De Timur Vermes

aux éditions Belfond


Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n'est pas content : quoi, plus personne ne fait le salut nazi ? L'Allemagne ne rayonne plus sur l'Europe ? Tous ces Turcs qui ont pignon sur rue sont venus de leur plein gré ? Et, surtout, c'est une FEMME qui dirige le pays ?

Il est temps d'agir. Le Führer est de retour et va remettre le pays dans le droit chemin. Et pour ça, il lui faut une tribune. Ca tombe bien, une équipe de télé, par l'odeur du bon filon alléchée, est toute prête à la lui fournir.

La machine médiatique s'emballe et bientôt, le pays ne parle plus que de ça. Pensez-vous, cet homme ne dit pas que des âneries ! En voilà un au moins qui ne mâche pas ses mots. Et ça fait du bien, en ces temps de crise...

Hitler est ravi qui n'en demandait pas tant. Il le sent, le pays est prêt. Reste pour lui à porter l'estocade qui lui permettra d'accomplir enfin ce qu'il n'avait pu achever...

 

Mais comment cette idée saugrenue a t-elle bien pu passer dans la tête de Timur Vermes ? Ressusciter Hitler dans le Berlin moderne, et construire tout le récit autour de ce décalage !  Assurément, c'était une idée casse-gueule, si l'auteur s'était contenté de juxtaposer ces deux éléments. Sauf qu'ici, l'effet repose sur un gigantesque quiproquo, car les interlocuteurs ne comprennent que ce qu'il veulent bien comprendre : Qu'Hitler évoque sa vie privée ? Ils pensent à une technique immersive de jeu d'acteur. Qu'il évoque sa haine des étrangers ? Il s'agit pour eux d'une forme d'humour provocatrice. Et le personnage de devenir la coqueluche des médias...

Le récit étant rédigé à la première personne - du point de vue d'Hitler, donc - le lecteur comprend toute la stratégie mise en oeuvre, et rit autant des tentatives plus ou moins fructueuses du dictateur de  comprendre ce monde nouveau qui l'entoure, rapporté à ses repères anciens, que de la bêtise de ses interlocuteurs. 

Si cet ouvrage n'est pas la satire au vitriol qui nous semble promise, il permet tout de même au passage d'égratigner aussi bien les médias que les partis politiques, de tout bord, sans oublier un certain aveuglement. A la fois sérieux dans son propos et léger dans la forme, Il est de retour s'avère surtout être un roman atypique dont le côté perpétuellement décalé peut séduire aussi bien qu'il peut rebuter. A vous de vous faire une idée, maintenant !

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 3,5/5

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Autour de moi, ce fut un grand silence.
- Ce n'est pas...drôle, dit le voisin de Sensenbrink
- C'est terrifiant, ajouta l'homme dont ça n'avait pas été l'idée.
- Je vous avais bien dit qu'il était bon, dit Sensenbrick, tout fier.
- C'est fou...s'exclama le commissionnaire d'hôtel Sawatski, sans que je puisse vraiment savoir ce qu'il entendait par là.
- Impossible ! dit le voisin de Sensenbrick sur un ton décidé.
Mme Bellini se leva et tout le monde la regarda.
- Le problème, estima-t-elle, c'est vous, tout autant que vous êtes : complètement ringards, tous calés sur Mario Barth.
Elle laissa, non sans habileté, sa remarque faire son effet, puis elle reprit la parole, que de toutes façons personne ne lui aurait disputée à ce moment-là.
- Vous vous dites que les choses sont bonnes lorsque le type sur scène rigole davantage que que les gens dans le public. Regardez un peu autour de vous ce qui est proposé dans le domaine du divertissement : personne n'est plus capable de faire de l'humour sans aussitôt se plier en deux pour bien montrer qu'il vient de faire une bonne blague. Et quand quelqu'un perd un tant soit peu sa contenance, on insère des rires enregistrés.

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