Au Petit Palais

Du 24 février au 14 mai 2015

C’est par une après-midi pluvieuse du mois d’avril que j’ai décidé de faire un saut dans le temps et dans l’espace, pour aller m’encanailler dans la Rome du 17e siècle en compagnie de Claude Le Lorrain, Pieter Van Laer ou Jusepe de Ribera. C’est en effet au Petit palais que se tient jusqu’au 14 mai l’exposition les Bas-fonds du baroque, qui dépeint les cabarets, les rues peu sûres et les campagnes infestées de bandits. Entre ivrognes, rites dionysiaques, vols, rixes voire assassinats, on est bien loin de l’image  enchanteresse de la Ville Eternelle : ici, on est dans le quotidien des artistes, qui prennent pour modèles leurs compagnons de beuverie et se représentent volontiers en apprentis sorciers.

Plusieurs thématiques rythment cette exposition : Tout d'abord, le visiteur pénètre dans une entrée lumineuse qui met en scène des dessins classiques des monuments de Rome et un plan de la ville indiquant les adresses des peintres dont nous allons découvrir les oeuvres - rien de nouveau sous le soleil : les artistes, aux revenus modestes ou sans le sou,  vivent dans les quartiers populaires - bien loin des villas de leurs riches mécènes.

Nous faisons ensuite la connaissance des «Bentvueghels» ces peintres flamands venus achever leur formation culturelle à Rome, au contact des œuvres de l’Antiquité. Depuis la Renaissance, le voyage en Italie reste incontournable pour de nombreux artistes européens, et cette affluence permet la création de cercles qui vont s’influencer artistiquement les uns les autres et passer leurs soirées ensemble. Ces Bentvueghels créent des confréries dionysiaques, et organisent des orgies à l’occasion de rites d’initiation - que de nos jours nous qualifierions sans aucun doute de bizutage. Dans les tavernes qu'ils fréquentent, règne le vin, et l’ivresse joyeuse.  On y découvre également des sabbats de sorcière et sorciers auxquels le diable fait quelques apparitions... Ces tableaux, intrigants, dépeignent des humains monstrueux et posent plus de questions qu'ils n'en résolvent. On y devine aussi des créatures fantastiques, des arbres aux formes indéfinies, et une myriade de détails - plus ou moins sordides - que l'oeil moderne peine à décrypter. Dans la ville même, certaines rues se muent dès la tombée de la nuit en coupe-gorges où les épées se font entendre, et les rixes des tavernes font aussi leur lot de blessés. La campagne n'est guère mieux, car elle est sillonnée par des bandes de voleurs qui n'hésitent pas à dépouiller les voyageurs. Et gare à ceux qui tentent de leur opposer résistance !

Enfin, cerise sur le gâteau, un atelier photographique gratuit permet au visiteur de se déguiser en peinture flamande. Vous avez bien lu : endossez l’un des habits à votre disposition, et faites-vous prendre en photo dans un cadre, à la manière des peintres flamands !  Ludique et permettant de ramener un souvenir plus sympathique – et carrément plus vintage -  qu’un simple selfie, cette animation clôt en beauté cette exposition. Intéressante, bien commentée, et plein d’œuvres méconnues, elle nous emmène dans un monde étrange, fascinant par la simplicité de ses joies, mais où, je l’avoue, je n’aurais pas vraiment envie de traîner !

 

                                       

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