Par un hasard du calendrier, j'ai eu la chance d'aller voir deux formidables ténors à 3 jours d'intervalle au théâtre des Champs Elysées. Deux artistes que j'avais d'autant plus hâte d'entendre en live, qu'ils ont été parmi les premiers qui ont su m'émouvoir et m'ont entraîné à leur suite à la découverte de l'opéra. Avec eux, j'ai tout d'abord écouté les grands airs, puis, peu à peu des opéras entiers. C'est dire mon impatience !

 

                            

6 avril, Rolando Villazón

Au théâtre des Champs Elysées.

Airs de concerts de Mozart

 

A vrai dire, je ne sais plus vraiment comment j'ai découvert Villazón, au départ... J'ai le souvenir d'avoir emprunté son CD d'airs de Verdi à la médiathèque, sans me souvenir ce qui, à l'époque, avait motivé mon choix... Ensuite, je l'ai vu dans plusieurs retransmissions d'opéras, et j'ai tout de suite été frappée par son investissement entier dans un personnage, et l'intensité qu'il leur conférait. Alors, je sais, le plus important, à l'opéra, c'est la voix, mais pour une ancienne théâtreuse, ce genre de considérations ne peut laisser indifférente !

Au programme de cette soirée, un ensemble d'airs de concerts de Mozart, sortis de l'oubli à l'occasion de son dernier album. Accompagné par le kamerorchesterbasel, le ténor franco-mexicain faire preuve de sa fougue habituelle, avec un chant passionné. Côté répertoire, des airs complexes, avec un soupçon de pyrotechnie comme Mozart savait les écrire. Le genre d'airs qui ne supportent pas l'à peu près.

Un artiste qui donne tout ce qu'il a, qui n'hésite pas à faire le clown sur scène, sans pour autant brader la musique, et une proximité avec le public très touchante. Un vrai bon moment et une salle en délire !

 

 

                                

8 avril, Jonas Kaufmann

Au théâtre des Champs Elysées

Winterreise de Schubert

Jonas Kaufmann, quant à lui fut mon grand coup de foudre musical. Le premier air que je l'ai entendu chanter, c'était Vesti la giubba, et je me souviens d'avoir été frappée par sa voix sombre, ses aigus lumineux, et la variété de nuances qu'il utilise. Et ce n'est qu'après, que j'ai découvert son physique avantageux, et son excellent jeu d'acteur qui, avouons-le, ne gâchent rien.

C'est véritablement pour l'entendre "en vrai" que j'ai fait le déplacement ce soir-là car il faut bien vous l'avouer, le programme avait, à mes yeux, peu d'attraits et ce, pour deux raisons : d'une part, je n'arrive pas, pour l'instant, à apprécier le lied ou la mélodie. J'ai bien conscience qu'il s'agit d'un art complexe, d'une grande subtilité, mais j'ai une attirance spontanée pour l'aspect scénique de l'opéra, et n'arrive pas, pour l'instant, à m'en détacher complètement. D'autre part, j'ai du mal avec la langue allemande. N'y voyez pas une quelconque germanophobie primaire, mais même dans les plus beaux airs, je n'arrive pas à m'y habituer, malgré une exposition régulière et même chanté par les plus grands.

C'est dire si je venais vraiment pour l'entendre, lui.

L'ambiance qui animait le théâtre des Champs Elysées était radicalement différente de celle qui y régnait trois jours auparavant. Sans doute le programme plus "intellectuel", a-t-il attiré un public différent et le compositeur, moins populaire que Mozart, y est-il pour quelque chose. Pour l'occasion, ne connaissant pas l'oeuvre et encore moins l'allemand, j'ai soigneusement préparé mes anti-sèches : l'intégralité des poèmes du Voyage d'hiver accompagné de leur traduction en français. De quoi suivre les humeurs ainsi que le parcours de la musique et du protagoniste.

Le silence dans la salle est quasi religieux, tant l'ensemble est d'une perfection à couper le souffle, du moins, à ce que je peux en juger, d'autant que le format, une voix / un piano, possède cette sobriété qui ne laisse aucun droit à l'erreur. Je retrouve avec bonheur ce timbre qui m'avait tant plu spontanément, la résonance du "live" en plus.

J'ai passé une excellente soirée, un peu irréelle, avec le sentiment assez curieux d'avoir entendu quelque chose au-delà de ma compréhension réelle.

La note tout à fait subjective et qui n'engage que moi : 5/5

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