Avis Livre : Hokusai - Les cent vues du Mont Fuji

Livret explicatif de Nelly Delay 

Aux éditions Hazan 

Je ne me lasse pas de découvrir les ouvrages des éditions Hazan. Une maison spécialisée dans l'Art, que je connaissais pas jusqu'à réception d'un communiqué de presse, il y a deux ans. Leurs publications sont très diverses, on y trouve aussi bien des ouvrages à destination des enfants, comme Pompon cherche sa maison pour le Musée d'Orsay, que d'autres, à destination du grand public comme Une histoire de l'art en quatre couleurs, ou encore des beaux livres, comme ici, avec Les cent vues du Mont Fuji.  Ce qui me plait le plus, c'est la façon très pédagogique dont les ouvrages sont conçus : ils sont toujours très accessibles, quel que soit le niveau de connaissance du lecteur potentiel. 

En voici une nouvelle fois la preuve. Hokusai est probablement l'un des artistes japonais les plus connus en occident, notamment avec "La vague de Kanagawa" sorte de Joconde de l'art nippon que l'on retrouve sur de nombreux objets dérivés, preuve de sa popularité. Au moment où je reçois cet ouvrage, mes connaissances sur Hokusai s'arrêtent là. 

Lorsqu'on ouvre ce livre, on est déjà ailleurs : à gauche, les planches de dessin avec une reliure japonaise, que l'on lira, comme au pays du soleil levant, de droite à gauche; à droite, le livret d'explications de Nelly Delay, spécialiste d'art japonais ancien, qui examine chacune des pages de l'ouvrage, qui reproduit jusqu'aux publicités présentes en 1840.

Elle évoque le sujet général de chaque oeuvre, des détails, l'originalité de la composition, ce qui fait l'originalité de la planche. Une aide bienvenue, car sans connaître le Japon ancien, il est souvent difficile d'identifier ce qui se passe et qui sont les personnages. Comment différencier un paysan d'un noble ou d'un bûcheron par exemple, quand on ne connaît pas les codes de l'habillement de l'époque ? Des textes courts, mais allant à l'essentiel, qui nous aident à comprendre ce que nous avons sous les yeux. 

Les trois volumes reliés des Cent vues du Mont Fuji ont été publiées au Japon en 1840, du vivant d'Hokusai. Lui qui se surnommait "le fou de dessin" en a supervisé la gravure avec beaucoup de soin, soulignant l'importance des dégradés de noirs dans son travail, et dans la qualité du rendu. Cette édition complète se différencie des précédentes par l'ajout d'une deuxième couleur, le rose pâle, qui rehausse les compositions. La version 2020 des éditions Hazan affiche sa volonté de rester le plus fidèle possible de l'édition japonaise de 1840, jusque dans la reliure. 

Lire l'ouvrage demande tout de même un peu de contorsion si l'on veut consulter les explications en même temps qu'admirer les oeuvres. Il aurait sans doute été judicieux de pouvoir sortir le livret explicatif pour plus de confort. Mais je pinaille, tant cet ouvrage est exceptionnel à bien des égards. Car au delà du soin apporté à la conception de l'objet "livre", il permet de surtout de découvrir l'incroyable travail d'Hokusai. 

Je vous l'ai dit, je ne connaissais à proprement parler rien de cet artiste. J'ai  donc exploré avec une grande attention chaque planche de ces 100 vues du mont Fuji. Ce qui m'a profondément marqué, c'est la diversité des sujets, alors même que le titre pouvait laisser craindre une certaine monotonie. Des gravures parfois foisonnantes de détails, parfois plus épurées, montrant jour de grand soleil, brume, pluie de feuilles d'automne, orage, rizières, vagues, toute la palette de la nature et de la vie humaine.

Il faut même parfois jouer à "où est le Mont Fuji" tant l'inventivité de l'artiste est grande : simple triangle au loin, reflet de la montagne dans l'eau, caché au milieu des bambous ou derrière un treillage, le Mont Fuji, thème annoncé de cet ouvrage, n'en est parfois pas le sujet principal. A vrai dire, je n'ai manqué de m'étonner devant la capacité d'Hokusai à renouveler sans cesse sa représentation. 

Un sens de la mise en scène et de la composition vraiment exceptionnels, qu'il serait peut-être difficile de déceler en étudiant seulement deux ou trois oeuvres. En parcourant ces 100 gravures d'un seul trait, j'ai eu l'impression de percevoir un peu plus clairement ce que l'oeuvre d'Hokusai pouvait avoir d'unique et de fascinant. 

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 4,5/5

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Comments

[FT]

Chère Akialam, Hokusai - que j’ai découvert lors de la première expo consacrée à l’artiste à Paris au début des années 80- m’a toujours fasciné par la poésie de ses dessins et la finesse de son trait. J’aime la diversité des scènes et des personnages qu’il a croquée, et on l’a souvent surnommé le père du manga du fait de ses planches peignant la vie quotidienne comme une BD. Il a vécu très vieux et à la fin de sa vie, comme Monet et d’autres, sa vue baissait mais il continuait tous les jours à dessiner, quelques traits suffisaient pour représenter un animal ou un paysage.
Merci Akialam- Fabien

[akialam]

Je savais qu'il avait grandement influencé les impressionnistes, mais je ne connaissais vraiment rien de lui, j'ai été vraiment intéressée par la découverte de cet ouvrage ! :)