D'Amin Maalouf

aux éditions du livre de poche

Cette autobiographie imaginaire part d'une histoire vraie. En 1518, un ambassadeur maghrébin, revenant d'un pèlerinage à La Mecque, est capturé par des pirates siciliens, qui l'offrent en cadeau à Léon X, le grand pape de la Renaissance. Ce voyageur s'appelait Hassan al-Wazzan. Il devint le géographe Jean-Léon de Médicis, dit Léon l'Africain. Sa vie, faite de passions, de dangers et d'honneurs, et que ponctuent les grands événements de son temps, est fascinante : il se trouvait à Grenade pendant la Reconquista, d'où, avec sa famille, il a dû fuir l'Inquisition, en Égypte lors de sa conquête par les Ottomans, en Afrique noire à l'apogée de l'empire de l'Askia Mohamed Touré, enfin à Rome aux plus belles heures de la Renaissance, ainsi qu'au moment du sac de la ville par les soldats de Charles Quint. Homme d'Orient et d'Occident, homme d'Afrique et d'Europe, on pouvait difficilement trouver dans l'histoire personnage dont la vie corresponde davantage à l'époque étonnante que fut le XVIe siècle.

 

Après Samarcande il y a longtemps, voici le deuxième roman d'Amin Maalouf que je découvre. Roman d'aventure ou autobiographie imaginaire, comme le présente l'éditeur, cet ouvrage nous entraîne cette fois-ci encore à la découverte d'un personnage historique étonnant, à la vie mouvementée, qui a connu les nombreux bouleversements de son siècle : Hassan al-Wazzan, dit Léon l'Africain.

Un ouvrage intéressant tant pour son côté historique que comme récit de voyage. Il dresse le portrait d'un personnage, mais également de toute son époque, permettant au lecteur de découvrir des villes et des peuples différents, depuis les paysages de l'Andalousie jusqu'à ceux d'Afrique noire. Il y partage avec le voyageur sa crainte de la nature, généreuse ou hostile mais également des brigands ou des grands seigneurs dont la générosité n'a d'égale que la cruauté. Autant de paradoxes qui nourrissent un récit à l'écriture simple s'effaçant devant son propos.

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 3,5/5

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J’avais ton âge, mon fils, et plus jamais je n’ai revu Grenade. Dieu n’a pas voulu que mon destin s’écrive tout entier en un seul livre, mais qu’il se déroule, vague après vague, au rythme des mers. À chaque traversée, il m’a délesté d’un avenir pour m ‘en prodiguer un autre ; sur chaque nouveau rivage, il a rattaché à mon nom celui d’une patrie délaissée.
D’Almeria à Melilla, en une journée et une nuit, mon existence a chaviré. La mer était clémente pourtant, et le vent docile, mais c’est dans le cœur des miens que grossissait la tempête.
Hamed le délivreur avait bien fait les choses, Dieu lui pardonne. Quand la côte d’Andalousie ne fut plus derrière nous qu’un mince filet de remords, une femme accourut vers notre coin de fuste, enjambant allègrement bagages et voyageurs. Sa démarche enjouée seyait mal à son accoutrement, des voiles si sombres, si épais, que nous aurions tous eu du mal à la reconnaître si Mariam n’avait été dans ses bras.
Les seuls cris de joie furent les miens et ceux de ma sœur. Mohamed et Warda étaient pétrifiés par l’émotion, ainsi que par les cent regards qui les assiégeaient. Quant à Salma, elle me serra un peu plus fort contre sa poitrine. À sa respiration retenue, à quelques soupirs échappés, je compris qu’elle souffrait. Ses larmes coulaient sans doute à l’abri de son voile, et ce n’était pas sans raison, puisque la passion débridée de mon père allait bientôt nous mener tous au bord de la déchéance .

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