Avis ciné : Vampires en toute intimité
De Jemaine Clement et Taika Waititi
Version française de Nicolas & Bruno
Aymeric, Miguel, Geoffroy et Bernard sont des mecs tout ce qu’il y a de plus normaux… A une exception près : ce sont des vampires de plus de 200 ans!
Vivant en collocation près de Limoges, leur quotidien est rythmé par les dures règles de la vie en communauté : ménage, vaisselle, … Et depuis le temps, ce n’est pas chose aisée !
Ils souhaitent plus que tout s’insérer dans la société moderne qu’ils ont parfois du mal à comprendre : sortir en boîte, draguer des filles… Des choses pas si simples quand on se nourrit exclusivement de sang et qu’on ne sort que la nuit ! L’arrivée accidentelle d’un nouveau colocataire très peu discret va venir bousculer leur vie paisible...
Le mythe du vampire n'a pas fini de faire tourner les bobines du 7e Art. Après des versions trash, romantiques ou adolescentes, nous voici en mode documentaire immersif.
D'ordinaire, je privilégie systématiquement la version originale lorsqu'il est question de cinéma, à l'exception près des films d'animation, qui se prêtent davantage à l'exercice périlleux du doublage. Ici, c'est pourtant bel et bien la version française que l'on m'a proposé de découvrir. En effet, il ne s'agit pas d'un doublage ordinaire : les textes ont été retravaillés pour transposer l'action des rues de Wellington, en Nouvelle Zélande, à celles de Limoges, et l'on a fait appel à des doubleurs tout sauf anonymes: Alexandre Astier, Fred Testot et Bruno Salomone, mais aussi Zabou Breitman, Julie Ferrier et Jérémie Elkaim, font partie de cette adaptation pas comme les autres. De quoi s'intéresser de plus près au quotidien de ces quatre colocataires aux dents aiguisées et a la langue bien pendue, très loin du glamour de l'imagerie hollywoodienne.
A vrai dire, la plongée dans leur quotidien très prosaïque, entre tours de vaisselle, ménage et taches de sang, est tout d'abord réjouissante. Le spectateur est invité à faire la connaissance des quatre colocs et à découvrir leur personnalité au travers de témoignages face caméra. Les éléments clés du mythe du vampire sont également habilement exploités comme ressorts comiques : par exemple, comment vérifier son look quand on ne peut pas se voir dans un miroir?
Cependant, passé le premier tiers du film, l'ensemble s'enlise faute de rythme : les gags s'espacent et, curieusement, l'élément perturbateur - l'arrivée d'un jeune vampire tout frais censé lui apporter un nouveau souffle ne relance pas vraiment l'action. Le côté potache, plutôt sympathique au départ, devient finalement lourdingue jusqu'à ce qu'on n'en voie plus que les défauts. Si quelques sourires se frayent encore un passage ça et là, jusqu'aux dernières minutes du film, ils ne parviennent pas à faire oublier que l'on est plutôt soulagé d'en voir le bout.
Au final, cette adaptation française est de celles qui peuvent devenir cultes, saisie par une poignée d'irréductibles spectateurs séduits par son côté franchement décalé et potache. Le film comprend notamment toute une série de répliques à très fort potentiel qui ne devraient pas tarder à devenir des signes de reconnaissance entre fans. Pour les autres spectateurs, Vampires en toute intimité restera probablement dans la catégorie des films au concept original, mais au résultat malheureusement moins abouti qu'on aurait pu l'espérer.
La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 2,5/5