Avis expo : Viollet-le-Duc, les visions d'un architecte
A la cité de l’architecture et du patrimoine
du 20 novembre 2014 au 9 mars 2015
Pour une raison inconnue, je n’arrêtais pas ces derniers temps de tomber sur le nom de Viollet-le-Duc, au détour d’un documentaire, d’une promenade ou d’une conversation, et lorsque j’ai vu l’affiche de l’exposition au détour d’un couloir de métro, je me suis dit qu’il était sans doute temps que je m’y intéresse.
Dans cette exposition, très bien conçue, on s’intéresse tout d’abord aux voyages du jeune homme, à sa découverte de la France et de l’Italie, et de ses monuments emblématiques, comme il était d’usage dans la formation d’un jeune homme bien né ou d'un artiste du 19e siècle. Il sera notamment très impressionné par le Mont St Michel et le Colisée, où, son imagination prenant le dessus, il se laisse emporter par une vision du monument dans toute sa splendeur originelle. De ce voyage, il rapporte des centaines de croquis, où l’on sent déjà la fascination pour les motifs décoratifs et un sens du détail très aiguisé.
C'est ici que le visiteur est invité à se familiariser avec la "chambre claire" (ou camera lucida) outil qui permet à l'artiste de réaliser des croquis plus rapidement. Toutefois, comme Viollet-le-Duc le précise, il ne remplace pas les années de pratique du dessin et le trait sûr d’une main experte si bien qu’un néophyte ne pourra réaliser qu’un dessin médiocre, même avec son aide. Un atelier permet même de s’essayer à reproduire une gargouille avec cet outil. Je confirme donc : moi qui ne sais pas dessiner, j’ai réalisé avec la camara clara un meilleurs croquis que je ne l’aurais jamais fait à main levée, mais le résultat n’est tout de même pas très concluant.

Certains des chantiers parmi les plus emblématiques de Viollet-le-Duc sont ensuite mis en avant, à commencer par la restauration de la Sainte Chapelle, puis celle, plus tardive, de Notre Dame de Paris, et du château de Pierrefonds. Si la façon dont on conçoit la restauration à l’heure actuelle est assez différente de celle qui prévalait au 19e siècle, il faut bien avouer que certains éléments reconstruits voire créés par Viollet-le-Duc font dans notre imaginaire, partie intégrante de ces monuments. Que serait Notre Dame de Paris sans ses gargouilles, sa flèche, et la galerie des rois de Frances de sa façade principale ?

Un jeu interactif permet ensuite au visiteur de participer lui aussi à la restauration de la cathédrale, en lui proposant des choix de matériaux, de techniques et de modèles. Si je ne m’en sors pas trop mal, j’ai toutefois omis le paratonnerre – par souci historique - erreur qui a valu à mon monument d’être détruit partiellement avant même la fin des travaux. Outre l’aspect ludique, cet atelier interactif permet donc au visiteur de s’initier aux problématiques de la restauration de monuments.
D’autres éléments tout aussi intéressants sont à souligner dans cette exposition : une reproduction du cabinet de travail de l’architecte, des exemplaires de ses écrits, et une série d’objets de mobilier conçus au plus près du goût de l’époque pour le néo-gothique, notamment pour l’empereur Napoléon III et l’impératrice Eugénie.
Une exposition à la fois intéressante et accessible, qui nous fait découvrir Viollet le Duc bien sûr, mais donne également des clés pour comprendre son travail et ses choix, sans oublier de rendre compte de la fascination exercée par le Moyen-Age sur le deuxième tiers du 19e siècle. De quoi avoir envie de creuser davantage le sujet !
La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 5/5