Avis théâtre : Le journal d'un fou

Au Théo Théâtre
Du 6 au 15 août 2020 et
du 10 octobre au 19 décembre 2020
D'après l'oeuvre de Gogol
Mis en scène par Stéphanie Slimani
Avec Sylvain Zarli
Un fonctionnaire russe du 19e siècle nous livre ses états d'âme : ses désirs, ses peurs, ses frustrations. On le suit et puis lentement, tel un poison qui rentre à dose homéopathique, il nous fait rentrer dans une autre dimension.
Après avoir passé tout le confinement scotchée à la chaîne web de la Comédie française, j'attendais avec impatience de pouvoir retourner au théâtre.
C'est donc avec un enthousiasme non dissimulé que j'ai sauté sur l'invitation du Théo Théâtre à découvrir des pièces qui auraient dû être présentées au festival d'Avignon cette année. Avec Le Journal d'un fou, je retrouve donc le chemin des salles. Masquée, mais ravie.
Je crois n'avoir jamais lu le Journal d'un Fou, de Gogol, dont est tiré la pièce. Je ne savais donc pas vraiment à quoi m'attendre si ce n'est ce que le titre - déjà très éloquent - pouvait m'en dire.
D'ailleurs, nul doute que la perception qu'en aurait eu un spectateur ignorant que le personnage était fou aurait été toute autre : car au départ, rien ne permet de déceler une quelconque bizarrerie dans le comportement de cet homme. Puis peu à peu, presque imperceptiblement, la situation dérape : quelques mots curieux tout d'abord, des attitudes bizarres, des illusions au-delà du raisonnable... mais c'est seulement lorsqu'il surprend par hasard la conversation entre deux chiens que l'on acquiert la certitude que quelque chose de tourne pas rond.
Un comédien, seul en scène, et une malle pour seul décor. Les dimensions réduites du Théo théâtre se prêtent bien à ce genre de texte intime, créant une proximité immédiate avec le spectateur, quitte à, parfois, mettre ce dernier mal à l'aise lorsque l'on commence à frôler la folie dans ce qu'elle a de plus sincère. Sylvain Zarli réussit tour à tour à nous faire passer de l'empathie à la gène, de l'attendrissement au grotesque avec une intensité à laquelle ne manque parfois qu'un soupçon de fragilité.
La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 4/5