A la Pinacothèque

du 12 février au 21 juin 2015

 

La Pinacothèque a l'art de créer la surprise en s'appuyant sur un nom connu pour nous faire découvrir autre chose que ce qu'on s'attend à y voir. Déjà avec Munch, on y avait découvert tout, sauf le fameux Cri ! Ici donc, nulle grande retrospective de Klimt, mais un aperçu du bouillonnement artistique - et contestataire - de la Sécession viennoise, à la toute fin du 19e siècle et au début du 20e, au coeur de la Belle Epoque.

Le peintre Gustav Klimt est bien entendu largement représenté dans cette exposition, mais il n'est pas seul : deux de ses frères, Ernst et Georg, comptent également parmi les artistes exposés, sans oublier d'autres noms comme Egon Schiele, Otto Wagner, Oskar Kokoschka ou Adolf Loos, entre autres. On y découvre - ou redécouvre - l'esprit de la Sécession et son opposition à la mainmise des galeristes viennois sur un marché de l'art trop conventionnel au goût de ces jeunes avant-gardistes.

Dans leur volonté de créer un art total, ils explorent des domaines aussi variés que l'architecture, la peinture, la sculpture, mais également le mobilier, la céramique, ou encore le textile et la bijouterie. Réunis autour d'une revue, intitulée Ver Sacrum (printemps sacré) faisant office de manifeste, ils organisent leurs propres expositions, notamment au Palais de la Sécession, auquel tout un pan de l'exposition est consacré. C'est là qu'est exposée une reconstitution de la fameuse fresque de Klimt rendant hommage à Beethoven, dont on ne peut s'empêcher de déplorer qu'elle n'ait pu faire le voyage depuis Vienne. De nombreux autres objets illustrent donc cette notion d'art total, et, outre les tableaux on peut admirer des meubles, et quelques bijoux, qui n'ont pas manqué de retenir mon attention.

Un certain nombre de thématiques récurrentes sont également mises en avant, comme l'adolescence, symbole d'éveil, mais également la femme, fragile ou fatale, avec des figures comme Salomé ou Judith, dont le charme vénéneux me fascine toujours. L'exposition se clôture en interrogeant les relations entre la Sécession et l'Expresionnisme, courant qui l'a suivie de peu et dont les liens apparaissent évidents quand on observe les oeuvres d'artistes comme d'Egon Schiele. Cette exposition laisse surtout apparaître l'essence d'un mouvement qui a connu rapidement plusieurs scissions, mais qui a choqué son époque avec des partis pris esthétiques osés, à contre-courant de l'académisme alors de mise. Car, au-delà d'une vision commune, c'est surtout cette opposition à l'art " en place" qui a soudé ses artistes.

Une exposition avec de très belles oeuvres, une scénographie thématique que l'on suit sans difficulté particulière, et par conséquent très abordable quelle que soit sa connaissance de l'époque ou des artistes. Vous connaissez mon credo : beau + abordable à tous niveau de connaissance + intéressant = une expo qu'il faut courir voir !

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 5/5

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