Une escapade à... Bordeaux

Il n'est parfois pas besoin d'aller très loin pour se sentir en vacances. En fait, il suffit simplement de partir! C'est ainsi que M. Lalune et moi-même avons décidé de prendre la poudre d'escampette, le temps d'un long week-end : direction Bordeaux.
Pourquoi Bordeaux ? Il ne s'agit pas forcément d'une destination à laquelle j'aurais pensé spontanément, mais voilà, M. Lalune a insisté. Il m'a affirmé qu'il avait entendu vanter la douceur de vivre bordelaise, mais, soit dit entre nous, je soupçonne son goût particulier pour les cannelés d'y être également pour beaucoup.

C'est en plein centre-ville, à deux pas du jardin public et de la place des Quinconces que M. Lalune avait réservé une suite à l'Hôtel de Tourny. Que je vous avoue : c'est la première fois que je dormais dans une suite! Comprenez, une chambre plus spacieuse, avec un espace salon.

En temps normal, j'aurais jugé la dépense superflue, mais cela m'a fait une jolie surprise en découvrant les lieux. Et puis, nous avons vraiment tous les deux profité de cet espace supplémentaire : moi pour prendre le temps d'écrire, le matin, pendant que ma moitié dormait encore, et M. Lalune, le soir, pour se plonger dans ses lectures pendant que j'entamais ma nuit de sommeil. La suite s'est donc avérée pour nous un confort appréciable, rythmes biologiques différents oblige.

Mais la cerise sur le gâteau fut sans contexte de se faire porter le petit déjeuner en chambre, une première pour nous ! Un plaisir qui frôle la décadence, mais après tout, ce sont les vacances ! Vous choisissez, la veille, l'horaire auquel vous souhaitez qu'il vous soit apporté, cochez chaque produit ainsi que le nombre de portions, laissez le papier devant la porte de votre chambre et hop ! Tout vous arrive sur un plateau le lendemain matin à l'heure dite. Un luxe auquel on prendrait aisément goût !


De nouveaux bâtiments se profilent à chaque coin de rue : impressionnante cathédrale Saint-André, l'opéra, le Palais Rohan et sa colonnade classique, le monument aux Girondins, l'église Saint Pierre, ouvrant sur une jolie petite place, ou encore d'autres lieux, d'apparence plus modestes, mais au charme certain.

Les bords de Garonne et les Chartrons
Si vous préférez l'appel de l'eau à celui de l'architecture, les bords de Garonne vous fourniront l'occasion d'une jolie promenade. En remontant les quais, vous découvrirez la place de la bourse et la bourse maritime, qui rappellent que Bordeaux fut longtemps le port le plus important de France, et le deuxième du monde occidental, après Londres.


En poursuivant le long des quais, vous arriverez dans le quartier des Chartrons, autrefois lieu des chais et entrepôts. Déserté par les négociants après-guerre, il était devenu un quartier à la réputation mal famée, jusqu'à sa réhabilitation il y a une quinzaine d'années et l'aménagement du musée d'art contemporain de la ville.


L'endroit est à présent un lieu de brocantes et de nouveaux commerces à la mode, d'aucuns qualifiant à présent le quartier de "bobo" ou "hipster". De quoi rappeler que Bordeaux est une des villes françaises où l'immobilier a connu le plus grand boom ces dernières années.
Le jardin public et le Palais Galien
Si vous préférez des choses plus anciennes, poussez jusqu'aux restes de l'amphithéâtre romain, dit "Palais Gallien" dont on a bien du mal à imaginer les dimensions et la grandeur passées, et qui pouvait pourtant accueillir jusqu'à 15 000 personnes.

A quelques minutes de là, vous trouverez le jardin public. Un lieu créé au 18e siècle dans le style français puis remanié un siècle plus tard : on y trouve désormais une rivière, de jolis ponts, des îles, et les chemins sinueux caractéristiques du jardin à l'anglaise pour une ambiance toute romantique. Nous en avons emprunté les allées à la toute fin de l'hiver, et seules les premières fleurs pointaient le bout de leur nez. La floraison de printemps et celles des mois d'été, doit sans aucun doute le lieu encore plus beau.





Le Musée d'Aquitaine retrace l'histoire de Bordeaux, mais également de toute la région Aquitaine, à commencer par la préhistoire : l'occasion de se rappeler - pour les nuls en géographie comme moi - que la Dordogne et ses sites préhistoriques comme Lascaux, par exemple, sont bien en Aquitaine.

Puis le musée nous transporte un peu plus loin, à l'époque romaine où Bordeaux, ou plutôt Burdigala, exporte son vin aux quatre coins de l'empire. Le Moyen-Age est évoqué au travers d'objets rappelant par exemple que la région fut longtemps anglaise, mais également montrant la façon dont la présence du port et le passage de l'une des grandes routes menant à Saint-Jacques de Compostelle influença l'histoire bordelaise.
Mais ce qui va faire de la ville l'une des plus importante cités portuaires au monde, c'est le commerce avec les colonies, y compris le commerce triangulaire et la traite des esclaves. Une période dont le musée se fait le témoin au travers de très impressionnantes maquettes de navires et peintures racontant la vie dans les colonies, mais également d'objets apparemment plus triviaux, comme des registres, des inventaires de navires, ou encore des "souvenirs" exotiques ramenés au pays.

Plus près de nous, le musée présente également la reconstitution d'une épicerie au début du 20e siècle, à l'époque ou l'industrie agroalimentaire bordelaise se développe, profitant à la fois des produits locaux, de ceux issus des colonies, et des cargaisons arrivant par bateau d'autres pays.
Une plongée dans une chronologie de presque 20 000 ans, montrant toute l'importance historique, stratégique et économique de la ville au fil des siècles.

Une décoration simple et sans chichis dans les tons jaunes et bleu, avec des banquettes récup' dont je doute un instant avant d'admettre qu'on y est finalement très bien installé. Monsieur Lalune me rappelle que nous ne sommes pas venus ici pour le cadre, mais pour la carte !
Elle est courte et directe : des entrées qui peuvent être combinées façon tapas, ou servir d'accompagnement aux plats de résistance. Ces derniers font la part belle aux viandes et poisson grillés : la côte de boeuf, ou la criée du jour, à partager, ou encore un magret de canard, un filet de boeuf ou un poisson selon arrivage, si l'on préfère garder son assiette pour soi. Je remarque que le fournisseur est toujours mentionné, pendant que Monsieur Lalune, commande la fameuse côte de boeuf qui nous a mis l'eau à la bouche.

Elle arrive une demie-heure plus tard - temps de cuisson oblige - surmontée de thym, encore rougeoyant et fumant. Elle est accompagnée d'une poêlée de champignons pour monsieur et de galettes de pommes de terre pour moi. La viande est fondante, goûteuse, vraiment excellente. Nous ne regrettons pas notre choix !
Et quand arrive la carte des desserts... nous n'avons plus faim. L'ananas rôti me faisait dangereusement de l'oeil, mais, parfois, il faut savoir être raisonnable !
Le petit bec
14 rue de la Cour des Aides 33000 Bordeaux

Le lieu évite le décor japonisant pour une ambiance orientée vers le contenu de l'assiette : on sent d'emblée que le produit roi, ici, sera la viande. Et pourtant, en cuisine, l'épouse du propriétaire, japonaise, concocte des plats dont les saveurs autant que l'esthétique, rappellent sans nul doute le pays du soleil levant, jusque dans le choix de la vaisselle.
Ici, c'est menu unique : pour commencer, des edamame, un tartare de saumon et des légumes marinés feront office d'entrée, suivis d'un assortiment de plusieurs viandes : du boeuf black angus et wagyu, des rognons de veau, de la poitrine de porc, accompagnés de petits légumes à braiser.

Tout repose ici sur la qualité et la sélection soigneuse des produits, plus que sur les condiments. Un choix simple mais périlleux car il ne supporte pas la médiocrité. Tout est savoureux et les différents morceaux de viande présentés en même temps - persillés ou plus charnus - nous permettent de comparer les variétés de goût.
Quand arrive le dessert - inclus dans le menu unique - nous sommes repus, et persuadés que nous allons simplement poliment y goûter.

Un sorbet coco avec un gâteau au chocolat blanc et matcha - d'une légèreté insoupçonnée, du mochi au tapioca et de la pâte de haricots rouges azuki, avec quelques fraises pour la fraîcheur. Un régal peu sucré - une saveur moins prisée au Japon qu'en France - chose appréciable après un repas copieux, finalement dégusté jusqu'à la dernière bouchée !
Nous avons tous les deux vraiment apprécié ce restaurant, pour la qualité du repas et le côté ludique du yakiniku, mais aussi pour son accueil chaleureux et une authenticité sans faux-semblants.

Ici, le décor est intimiste, les fauteuils sont en velours ou en rotin, la lumière est tamisée. Le lieu est parsemé d'objets semblant venir de terres lointaines et déposés là : livres, vases, fleurs, éventails, comme si vous preniez le thé chez quelque extravagante et charmante anglaise. Dès le premier jour de notre séjour, nous y avons fait une escale gourmande et avons été séduits d'emblée par l'atmosphère des lieux.

La Diplomate propose une belle carte de thés - disponibles dans la boutique - et une courte liste de pâtisseries faites maison. Monsieur Lalune se laisse tenter par un Machu Picchu, thé noir aux fruits exotiques, et un cake au citron. De mon côté, j'opte pour des scones et un thé Assam : il se trouve que je n'ai plus cette variété de thé à la maison depuis plusieurs semaines et qu'elle commence à me manquer.

Lorsque notre commande arrive, rien qu'à la voir sur la table, nos papilles commencent à frétiller d'avance, tant l'ensemble fait envie. Et c'est aussi bon que beau : les scones sont absolument délicieux, presque légèrement briochés - paraîtrait-il que le pâtissier aurait légèrement francisé la recette avec du beurre d'Isigny - et les thés sont infusés juste comme il se doit grâce à la présence du sablier adéquat. Mon chéri savoure son thé et son cake avec une gourmandise non dissimulée.
Monsieur Lalune étant un homme d'habitudes, une fois conquis par le lieu, c'est tout naturellement qu'il a par la suite, exprimé le souhait d'y revenir à l'heure du goûter les jours suivants... dont acte, avec un chocolat chaud délicieux, à la fois intense sans être trop épais.

Je crois pouvoir affirmer sans me tromper que la Diplomate s'est révélée l'adresse coup de coeur de notre séjour ! Nous y avons également acheté des paquets de nos thés chouchous pour les ramener à la maison.... histoire de prolonger le goût des vacances!

Les cannelés ne faisaient pas partie de mes pâtisseries favorites notamment parce que je les trouvais souvent caoutchouteux. Mais tout de même, il fallait que je les goûte ici ! Et laissez-moi vous dire que la différence entre un cannelé fait de la journée, et un - y compris de qualité - qui a même seulement deux jours est vraiment marquante. Point de texture caoutchouteuse ici: l'extérieur est légèrement croustillant et finement caramélisé, alors que l'intérieur est moelleux. Et puis ce léger goût de vanille et de rhum... c'est tout simplement divin.
Mais pas de boutique "La Toque cuivrée" à Paris... je suis désormais à la recherche d'un excellent cannelé - fait du jour - dans la capitale. Avis aux lecteurs !

Et figurez-vous que leur boutique se trouve juste en face de notre hôtel ! J'avais donc résolu de me procurer ledit thé Boston 1773, et d'en savoir un peu plus sur sa composition ainsi que sur l'entreprise. Comptoir français du thé n'est pas Bordelais. Non! Il est Strasbourgeois ! Une ville où sont reçus les thés des quatre coins du monde, et où l'entreprise conçoit, réalise et empaquète leurs quelque 200 références. Mon Boston est l'un de leurs mélanges de thé noir, composé de thés Assam, Kenya et - j'en étais sûre! - Yunnan.
Gaelle 19/11/2020 11:25
akialam 19/11/2020 11:58
FT 06/05/2019 17:35
akialam 14/05/2019 08:10