Film Oh Lucy affiche

Un film d'Atsuko Hirayanagi 

disponible en DVD 

Setsuko mène une vie solitaire à Tokyo entre son travail et son appartement, jusqu'à ce que sa nièce Mika la persuade de prendre à sa place des cours d'anglais très singuliers. Cette expérience agit comme un électrochoc sur Setsuko : affublée d'une perruque blonde, elle s'appelle désormais Lucy et s'éprend de John, son professeur ! Alors quand Mika et John disparaissent, Setsuko envoie tout balader et embarque sa soeur dans une quête qui les mènera de Tokyo au Sud californien, leur offrant au passage l'occasion de régler leurs comptes. 

 

C'est toujours d'un oeil curieux que je regarde tout ce qui vient du Japon. Ce pays aux moeurs sociales si différentes des nôtres exerce sur de nombreux Français et Françaises une fascination qu'il est difficile d'expliquer. J'ai lu un jour que cela tenait peut-être dans une même culture de la gastronomie et de l'artisanat. Pour ma part, je pense que le fait qu'au moins deux générations depuis les années 80 aient été biberonnées aux dessins animés made in Japan, et se soient plongées dans les mangas papier n'est pas complètement étranger à ce lien si particulier. 

Toujours est-il que certains thèmes semblent traverser les oeuvres japonaises - du moins celles qui arrivent en occident - au point de nous apparaître comme les obsessions d'un pays tout entier: la solitude, la rigidité du carcan social, paradoxalement associé à une certaine extravagance, ou encore le suicide. Oh Lucy ! ne fait pas exception à la règle.

Au travers du personnage de Setsuko / Lucy, ce sont bien toutes ces questions qui traversent le film. C'est par exemple pour pallier la rigidité des codes sociaux japonais que John, le professeur d'anglais américain, impose à ses élèves le port d'une perruque et un nouveau nom anglophone. Car c'est au prix de ce "changement d'identité" qu'ils vont oser accepter certaines habitudes américaines : ouvrir grand la bouche pour parler, ou pire, le contact physique du "hug", cette habitude de se prendre dans les bras pour se saluer, se rassurer ou se consoler.  Ce que Setsuko ne peut accepter du fait de son éducation japonaise, son double américain,  Lucy, se l'autorise. 

Peu à peu, on comprend qu'il y a plus derrière le visage presque impassible de Setsuko que la résignation d'une discrète employée de bureau : une recherche de chaleur humaine, d'amour, de reconnaissance, peut-être. Un vide qu'elle comble en entassant les objets les plus divers dans son appartement, et qui peu à peu, va la pousser à oser : oser être elle-même, oser aimer, oser partir à l'aventure, presque sur un coup de tête. 

Il y a quelque chose de très attachant dans ce petit bout de femme qui nous surprend en même temps qu'elle-même, finissant par céder à - toutes - ses impulsions, et on rit souvent jaune. Mais après ce virage à 180°, Setsuko semble vouloir revenir sur ses pas, indécise tant le prix de sa liberté est élevé, sans compter les dommages collatéraux. Après avoir fait preuve de tant de détermination, elle se laisse à nouveau broyer sans plus chercher à se débattre : c'est sur ce point que Oh Lucy! m'a laissé un goût d'inachevé, avec une conclusion en demi-teinte. 

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 3,5/5 

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