Avis livre : Anatomie d'un choeur
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De Marie Nimier
Aux éditions Folio et Gallimard
Anatomie d'un chœur est l'histoire des rencontres, des conflits, des idylles entre quatre-vingts choristes qui s'aiment, se jalousent, se haïssent et pourtant ne feront qu'une seule voix le soir du concert.L'intrigue épouse le rythme à trois temps des répétitions de la Marche funèbre pour la Mort d'un Nénuphar.
Ce livre a croisé mon chemin au hasard de la bibliothèque partagée de mon immeuble, à un moment où, COVID oblige, mes activités lyriques étaient au point mort. Alors, forcément, Anatomie d'un choeur avait tout pour attirer mon attention.
C'est donc l'histoire d'un choeur, celui des Célestins. Un groupe avec ses individualités, son chef, son couple d'administrateurs, ses chanteurs et ses chanteuses, réunis autour d'une oeuvre complexe, inédite et mystérieuse : la Marche funèbre pour la Mort d'un Nénuphar, d'Alkan.
Curiosité oblige, j'ai cherché si ce compositeur existait vraiment : figurez-vous que oui ! J'ignore si tout ce qui en est dit dans le livre est vrai : en tout cas, une partie semble appartenir à la légende. En revanche, point de Marche funèbre pour la Mort d'un nénuphar dans ses compositions réelles, mais rassurez-vous : il n'est pas impossible que ce fait trouve explication dans le roman.
C'est donc l'histoire d'un chœur et de cœurs que vous rencontrerez ici, au nombre desquels un ténor albinos, une alto violoncelliste à la main verte, un ado élevé sous un arbre à caoutchouc, un marchand de sable, un chef prêt à tout pour sortir son aïeul de l'oubli, un couple d'administrateurs à la relation toxique, des redoutables et frileuses "tricoteuses", ou encore un caniche récalcitrant... Toute une galerie de personnages qui sont ici dépeints avec un style enlevé, presque absurde. Si l'on est clairement dans la fiction - et la caricature - cela ne m'étonnerait pas que certains éléments ne prennent leur source, aussi éloignée soit-elle, dans des faits inspirés de la réalité... foi de choriste !
J'ai beaucoup aimé cette dissection des petites tensions ou alliances qui peuvent s'y tisser ou s'y dénouer : les petites jalousies, les petites crises, les menaces de scissions, parfois, les potins, les doutes, tout ce qui fait finalement la vie d'un groupe, quel qu'il soit. Mais il y a quelque chose de plus. Au delà des individualités, il y a cette magie du collectif qui se cristallise lors des concerts. Ceux qui font du choeur le savent : combien de fois est-on étonné de s'être entendu dire cent fois en répétitions - mais écoutez-vous les uns les autres ! - pour s'apercevoir le jour du concert qu'une harmonie inédite se met - enfin - en place?
La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi 3,5/5
Les choristes essayaient de se ranger devant la porte, selon l'ordre plus ou moins établi lors de la répétition générale de l'après-midi. On se bousculait, on se disputait les meilleures places. Chaque fois, c'était la même chose : il y avait celles qui voulaient être derrière mais qui ne voyaient plus le chef, les myopes qui se mettaient devant et gênaient les petites, et les autres, ni myopes, ni petites, qui se moquaient bien de tout cela et refusaient de bouger. Les Tricoteuses, reléguées sur le côté, se vengeaient en semant la pagaille.
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