Avis ciné : Une vie entre deux océans
De Derek Cianfrance
Quelques années après la Première Guerre mondiale en Australie. Tom Sherbourne, ancien combattant encore traumatisé par le conflit, vit en reclus avec sa femme Isabel, sur la petite île inhabitée de Janus Rock dont il est le gardien du phare. Mais leur bonheur se ternit peu à peu : Isabel ne peut avoir d’enfant… Un jour, un canot s’échoue sur le rivage avec à son bord le cadavre d’un homme et un bébé bien vivant. Est-ce la promesse pour Tom et Isabel de fonder enfin une famille ?
Adapté du best-seller au même nom, de l'écrivain Margot Stedman, Une vie entre deux Océans possède tous les ingrédients de la romance poignante. Un homme, recherchant l'isolement loin de ses souvenirs douloureux de la guerre de 1914-1918, accepte un poste de gardien de phare au large de l'Australie. Au cours de ses rares retours sur la terre ferme, il rencontre la douce Isabel, qu'il épouse. Sur leur île entre océan Pacifique et océan Indien, loin de tout, il vivent heureux, et leur bonheur serait complet s'il n'y manquait un enfant.
Jusqu'au jour où la mer leur apporte, comme un cadeau, une barque qui s'échoue sur le rivage. Deux naufragés à son bord : le cadavre d'un homme serrant un nouveau-né dans ses bras. Un cadeau qu'ils décident d'accepter, cachant les conditions de sa découverte à l'administration des phares et faisant passer le bébé pour le leur. L'enfant grandit heureuse et aimée dans ce foyer perdu au milieu de l'océan. Jusqu'à ce que le remords commence à se faire jour, lorsque Tom découvre par hasard l'histoire de la petite fille et la douleur de sa mère biologique.
Si toute la construction du film met l'accent sur l'aspect dramatique de l'ensemble, l'équilibre est maintenu grâce au jeu des acteurs qui n'en font jamais trop. Dans le rôle de Tom, Michaël Fassbender prouve une fois de plus qu'il est décidément à l'aise dans tous les répertoires. Jamais trop mielleux, il campe un Tom peu bavard, mais au coeur immense, face à la douce et déterminée Isabel d'Alicia Vikander. Quand à Rachel Weisz, dans le rôle de la mère biologique, elle incarne tout à la fois la douleur, l'espoir et une certaine forme - bien compréhensible - d'intransigeance.
Tout le film se construit au sein de l'univers clos que constitue l'île, supposément hostile car isolée, mais qui fait pourtant office de "bulle" où la famille va vivre heureuse. Un équilibre dont les seules perturbations vont paradoxalement émaner de l'extérieur, de cette civilisation dont ils se sont mis à l'écart de leur plein gré.
Soit que je devienne plus émotive avec les années, soit que je l'assume mieux, toujours est-il que je suis ressortie bouleversée de cette histoire. C'est profondément humain, et la beauté farouche des lieux donnerait presque envie, un moment, de se retirer du monde, seul ou à deux, tout simplement. Une vie entre deux océans est un drame efficace, fort, une des ces histoires qui ne jugent pas, mais placent leurs personnages - un grand classique - entre sentiments et devoir. Un film où tous ont raison, à leur manière : l'amour d'un père, d'une mère, d'une fille, quoi de plus fort, et de plus universel ?
La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 4,5/5