De Leena Yadav

disponible en DVD 

Inde, Etat du Gujarat, de nos jours. Dans un petit village, quatre femmes osent s'opposer aux hommes et aux traditions ancestrales qui les asservissent. Portées par leur amitié et leur désir de liberté, elles affrontent leurs démons, et rêvent d'amour et d'ailleurs.

 

Les films indiens qui arrivent jusque sur nos écrans sans être des purs produits made in Bollywood ne sont pas légion. Aussi, j'avais hâte de découvrir La Saison des femmes, dont la très belle affiche, respirant la joie de vivre, avait attiré mon attention.

N'ayant pu répondre aux invitations à visionner ce film avant sa sortie pour cause de manque de disponibilité - que voulez-vous, on ne peut pas se consacrer entièrement à ses petits articles chéris - il m'a fallu attendre l'avant-première organisée aux Halles, en présence de la réalisatrice, pour enfin découvrir ce qui s'annonçait comme un petit bijou.

On a parfois tendance à oublier, dans la relative égalité occidentale, à quel point la situation dans d'autres pays et dans d'autres cultures peut être difficile pour les femmes, parfois même tragique. Ici, elles sont quatre à tenter d'avancer malgré l'adversité : il y a Rani, 32 ans et déjà veuve, qui cherche à marier son fils, et Janaki, sa future belle fille, à peine sortie de l'enfance. Il y a aussi la lumineuse Lajjo, frappée de stérilité, et Bijli, qui s'offre au regard des hommes sur scène et à leur porte-monnaie en coulisses. Chacune de ces héroïnes incarne à sa manière une facette de la femme indienne, de la plus soumise à la plus indépendante. Mais toutes ont en commun de souffrir par la faute des hommes. 

A bien des égards, La saison des femmes m'a rappelé l'excellent Femmes du Caire. En effet, dans l'un comme l'autre demeure le même sentiment de fatalité  : quel que soit le chemin qu'elles choisissent d'emprunter - se conformer aux règles de la société ou les défier - les femmes finissent toujours broyées. 

Les quelques lueurs d'espoir qui pointent parfois ont tôt fait d'être elles aussi étouffées sous le poids du traditionalisme et de l'ignorance, quand ce n'est pas carrément sous un déluge de coups.  

Avec pour seule défense leur solidarité et une force intérieure incroyable, ces femmes indiennes continuent à aller de l'avant, poussées par une soif de bonheur inextinguible. Ici, on panse ses blessures, on se console, on rit à gorge déployée, on évoque sans tabou les choses de la vie. Parfois, on s'évade quelques heures, le temps de transgresser - si peu - les règles établies, et de goûter une liberté aussi enivrante que fugace. 

Notez que dans toute cette histoire, il y aurait de quoi devenir misandre, tant les hommes sont ici odieux. Le contraste est d'autant plus saisissant que le film ne perd pas une occasion de mettre en avant le paradoxe d'une culture qui vénère l'essence féminine au travers de nombreuses divinités et qui chante la femme comme le plus précieux des trésors. Un trésor que l'on méprise, que l'on humilie, que l'on bat, que l'on force. 

Et pourtant, souvent avec le sourire, toujours battantes, elles trouvent ici la force de se relever, ne comptant que sur leurs propres ressources pour aller de l'avant, sans jamais perdre tout à fait l'espoir qu'une vie meilleure soit possible. Des sourires lumineux, des regards qui en disent plus long que bien des mots : Une magnifique leçon de courage. 

La note tout à fait subjective qui n'engage que moi : 4,5/5 

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