mon divorce se soit passé à l’été 2019, juste avant que tout cela commence, je me suis souvent fait la réflexion.

Mais je ne voulais pas parler du confinement dans ma pièce. Je pense qu’on en a tous marre, et même si c’est un sujet d’actualité, moi, en tout cas, je n’avais pas envie d’en parler.

Comment ça se serait passé pour Sarah et Sylvain ? Probablement très très mal. Je dirais qu’il y aurait peut-être même eu un danger de mort ! (rires) Après, ça pourrait être la suite de Divorcés dans l’année, une autre pièce où ils sont confinés ensemble !

 

DIVORCÉS DANS L'ANNÉE

Au Théâtre Montmartre Galabru (Paris 18e) 

Tous les mardis à 19h30 jusqu’au 15 février.
Puis tous les vendredis de mars et avril à 21h30. (Relâche le 15 avril)

Réservations

 

Au Bouffon Bleu à Angers 
Les 27, 28, 29 et 30 avril 

Réservations

 

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