Avis spectacle humour : Winston, acteur américain
Aux feux de la rampe
Jusqu'au 14 juin 2016
Du cinéma américain, sur scène, joué par un seul comédien, en voilà un challenge ! C'est cependant celui qu'a choisi de relever Winston Carter. Alternant stand-up et reconstitution de blockbusters américains et français - si, si je vous promets - le comédien nous emmène dans un univers qui semble de prime abord familier et qui pourtant sait receler quelques surprises encore.
Malgré un horaire qui lui complique significativement la tâche - difficile de faire salle comble un mardi soir à 18h45 - le comédien s'investit à fond, cherchant à capter la salle avec une énergie débordante. Technique classique mais diablement efficace du stand up, il prend notamment pour cible une spectatrice - ma camarade Anaïs ce jour-là - lui permettant d'interagir directement avec le public. La mise en scène utilise par ailleurs tous les moyens à sa disposition pour figurer habilement - et à moindre frais - les éléments constitutifs d'un contexte particulier : un peignoir et une perruque se transforment par exemple sous nos yeux en une magnifique jeune première, et une bande son permet au comédien de discuter avec des personnages absents physiquement. Cette technique simple en apparence demande en réalité un travail de synchronisation très précis, car au moindre décalage, ce qui était crédible peut devenir grotesque. Un écueil soigneusement évité.
On aime la reconstitution de l'esprit des films des années 90, avec leurs clichés ethniques, leurs héros musclés sans cervelle et leurs scénarii invraisemblables. On est aussi heureux de constater que cette époque est révolue, et que les blockbusters d'aujourd'hui ont gagné en finesse (comment ça, non ?). On tape un peu sur les français, mais surtout sur les Américains, avec leur amour des armes, des acteurs qui dérapent, et leur - parfois peut-être trop - grand sens du spectacle.
C'est aussi l'occasion de se rappeler à quel point l'exercice du one man show est difficile, surtout dans une salle à moitié vide, dont les quelques rires peinent à donner à Carter l'élan dont il aurait besoin pour en générer davantage. Alors oui, on ne rit pas vraiment aux éclats, et quelques gags que l'on sent encore en rodage tombent un peu à plat. Mais l'investissement du comédien impose le respect, et l'on sent tout les efforts déployés pour capter l’Intérêt de la salle tout au long du spectacle. Bien construit, cohérent, nous avons passé une bonne soirée avec ce Winston, acteur américain qui respire une chouette énergie et qui ne demande qu'à se bonifier avec le temps.
La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 3/5