Avis ciné : The Voices
De Marjane Satrapi
Interdit aux moins de 12 ans
Jerry vit à Milton, petite ville américaine bien tranquille où il travaille dans une usine de baignoires. Célibataire, il n’est pas solitaire pour autant dans la mesure où il s’entend très bien avec son chat, M. Moustache, et son chien, Bosco. Jerry voit régulièrement sa psy, aussi charmante que compréhensive, à qui il révèle un jour qu’il apprécie de plus en plus Fiona - la délicieuse Anglaise qui travaille à la comptabilité de l’usine. Bref, tout se passe bien dans sa vie plutôt ordinaire - du moins tant qu’il n’oublie pas de prendre ses médicaments...
Il est des surprises auxquelles on ne s'attend pas. C'est le propre des surprises, me direz- vous. Ici, elle a surgi d'un film tourné en 33 jours, découvert à l'occasion d'une avant-première aux Halles : le genre de proposition à laquelle je ne sais pas résister.
La réalisatrice, Marjane Satrapi, ne m'est pas inconnue : j'ai lu plusieurs de ses bandes-dessinées (Persépolis, Poulet aux prunes) et vu presque tous ses films, mon préféré étant incontestablement l'adaptation de Persépolis qui devra désormais rivaliser avec The Voices. Car si ce dernier sort des sentiers qu'elle avait explorés auparavant, il partage avec le reste de ses oeuvres une profonde empathie pour les personnages mis en scène et une folie douce éminemment sympathique.
Voici donc Marjane Satrapi aux commandes de cette comédie horrifique ou le héros fabrique des baignoires le jour et entretient de longues conversations avec son chat et son chien la nuit. Jerry est schizophrène, et un malheureux accident va l'amener à commettre l'irréparable.
Mais est-ce vraiment un accident ? Ou est-ce seulement son point de vue ? Car peu à peu, le spectateur perçoit le décalage entre les choses telles que Jerry les perçoit et la vie réelle. C'est d'ailleurs là que se crée l'empathie pour le personnage : qui ne préférerait sa vision du monde à la réalité, nettement plus glauque ? On rit - souvent jaune - des situations et des interactions entre le personnage principal et ses animaux de compagnie. Entre un chat cynique et tyrannique toujours de mauvais conseil et un chien incarnant la voix de la raison, notre anti-héros est ballotté par les dilemmes de sa conscience.
Ryan Reynolds avec son physique de gentil garçon un peu lisse incarne à la perfection ce serial killer malgré lui. Gemma Aterton en tentatrice malgré elle, Anna Kendrick en girl next door et Jacki Weaver en psychiatre quelque peu dépassée par les événements complètent joliment le tableau.
Une comédie horrifique curieusement attachante pour un film décidément tout sauf banal. Et si vous l'ignoriez encore, vous êtes désormais prévenus : les chats sont bien des psychopathes !
La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 4/5